Est-ce une reconnaissance internationale ou un hasard que la République démocratique du Congo soit l’un des 16 pays africains parmi les 30 pays retenus au niveau mondial pour produire un rapport bilan sur la marche vers les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) de 2000 à 2015, et qu’elle soit sélectionnée parmi les 50 pays ayant participé aux consultations de l’agenda de développement post-2015 ? Ce n’est pas tout. La RDC a également été comptée parmi les 10 pays pilotes bénéficiaires du cadre d’accélération des OMD et signataires du partenariat de Busan pour une coopération efficace au service du développement ainsi que parmi les 5 pays pilotes du New Deal pour l’engagement international en faveur des États fragiles.
Ce n’est ni une reconnaissance ni un hasard.
Le choix porté sur la RDC au niveau mondial, expliquent des sources onusiennes, tient à la nature et à l’importance des défis qu’elle doit relever pour faire avancer son développement et réduire, par conséquent, l’incidence et la profondeur de la pauvreté. La RDC, on le sait, n’a pas atteint l’objectif ultime de réduction de la pauvreté de moitié, mais les progrès réalisés, selon les mêmes sources, demandent à être salués eu égard à son contexte politico-sécuritaire préoccupant des années 1990-2000. En effet, les dirigeants congolais se sont souvent justifiés en déclarant que les ressources devant financer le développement et la lutte contre la pauvreté ont souvent été évincées par les dépenses sécuritaires.
Actif et passif
Le gouvernement s’est ainsi constamment retrouvé dans une situation où les besoins à assouvir étaient de loin supérieurs aux moyens rendus disponibles par l’espace budgétaire national. Et cela malgré l’accroissement de l’aide extérieure durant ces dernières années. Alors, quels ont été les progrès réalisés par la RDC dans sa marche vers la réalisation des OMD de 2000 à 2015. Un rapport dresse un bilan sur les engagements du gouvernement, les stratégies préconisées, les programmes exécutés, les actions menées et les résultats obtenus dans le cadre de la mise en œuvre des OMD. Il a été rédigé par les experts de la présidence de la République, de la primature, du ministère du Plan et de l’Observatoire congolais de la pauvreté et des inégalités (OCPI), avec l’appui technique des partenaires au développement. Les données sur la base desquelles les analyses ont été faites, proviennent de plusieurs sources (ministères sectoriels, Institut national de la statistique, agences du système des Nations unies, Banque mondiale, Banque africaine de développement…). Elles ont été collectées et retraitées par les experts de l’OCPI. Ce rapport a bénéficié des contributions des différents acteurs intervenant dans la mise en œuvre et le suivi des OMD en RDC, mais aussi de l’assistance technique du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), y compris les agences du système des
Nations unies.
Un rapport bilan est une photographie qui donne une idée sur le passé dans le but de mieux se projeter dans le futur. À partir des leçons tirées, le rapport présente les perspectives en ce qui concerne la réalisation de l’agenda de développement post-2015 à travers l’atteinte des objectifs de développement durables (ODD). Les analyses montrent comment la situation post-conflit du pays a agi sur les résultats escomptés ainsi que d’autres chocs majeurs tels que ceux découlant des crises alimentaire et énergétique, de la crise économico-financière, des changements climatiques et de la pandémie de la maladie à virus d’Ebola.
En dépit des problèmes de parcours, c’est sur une note d’espoir que s’est achevée la période de mise en œuvre des OMD en RDC. Les résultats affichés par le pays montrent qu’il y a plus à croire à un lendemain meilleur qu’à craindre l’ombre d’un brouillard. Avec la tendance à l’amélioration du contexte politico-sécuritaire du pays, à l’approfondissement des réformes, à l’amélioration de la gouvernance, à la consolidation et à l’inclusivité de la croissance et à la diversification des bases productives de l’économie, la RDC réalisera des avancées importantes en matière de développement humain. Grâce à une mise en œuvre réussie de son Plan national stratégique de développement (PNSD), en cours d’élaboration, la RDC devrait, à l’horizon 2020, devenir « un pays à revenu intermédiaire sur fond d’une transformation de son agriculture, un pays émergent en 2030 grâce une industrialisation intensive de son économie », et enfin, « un pays développé vers 2050 du fait de la création d’une société basée sur la diffusion du savoir et des connaissances ».
Évaluation finale
Il y a quinze années déjà que la communauté internationale, réunie sous les auspices des Nations unies, a adopté, au terme d’un consensus historique entre 189 États membres, la Déclaration du Millénaire dans l’objectif unique de « travailler à éradiquer l’extrême pauvreté dans le monde ». Les huit Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), qui en ont constitué la trame, représentaient ainsi un engagement global en vertu duquel les pays s’étaient engagés à « mobiliser et à mutualiser » leurs efforts en faveur de l’éradication de la pauvreté. Ce, à travers un partenariat international fort et dynamique porté par une vision largement partagée de la problématique du développement humain durable pour tous les citoyens du monde.
En effet, les différentes conférences et consultations internationales tenues dans les années 1990 avaient presque toutes conclu à la tendance à la détérioration continue des principaux indicateurs sociaux, notamment dans les pays les plus pauvres. Il était donc établi que l’inversion des tendances observées était bien à portée de main mais à condition que les pays parviennent à s’entendre sur des objectifs réalistes ainsi qu’à mettre en œuvre des politiques et programmes pouvant conduire à améliorer les conditions de vie des populations. Ainsi, le suivi des OMD se ferait aussi bien à l’échelle mondiale que nationale.
Sur le plan mondial, le secrétaire général des Nations unies a rendu compte tous les ans à l’Assemblée générale des Nations unies des progrès accomplis dans la réalisation des OMD. En outre, il a présenté un rapport plus détaillé tous les cinq ans à cet effet. Sur le plan national, les rapports de suivi des progrès vers la réalisation des OMD ont été produits, à intervalles réguliers, avec le soutien des équipes de pays des Nations unies et dans l’objectif de servir à mobiliser les partenaires au développement.
Il ressort de l’évaluation finale que la RDC, à l’instar de nombreux autres pays d’Afrique, n’a pas réalisé des progrès significatifs dans plusieurs domaines malgré une réelle volonté politique. Au nombre des raisons à l’origine de ces résultats mitigés, il y a, par exemple, l’instabilité que connaît le pays, particulièrement dans l’Est. Toutefois, les progrès ont été accomplis en matière du taux net de scolarisation au primaire (OMD 2), de l’indice de parité des genres dans la scolarisation primaire (OMD 3), de la proportion d’enfants d’un an vaccinés contre la rougeole (OMD 4), de la proportion d’accouchements assistés par un personnel de qualité (OMD 5), du taux de prévalence du VIH/sida et de la proportion d’enfants de moins de 5 ans dormant sous la moustiquaire imprégnée (OMD 6).
Dans la perspective des ODD qui ont remplacé les OMD en 2016, le gouvernement fonde son action sur les leçons pertinentes de la mise en œuvre des OMD, afin de réussir la réalisation effective de ce nouvel agenda international de développement pour le bénéfice exclusif du peuple congolais. À cet effet, le système des Nations unies a réitéré son engagement à soutenir les efforts du gouvernement dans ce sens. Cette volonté est d’autant plus manifeste dans le cadre de l’appui qu’il a apporté à l’élaboration du nouveau cadre stratégique de développement économique et social du pays pour les prochaines années.
Le gouvernement a la conviction que ce cadre sera étroitement aligné sur les ODD comme l’étaient les précédents plans, à savoir le Document de stratégie pour la croissance et la réduction de la pauvreté (DSCRP) et le Programme d’actions prioritaires (PAP) vis-à-vis des OMD. En plus des actions menées par le gouvernement, le soutien aussi bien technique que financier des partenaires au développement a été déterminant.