Un cas pour bien comprendre : l’Afrique sub-saharienne ne représente encore que 1,7 % du commerce mondial et reçoit moins de 1 % des flux mondiaux des investissements privés. C’est dire que de faibles investissements cantonnent l’Afrique à un manque de compétitivité endémique dans un contexte de mondialisation du commerce international. L’Union africaine (UA) fait de l’amélioration de la compétitivité des produits africains sur le plan international l’un de ses objectifs en matière d’intégration régionale et continentale. Mais qu’est-ce que la compétitivité ? Les spécialistes expliquent que c’est l’aptitude pour une entreprise, un secteur d’activité, un produit ou l’ensemble des entreprises d’une économie à faire face à la concurrence effective ou potentielle. La compétitivité correspond donc à une position dominante sur un marché interne et/ou étranger. On peut ainsi atteindre la compétitivité par les prix, la qualité, le service après-vente, la flexibilité et l’élasticité de l’offre.
Le prix et la qualité demeurent, somme toute, les critères les plus importants. La compétitivité se mesure par la performance, et la performance se mesure par l’optimisation des délais, des coûts et la qualité. L’amélioration des délais est une des principales sources de satisfaction du client. Une réduction des coûts en ajustant au plus près la qualité fournie des normes établies est nécessaire si l’on veut parvenir à la compétitivité, font remarquer ces spécialistes. Qui ajoutent que la réduction de l’écart existant entre la qualité voulue et la qualité fournie par rapport à la qualité perçue par le client est un atout.
Alors, les problèmes inhérents à la compétitivité des produits africains sont identifiés. Cinq foyers de problèmes conditionnent la compétitivité des produits africains dans la mise à marché. Il s’agit de l’environnement des affaires, de la production, du transport intérieur et du transit international, des plates-formes logistiques des transports, et de la distribution physique internationale.
Climat des affaires
Les enjeux de l’environnement des affaires sont connus. Il s’agit de la globalisation et la libéralisation du commerce (OMC, APE) ; la gestion logistique intégrée des transports, TIC et l’e-commerce ; et la spéculation sur les marchés des produits. Les problèmes sont la déréglementation, le monopole, la concurrence déloyale, l’insuffisance de maîtrise par les exportateurs, le retard dans l’appropriation et l’application, l’insuffisance d’initiation. L’adaptation et la restructuration, le renforcement des capacités, la mise à niveau urgente des exportateurs sont indispensables …
En ce qui concerne la production, les enjeux sont la qualité du produit, la subvention, les normes ISO, l’élévation des normes non commerciales, le stockage et le phytosanitaire, le financement et la garantie. Les problèmes sont l’insuffisance de l’encadrement et de la subvention, l’éviction des produits sur le marché, la dépréciation subjective de l’image et de la vente des produits, l’insuffisance des moyens de stockage, de traitement et de conservation, l’insuffisance de banques d’investissement…
Les spécialistes recommandent l’application de meilleures pratiques en la matière, la systématisation de la normalisation ISO, le développement des stratégies de défense appropriée, la dotation des filières de produits réels, le développement du système de financement et d’assurance approprié.
Sur le transport intérieur et le transit international, les enjeux portent sur les infrastructures et les moyens de transport, la sécurité, les formalités administratives, les coûts de transactions et les délais. Problèmes inventoriés sont l’insuffisance, la vétusté, l’entretien précaire des infrastructures et moyens de transport ; la sécurité approximative, les contrôles administratifs excessifs, les coûts onéreux, les barrages routiers ; les délais incertains, informels et non compétitifs. Comme recommandations, il faut moderniser les infrastructures et les adapter systématiquement ; introduire la veille électronique et le SGP dans la sécurité ; créer les Bourses de fret, le Guichet unique ; informatiser l’administration, lutter contre la corruption et professionnaliser le système des transports.
L’amélioration du climat des affaires passe aussi par les plates-formes logistiques des transports. Les infrastructures sont insuffisantes et inadaptées. Il faut impérativement les moderniser. Les magasins de stockage spécialisés des produits sont quasi absents au niveau Bord champ, route, voie d’eau et chemin de fer. Leur acquisition est nécessaire.
Les équipements de manutention des véhicules de transport sont insuffisants et vétustes. Leur modernisation est indispensable. L’administration est gangrénée par la corruption, d’où l’appropriation des standards (CCI, OMC, OMD, CNUCED, APE, CER) est difficile. Il est donc recommandé la vulgarisation et l’application des principes, normes, règles et usages internationaux. Quant aux intervenants, l’action logistique intégrée est indispensable pour adapter l’interaction des acteurs et le réseautage.
Face à la libéralisation des échanges, la mise à marché compétitive des produits locaux doit obéir à un acheminement du produit voulu, à l’endroit voulu, dans les délais voulus, en qualité totale, à des coûts optimalisés dans un contexte de concurrence et de transparence. Pour ce faire, les intervenants de la filière doivent maîtriser dans le temps et dans l’espace le système commercial international (OMC, APE), la distribution physique internationale, les chaînes logistiques intégrées des transports, la facilitation des échanges et des transports, ainsi que les nouvelles technologies de l’information et de la communication et l’e-commerce.