Officiellement, il n’y a plus qu’une seule usine exploitant le caoutchouc synthétique, qui fonctionne à Kinshasa. Les filiales de Goodyear, Michelin, etc., ont toutes fermé. Dans l’ex-province Orientale, la plupart des exploitants regroupés en coopératives ont tenté, sans succès, de relancer leurs activités avec le concours de l’entreprise Lobi Congo. La région connaît actuellement une ruée d’exploitants chinois, apparemment non identifiés par les services de l’État. La Chine est actuellement le premier acheteur mondial du caoutchouc, les fabricants utilisant de plus en plus le matériau synthétique.
Filière chinoise
Des experts tablent sur l’envolée des stocks en Chine et ailleurs, qui inquiète des opérateurs. Cependant, la place de référence mondiale des cours mondiaux du caoutchouc demeure le Tokyo Commodity Exchange. En 2016, la consommation mondiale du caoutchouc synthétique a été de plus de 25 millions de tonnes. La production globale de caoutchouc (naturel et synthétique) a enregistré un nouveau record en 2014, à 28,8 millions de tonnes. Et la barre des 29 millions a certainement été franchie en 2015. Il sied cependant de relever que la production du caoutchouc naturel s’est contractée, handicapée par des prix très faibles entre 2015 et 2016. Comme toutes les matières premières, la sève de l’hévéa souffre de la fin du super-cycle. Les cours du caoutchouc avaient connu de fortes hausses entre 2009 et 2011. Les prix avaient alors été multipliés par 2,5.
La République démocratique du Congo, par contre, ne figure plus parmi les fournisseurs de la France ou de la Belgique. Selon le Syndicat national du caoutchouc et des polymères (SNCP), les principaux fournisseurs de la France en caoutchouc naturel sont l’Indonésie (36,31 %), la Thaïlande (24,34 %), la Côte d’Ivoire (12,05 %), la Malaisie (11,43 %), le Cameroun (3,55 %), le Nigeria (3,28 %), la Guinée (2,51 %), le Vietnam (2,36 %), le Gabon (2,24 %) et le Ghana (1,93 %). En France, le secteur du caoutchouc génère, en moyenne, un chiffre d’affaires de près de 5 milliards d’euros, correspondant pour 60 % à une activité industrielle en France et pour 40 % à une activité de revente.
En 2015, l’État congolais n’a perçu qu’un 1 million de francs des droits d’accises sur les articles et ouvrages locaux en caoutchouc synthétique. En 2016, alors que l’État n’avait rien prévu dans son budget, quelque 17.6 millions de francs lui ont été quand même versés comme droits d’accises en régime intérieur. Les prévisions de 2017 sont d’un peu plus de 28 millions.
Recettes insignifiantes
L’essentiel des articles et ouvrages en caoutchouc synthétique provient, en effet, de l’étranger. Il s’agit particulièrement des pneumatiques. Le secteur dépend, sur trois quarts de sa production, de l’industrie automobile. Le reste est utilisé pour des demi-produits (mélanges, feuilles, plaques…) et des produits finis (tuyaux, joints, bottes, tétines…). La Direction générale des douanes et accises (DGDA), espère gagner au moins 7 milliards de francs des droits d’accises sur des articles et ouvrages importés en caoutchouc synthétique, dont les pneus. Déjà au premier trimestre 2017, elle a encaissé quelque 50 millions de francs. L’an dernier, la DGDA a atteint un taux de réalisation de 171,4 %, soit 4,8 milliards de francs sur des prévisions de 2,8 milliards. En 2015, le service de la douane tablait sur des recettes d’importation de 11,8 milliards de francs, mais moins de 32 % des sommes attendues ont été versées, soit 3.7 milliards de francs. En 2014, la DGDA avait perçu plus de 7.4 milliards de francs sur des prévisions de 11,1 milliards. Il sied de rappeler que le caoutchouc a été parmi les premières matières tirées du sol congolais par les colonisateurs belges. La production du caoutchouc est, en effet, une des pages les plus ténébreuses et sanglantes de la colonisation belge. Léopold II qui a cédé son État indépendant du Congo (EIC), à la Belgique en 1902, a nommément été cité dans des rapports des commissions d’enquête de l’époque comme instigateur de l’horrible pratique d’amputation de tout ouvrier nègre qui ne rapportait pas à l’administration du Roi, le stock d’hévéa lui imputé.