Selon les estimations de la Commission des études statistiques et des comptes nationaux(CESCN), sur la base de réalisations à fin février 2017, le secteur secondaire connaîtra cette année une performance. Celle-ci sera essentiellement due à la bonne tenue attendue de la branche « Bâtiment et Travaux publics » qui devrait connaître un renversement de tendance de 0,2 point en 2017 contre -0,7 point en 2016. L’entrée en production de deux nouvelles cimenteries aura été déterminante pour le secteur du génie civil, selon la CESCN. Ces cimenteries devraient produire à terme 2,2 millions de tonnes de ciment par an, à raison de 1 million pour PPC Barnet et 1,2 million pour la Cimenterie Kongo (CIMKO).
Des dépassements de 305 %
Comme par un effet de domino, les demandes d’agrément des entreprises de construction ont explosé ces derniers mois. Selon les données statistiques fournies par le ministère des Infrastructures, des Travaux publics et de la Reconstruction (ITPR), la taxe inhérente à l’agrément des entreprises de construction a rapporté plus de deux fois (270 %) que les prévisions escomptées au premier trimestre 2017, soit près de 14 millions de francs contre des projections de 5,055 millions. En 2016, le taux de réalisation était de 405 %, soit des prévisions de plus de 20 millions de francs contre des recettes de plus de 81 millions. Les prévisions pour le reste de l’année 2017 se chiffrent à un peu moins de 125 millions de francs.
Entrepreneurs en herbe
Par ailleurs, le ministère des ITPR enregistre aussi un nombre croissant des constructeurs unipersonnels (indépendants) dans le secteur de construction et d’aménagement intérieur depuis 2016. Si en 2015, la taxe d’enregistrement des indépendants avait juste rapporté 370 100 francs contre des assignations de 468 250 francs ; en 2016, les recettes de ladite ont frôlé le million de francs, soit un taux de réalisation de 142,44 % pour de près de 950 000 francs sur des prévisions de 666 423 francs.
Les assignations du premier trimestre seront battues. Et une fois encore les réalisations avaient explosé à près de 270 %, soit des recettes de près de 450 000 francs.
Le ministère des ITPR escompte au moins 1 221 700 francs des recettes grâce à la taxe sur d’enregistrement des opérateurs indépendants dans le secteur des constructions. L’on note une ruée des jeunes diplômés et des étudiants en classes terminales de l’Institut du bâtiment et des travaux publics, principale école supérieure de génie civil, sur différents chantiers tant dans la capitale que dans les grandes agglomérations de l’arrière-pays, particulièrement dans la partie est de la RDC (Bukavu, Goma, Uvira… Beni et Butembo). Fin juin, l’agence d’exécution du gouvernement, l’Office des voiries et drainage (OVD) a accordé à des jeunes entreprises les marchés de réhabilitation de certaines artères de la capitale sur la base de la procédure de gré à gré, sinon d’appels d’offre national restreint.
L’OVD a, en effet, offert, par procédure de gré à gré, le marché de la réfection des avenues Université (9 400 m) et Shaba (2 186 m) à l’entreprise Aaron Sefu Sarl, respectivement pour 9.1 millions de dollars et 2 142 576,13 dollars. L’avenue Université part, en effet, du campus universitaire de Kinshasa, sur les hauteurs de Mont Amba et débouche sur le boulevard Sendwe, non loin de l’église catholique Saint Raphaël. Elle a été maintes fois réhabilitée ces dernières années, mais elle s’est vite affalée à plusieurs endroits notamment au niveau des quartiers Yolo dans la commune de Kalamu. L’avenue Shaba est un sinueux boulevard qui ouvre les communes enclavées Ngiri-Ngiri, Bumbu, Makala au centre-ville.
L’OVD a également adjugé le marché de la réhabilitation de l’avenue colonel Ebeya, dans son tronçon compris entre TSF et Kabasele ex-Flambeau, soit 2 064 m à la firme Power Master International Sarl pour plus de 2.3 millions de dollars à travers un appel d’offres restreint. La même entreprise a remporté le marché de réhabilitation de la route de Mokali-Boulevard Lumumba-Pont Mokali, 3 472 m dans la commune de Mokali avec la même procédure d’appel d’offre restreint, pour plus de 6,5 millions de dollars.
Après avoir réalisé un taux de recettes de 269,56 %, soit 4 893 591 FC sur 1 815 430 FC au cours de trois premiers mois de l’exercice 2017, le ministère des ITPR mise pour les trois derniers trimestres sur des revenus de 17,8 millions de francs sur la taxe d’agrément des bureaux d’études du secteur des travaux publics et des infrastructures. En 2016, cette taxe a rapporté au Trésor public plus de 11,8 millions de francs sur des prévisions de 7,2 millions, soit un taux de réalisation de 163,19 %.
Aménagement intérieur
Le ministère des ITPR note également une hausse des demandes d’agrément des entreprises d’aménagement intérieur dirigées particulièrement par des femmes ingénieures. De prévisions de 68 940 francs au premier trimestre, la taxe inhérente a rapporté 185 833 francs, soit un taux de réalisation de 269,56 %. Mais le ministère des ITPR (service d’assiette) et la Direction générale des recettes administratives, judiciaires, domaniales et de participations (DGRAD) (service de collecte) sont plutôt prudents, tant en 2015 et 2016, la taxe n’a rien apporté. Dans le budget 2017, l’État n’espère gagner qu’environ 200 dollars. En 2016, le secteur des infrastructures et des bâtiments publics a rapporté moins de 450 millions de francs, le mais le service d’assiette avait cependant largement dépassé ses assignations, avec un taux de réalisation de près de 189 % par rapport aux assignations de plus de 236 millions de francs.
Pour l’exercice 2017, les prévisions consolidées des recettes du ministère des Infrastructures, des Travaux publics et de la Reconstruction sont, selon la DGRAD, à plus de 871,5 millions de francs. Le service d’assiette a largement dépassé ses assignations du premier trimestre 2017 avec un taux de réalisation de près de 270 %, soit des revenus de 159,3 millions de FC pour des prévisions de 59,1 millions. Cependant, les dépenses globales prévues pour l’ensemble de l’exercice 2017, y compris les crédits provisoires, sont de l’ordre de 1.6 milliard, dont 1.5 milliard.
Apport de la Banque mondiale
Mais plus de 85 % de ces prévisions des dépenses reposent sur l’assistance de la Banque mondiale, qui finance un projet routier en République démocratique du Congo. Au premier trimestre 2017, l’État espérait plus de 43 millions de francs de cette institution financière de Bretton Woods. Hélas, rien n’est venu. Par conséquent, le budget des travaux publics n’a été exécuté qu’à hauteur de 10.4 milliards de francs sur des prévisions de 68 milliards.
Pour le reste de l’année, l’État attend plus de 1.3 mille milliards de la Banque mondiale sur un budget de 1.5 mille milliards. Mais la mise en application biaisée de l’Accord politique du 31 décembre 2016 aurait poussé les bailleurs de fonds à geler plusieurs lignes des crédits et des dons en faveur de la RDC. Ce qui a pour effet immédiat de plonger des entreprises de construction dans un marasme technique.