Actuellement, on ne peut pas sous-estimer l’importance de la Chine comme moteur du développement touristique. Dans le monde, ce pays est non seulement le quatrième le plus visité mais il est aussi le premier marché émetteur. La Chine se classe par ailleurs dans le peloton de tête pour ce qui est du tourisme interne. Et les autorités chinoises fondent leur action dans ce domaine sur la conviction que le tourisme est un pilier stratégique de l’économie nationale et un instrument de développement efficace.
Pour les observateurs, toutes ces raisons font que la Chine est l’hôte idéal de la prochaine assemblée générale de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT). Avis partagé par le secrétaire général de l’OMT, Taleb Rifai. Dans le contexte de cette rencontre, un segment de haut niveau sur « le tourisme et les objectifs de développement durable & l’établissement de partenariats pour le développement – L’exemple de l’initiative Une Ceinture une Route » sera organisé le 13 septembre, après l’ouverture de l’assemblée générale. Le segment de haut niveau offre un espace de discussion aux décideurs à la 22è session de l’assemblée générale de l’OMT sur les moyens d’accroître la contribution du tourisme aux objectifs de développement durable.
Après l’accord historique sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030, l’année 2016 a été la première étape de planification et de mise en œuvre, dans les pays, des objectifs de développement durable. « Il ne sera possible de traduire les engagements en actions et en résultats que si le développement durable occupe une place centrale, et non plus périphérique, dans la prise de décision des organismes publics et privés », estime Taleb Rifai. Les objectifs de développement durable de portée universelle fixent un nouveau cap. Dans ce contexte, le tourisme peut et doit jouer un rôle prépondérant pour assurer un meilleur avenir pour l’humanité et pour la planète.
Objectifs de portée universelle
En République démocratique du Congo, la relance des activités touristiques est à l’ordre du jour. Les opérateurs du secteur misent sur la loi-cadre, qui attend promulgation. Le ministre du Tourisme, Franck Mwedi Malila Apenela, a récemment déclaré que la loi-cadre sur le tourisme sera bientôt d’application. La loi-cadre détermine les principes fondamentaux relatifs au tourisme. C’est un texte qui vise la relance du secteur touristique en RDC, en régulant l’activité du tourisme, en vue de sa promotion et de son développement.
Les sénateurs ont exprimé une préoccupation majeure, que la loi tienne compte de la protection de l’environnement et de la biodiversité. Ils ont estimé par ailleurs que les sites comme le marché des esclaves au Maniema, le lieu d’assassinat de Patrice Lumumba, les monuments aux soldats de la Force publique à Aru et Watsha, le mausolée du président Kasa-Vubu, les parcs nationaux (Salonga, Garamba…), la forêt des Mangroves à Moanda… doivent faire l’objet de beaucoup d’attention.
La nouveauté dans la loi-cadre consiste en fait en la clarification du mode de fonctionnement du secteur du tourisme. La loi se veut incitative, elle est assise sur la promotion de l’investissement et le développement du partenariat public-privé. Bref, elle projette le pays dans le tourisme durable, en réaffirmant le processus de décentralisation. Selon des sources ministérielles, la relance de ce secteur en RDC répond avant tout à la nécessité de diversification du tissu productif de l’économie nationale. Pour cela, il faut des fonds conséquents pour financer les activités. C’est ainsi que la redynamisation du Fonds de promotion du tourisme (FPT) est à l’ordre du jour.
L’assiette du FPT est constituée des redevances sur les prix de nuitée, repas et boissons. Le FPT recouvre aussi les redevances sur le prix de billet d’avion ainsi que sur le prix de moyen de transports terrestre (intérieur et extérieur), fluvial (intérieur et extérieur), lacustre et ferroviaire. La réaffectation de ce fonds au ministère du Tourisme permettra de réhabiliter le secteur devenu économiquement stratégique pour bon nombre de pays à travers le monde.
Mais pour y arriver, il y a des préalables. D’abord, il faudra redéfinir le statut même du FPT. À l’origine, le Fonds a fonctionné dans le cadre d’un service centralisé, conformément à l’ordonnance 83-182 du 28 septembre 1983. Elle fixe les mesures d’application du FPT. Puis, il a été affecté comme ressources de l’Office national du tourisme (ONT) en vertu de l’ordonnance 86-210 du 12 juillet 1986, portant sa création. Jusqu’en 2005, la mobilisation et le recouvrement des redevances ont été sujets à caution, donnant lieu à la confusion. C’est ainsi que la loi 05/008 du 31 mars 2005 est venue modifier la loi 04/015 du 16 juillet 2004, fixant nomenclature des actes générateurs de recettes administratives, judiciaires, dominicales et de participation ainsi que leurs modalités de perception. Cette loi ainsi que la loi de finances pour l’exercice 2005, ont intégré le FPT dans le budget général de l’État, les budgets pour ordre étant supprimés.
Une erreur jamais assumée
En intégrant le FPT dans le budget général, les deux chambres du Parlement ont estimé que cela était une « erreur », comme l’a attestée la lettre (PT/SENAT/026/PTAN/026/2005 du 14 juillet 2005) conjointe Assemblée nationale-Sénat adressée au ministre des Finances. Malgré la mise au point du Parlement, relayée par le cabinet du président de la République, cette erreur n’a jamais été corrigée. La conséquence est que l’État s’est privé de ressources importantes générées par l’activité touristique, censées financer l’économie. Par exemple, le potentiel des redevances annuelles sur les billets d’avion (réseau international), pour le seul aéroport de N’Djili, représente quelque 15 millions de dollars, soit 13 millions pour le FPT et 2 millions pour la TVA.
Selon un rapport interne du secrétariat général au tourisme, datant de 2015, le global constaté, liquidé et ordonnancé a été évalué à plus au moins 2 millions de dollars. Quel manque à gagner pour le Trésor public ! C’est dire que l’État perd doublement des ressources importantes, parce que non collectées ou se volatilisent à travers des mécanismes de corruption. Avec la nouvelle loi-cadre, il est question de capitaliser les ressources importantes qui auraient pu être générées dans le cadre de l’opérationnalisation d’une politique.