Avec le découpage territorial de 2015, certains territoires sont appelés à devenir des «métropoles ». Du coup, il se pose le problème de l’enjeu de cette décision et du développement économique des nouvelles provinces. Anthony Bemba est spécialiste des villes. Il explique à Business et Finances pourquoi les provinces nouvellement créées devront s’adapter à l’évolution de la compétence économique pour réaliser les projets de développement et d’implantation, en proposant, par exemple, toute une gamme de services aux dirigeants d’entreprises. D’abord, estime-t-il, le législateur devra donner aux provinces, anciennes ou nouvelles, les moyens de définir et mettre en œuvre leur propre stratégie de développement économique, en cohérence avec la politique de l’aménagement du territoire. « Acteur de proximité, mais ayant atteint une taille critique qui leur permet d’exercer leur rôle de force motrice de l’économie régionale, les métropoles ou les villes sont indéniablement le bon échelon pour proposer une politique de développement économique cohérente avec les spécificités du territoire », explique Anthony Bemba.
Cet expert de l’aménagement des villes fait remarquer que dans certains pays, il existe l’agence de développement économique métropolitaine. « C’est une véritable courroie de transmission de la métropole vis-à-vis des acteurs économiques du territoire est, par là même, le meilleur acteur pour mettre en œuvre les actions qui en découlent et être l’interlocuteur privilégié des entreprises du territoire et ce de celles qui souhaitent s’y implanter », souligne-t-il. En effet, poursuit-il, qui mieux qu’une agence métropolitaine connaît les entreprises de son territoire et leurs dirigeants ? Qui est mieux à même d’accompagner un chef d’entreprise dans son projet d’implantation ou de développement sur le territoire métropolitain ? « Il faut pour cela une connaissance fine de son territoire, des spécificités des différentes zones d’activités, de l’existence de dispositifs financiers ou fiscaux spécifiques à celle-ci, des groupements d’entreprises (clusters, club de zones, filières professionnelles) les plus pertinents pour offrir à l’entrepreneur un écosystème propice au développement de son entreprise.
Seule une agence de développement économique métropolitaine est à même de jouer efficacement ce rôle de sherpa (guide ou conseiller) sur son territoire. Selon Anthony Bemba, cette grande proximité permet de rester connecté aux réalités de son territoire et d’en appréhender les atouts discriminants dans le jeu de la concurrence entre les territoires pour mettre en valeur ses filières d’excellences que sont la santé et les dispositifs médicaux, l’agroalimentaire, les écotechnologies, le numérique et les objets connectés. C’est ainsi que l’agence peut mener sa mission de commercialisation des nouveaux hectares de zones d’activités économiques à destination des projets d’entreprises, insiste-t-il. D’autre part, l’agence assure la promotion et l’attractivité économique du territoire par sa présence sur les salons nationaux ou internationaux pour trouver des investisseurs ou des promoteurs, ou des salons de filières pour trouver des entreprises. « Dans cette nouvelle dynamique, demain plus encore, ce travail devra être piloté par l’agence de développement de la ville appuyé par l’ensemble des acteurs économiques de la ville », note-t-il.