La deuxième semaine de septembre voit s’ouvrir comme chaque année une nouvelle session de l’Assemblée générale des Nations Unies, la 72è depuis sa création par la Charte des Nations Unies. Une institution essentielle dédiée à la délibération puisqu’elle est le premier des « organes principaux » de l’ONU cités par l’article 8 du texte fondateur de 1945. L’Assemblée générale vit pourtant sous le poids de critiques récurrentes, à l’image du Général de Gaulle qui en dénonçait en 1965 « les séances tumultueuses et scandaleuses où il n’y a pas moyen d’organiser un débat objectif ». Le président américain Donald Trump, dont le premier discours à la tribune a été fortement attendu mardi 19 septembre, a lui qualifié l’ONU de « club pour papoter et prendre du bon temps ». L’occasion pour nous de faire le tour des questions qui entourent cet organe onusien.
Qu’est-ce que c’est, l’Assemblée générale de l’ONU?
Même si l’ouverture de chaque session, avec les discours des chefs d’État et de gouvernement, est le moment le plus médiatisé, il ne s’agit pas seulement d’une semaine par an où les États membres de l’ONU se réunissent pour faire le bilan de l’année écoulée et répondre aux enjeux à venir. Certes moins connue que le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale est surtout l’organe onusien où les représentants des 193 États membres délibèrent lors de sessions annuelles qui se tiennent du mois de septembre à la fin du mois de décembre.
Quel est son rôle?
Elle émet des recommandations aux États sur différents sujets, comme la coopération internationale, le maintien de la paix, le désarmement, les enjeux climatiques, éducatifs ou sociaux et lance des initiatives pour encourager les États à aller dans la direction qu’elle souhaite. Ce fut ainsi le cas des « objectifs du millénaire pour le développement » adoptés en 2000, destinés notamment à lutter contre l’extrême pauvreté, ou des 17 objectifs de développement durables, adoptés en septembre 2015. Contrairement à celles du Conseil de sécurité, ses résolutions sont non contraignantes. Si ce pouvoir de délibération est le cœur des activités de l’Assemblée générale, celle-ci se charge aussi du bon fonctionnement de l’ONU. Entre autres, elle fixe et répartit le budget, élit les membres non permanents du Conseil de sécurité et nomme le secrétaire général de l’ONU, sur recommandation du Conseil.
Comment fonctionne-t-elle? « Il est vrai que les représentants aiment passer du temps à New York. Mais l’essentiel se passe moins dans les couloirs de l’ONU, que dans ceux des grands hôtels où les dirigeants se rencontrent », raconte l’ancien ambassadeur Alain Dejammet, auteur de L’incendie planétaire, que fait l’ONU? aux éditions du Cerf. Alain Pellet, professeur émérite de droit international à l’Université Paris-Nanterre, d’ajouter: « On cause et c’est déjà beaucoup, d’autant plus qu’à côté des discours publics assez contraints et formels, il y a les contacts bilatéraux en coulisse ». Alain Dejammet, qui fut le représentant de la France à l’ONU, considère que le rôle de l’Assemblée générale n’est pas vain: « Les discours lors de l’ouverture de la session annuelle servent à marquer l’esprit du temps ». « Même si les résolutions ne sont pas contraignantes, les États se sentent néanmoins engagés », estime-t-il, citant le cas de la décolonisation lors des années 1950-1060 ou plus récemment celui du climat. « Même les États-Unis doivent tenir compte de la tonalité des discours, ce sera aussi le cas avec Donald Trump », prédit l’ancien diplomate.