Israël salue le début d’une « nouvelle ère » et se retire. Les États-Unis ont fait de même. La guerre fait rage au sein de l’Organisation des Nations Unies pour la science et la culture (UNESCO). Les 58 membres du conseil exécutif votent pour élire à bulletin secret le futur directeur général. Lors du troisième scrutin dont les résultats ont été connus le soir du 11 octobre, Audrey Azoulay, ancienne ministre de la Culture de François Hollande, est arrivée ex-aequo avec le Qatari Hamad bin Abdulaziz Al-Kawari. Les deux candidats ont obtenu 18 voix chacun, devant l’Egyptienne Moushira Khattab (13 voix), le Chinois Qian Tang (5 voix) et la Libanaise Vera El-Khoury Lacoeuilhe (4 voix).
Le scrutin s’annonce serré : lors du second tour, le Qatari devançait la Française de six voix. Bien que le vote soit secret, il est probable que la candidature française ait été soutenue par plusieurs États européens, les États-Unis et le Japon. En interne, certains soulignent que les forces sont disproportionnées : la France aurait un budget de 70 000 euros pour toute sa campagne alors que le Qatar dépenserait 150 000 euros… par jour!
La vénérable institution, vieille de 71 ans, est en crise. La crise est d’abord financière. Les États-Unis viennent de se retirer de l’organisation à laquelle ils reprochent d’être hostile à Israël. En outre, l’administration Trump souhaite aussi éviter d’avoir à payer un arriéré de 542 millions de dollars de cotisation. L’annonce officielle devrait être faite au début de cette semaine. Ce n’est pas la première fois que les États-Unis prennent une telle décision. Ronald Reagan avait déjà quitté l’organisation dans les années 1980 et les États-Unis n’étaient revenus que deux décennies plus tard sous l’administration Bush.
En 2011, Barack Obama avait de nouveau coupé les fonds, après que l’UNESCO a accueilli la Palestine comme État membre. Le Japon a également refusé de payer sa cotisation en 2016 après l’inscription du massacre de Nankin au Registre de la mémoire du monde si bien qu’il est débiteur de plus de 31 millions de dollars. L’Arabie Saoudite, de son côté, a une dette de 1,933 million, l’Iran de 2,34 millions, les Émirats Arabes Unis de 14,5 millions, autant que le Royaume Uni, moins toutefois que le Brésil (23 millions).
Vives critiques dans le monde arabe
La crise est également politique. Israël et les États-Unis reprochent notamment à l’organisation d’avoir reconnu la ville d’Hébron comme patrimoine mondial palestinien alors que la ville est occupée par Israël. Dans ce contexte, le monde arabo-musulman avait au départ quatre candidats : un Qatari, une Egyptienne, une Libanaise et un Irakien qui a finalement abandonné. Il estimait qu’au nom de la règle tacite de l’alternance c’était son tour d’occuper la présidence.
L’annonce de la candidature d’Audrey Azoulay a suscité de vives critiques dans le monde arabe. Une pétition a même été remise à Jean-Yves Le Drian lors de sa visite au Caire en juillet dernier pour « appeler le président Macron à reconsidérer cette candidature ». Officieusement, il est reproché à la France d’avoir enfreint une règle tacite selon laquelle le pays qui héberge l’institution ne doit pas avoir de candidat, ce qui n’a pas empêché le Français René Maheu de diriger l’UNESCO de 1961 à 1974. La pétition souligne qu’il faut éviter de « créer une rivalité totalement inutile entre l’Occident et l’Orient et d’aggraver le phénomène de polarisation dont souffre notre monde à tous les niveaux. » Une critique étonnante vis-à-vis d’Audrey Azouley, de confession juive, et dont le père, André Azoulay, était conseiller du roi du Maroc.
Une manifestation s’est déroulée jeudi 12 octobre, au siège de l’UNESCO à Paris, place de Fontenoy, pour dénoncer la candidature du Qatar. La manifestation était en particulier soutenue par les Irakiens qui font campagne pour la candidate française. La décision des États-Unis de se retirer de l’UNESCO, annoncée le jeudi 12 octobre, a été saluée par Israël, qui a fait savoir qu’il se retire aussi de l’organisation. Les États-Unis accusent l’institution onusienne d’être « anti-israélienne ».
« Un champ de bataille pour dénigrer Israël »
« L’Unesco est devenue un champ de bataille pour dénigrer Israël, négligeant son rôle et son propos véritables. La décision prise aujourd’hui (par les États-Unis) marque un tournant pour l’UNESCO: les résolutions absurdes et honteuses adoptées par cette organisation contre Israël ont des conséquences », a-t-il ajouté. Le 1ER Ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a donné pour instruction au ministère des Affaires étrangères de « préparer le retrait d’Israël de l’organisation, parallèlement aux États-Unis », a ainsi annoncé son bureau dans un communiqué. « L’UNESCO est devenue le théâtre de l’absurde où l’on déforme l’histoire au lieu de la préserver. Les résolutions absurdes et honteuses adoptées par cette organisation contre Israël o