Il ressort du nouveau rapport « Preventing Ageing Unequally » publié par l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) que les jeunes générations feront face à des risques accrus d’inégalité à un âge avancé par rapport aux retraités actuels. L’âge sera vécu de manière radicalement différente pour les générations nées à partir des années 1960, sous l’effet de l’allongement de la durée de vie, de la diminution de la taille des cellules familiales, du creusement des inégalités tout au long de la vie active et des réformes qui ont réduit les pensions de retraite.
Certains groupes font face à des risques élevés de pauvreté pendant la vieillesse. En 1980, il y avait 20 personnes de 65 ans et plus pour 100 personnes d’âge actif en moyenne dans la zone OCDE ; en 2015, ce nombre avait augmenté à 28 et devrait presque doubler d’ici 2050, voire plus dans de nombreux pays de l’OCDE et économies émergentes, pour atteindre 53. Parallèlement, les inégalités s’accroissent d’une génération à l’autre et sont déjà plus marquées chez les jeunes qui se lancent aujourd’hui dans la vie active que chez les personnes âgées.
Les personnes âgées de demain connaîtront donc des situations beaucoup plus variées : elles vivront plus longtemps, mais elles seront aussi plus nombreuses à avoir connu des épisodes de chômage et des salaires bas, tandis que certaines auront mené des carrières stables et bien rémunérées.
Inégalités très tôt
Les auteurs du rapport expliquent que les inégalités dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’emploi et des revenus commencent à s’accumuler très tôt. Ainsi, en moyenne sur l’ensemble des pays, un homme de 25 ans diplômé de l’enseignement supérieur peut espérer vivre près de 8 ans de plus que son homologue moins diplômé ; pour les femmes, cet écart est de 4,6 ans. À tout âge, les personnes en mauvaise santé travaillent moins et ont des revenus moindres même lorsqu’elles travaillent. Pour les hommes peu instruits, être en mauvaise santé réduit les revenus d’activité perçus tout au long de la vie professionnelle de 33 %, contre une perte de 17 % pour les hommes ayant un niveau d’études élevé.
Les personnes aux revenus modestes ont généralement une espérance de vie inférieure à celle des personnes aux revenus élevés, ce qui diminue encore la totalité des prestations de retraite qu’elles perçoivent. Le relèvement de l’âge de la retraite tend à creuser les inégalités en termes de prestations totales entre les hauts et les bas salaires, mais l’impact est limité. Néanmoins, les inégalités entre hommes et femmes pendant la vieillesse vont probablement rester considérables : à l’heure actuelle, les prestations de retraite annuelles perçues par les plus de 65 ans sont inférieures de 27 % environ en moyenne pour les femmes, et ces dernières sont beaucoup plus touchées que les hommes par la pauvreté au moment de la vieillesse.
Problèmes plus graves dans les pays émergents
Les problèmes liés aux inégalités pendant la vieillesse sont encore plus graves dans les économies émergentes : plusieurs d’entre elles, notamment le Brésil, la Chine et l’Inde, sont confrontées à un vieillissement rapide de leur population à un stade relativement précoce de leur développement et à des inégalités plus prononcées sur le plan de la santé que les pays de l’OCDE, et disposent d’un filet de protection sociale moins efficace.
Pour relever ces défis, l’OCDE préconise d’adopter une approche globale articulée tout au long des parcours de vie et axée sur trois domaines : prévenir les inégalités avant qu’elles ne s’accumulent au cours de la vie. Il convient pour se faire d’offrir des services d’accueil et d’éducation des jeunes enfants de qualité, d’aider les jeunes défavorisés à s’insérer efficacement sur le marché du travail et d’augmenter les dépenses de santé allouées aux mesures de prévention pour cibler les catégories de population à risque.
La question des retraites
Atténuer les inégalités profondément enracinées. Les services de santé doivent adopter une approche davantage centrée sur le patient, tandis que les services de l’emploi doivent redoubler d’efforts pour aider les chômeurs à retrouver du travail et pour supprimer les obstacles qui empêchent les travailleurs âgés de rester en poste ou d’être recrutés. Prendre en charge les inégalités au moment de la vieillesse. Si elles ne peuvent pas éliminer totalement les inégalités entre les personnes âgées, les réformes des régimes de retraite peuvent les atténuer. Une conception bien pensée des régimes du premier pilier peut limiter l’influence qu’exercent les différences socioéconomiques en termes d’espérance de vie sur les pensions de retraite. Certains pays ne sont pas en mesure de garantir un revenu suffisant aux retraités, et plus particulièrement aux femmes. Pour lutter contre les inégalités dans la prise en charge de la dépendance, il faut rendre les soins à domicile abordables pour tous et améliorer le soutien apporté à l’entourage.
Et l’on ne parle pas, dit l’OCDE, du retard qu’accusent toujours les femmes par rapport aux hommes à plusieurs égards à la retraite, ni de la situation dans les économies émergentes comme le Brésil, la Chine et l’Inde, où tous ces phénomènes se produisent en accéléré. En moyenne dans la zone OCDE, les femmes de plus de 65 ans perçoivent des retraites annuelles « inférieures d’environ 27 % » à celles des hommes, et que les risques de pauvreté dans la vieillesse sont beaucoup plus élevées chez les femmes.
Les solutions devront être à l’échelle de l’ampleur et de la complexité du problème, concluent les auteurs du rapport. Il s’agit notamment de s’attaquer aux inégalités le plus tôt possible en mettant entre autres en place des réseaux publics de garderies, en luttant contre le décrochage scolaire et en s’occupant de prévention en matière de santé. Mais il s’agit aussi d’aider la requalification et le retour au travail des chômeurs, de réduire les obstacles aux travailleurs plus âgés ou encore d’améliorer les politiques sociales visant spécifiquement la population âgée. L’OCDE recommande de s’attaquer aux inégalités avant qu’elles ne s’accumulent au cours de la vie : offrir des services d’accueil de jeunes enfants et d’éducation de qualité, aider les jeunes défavorisés à s’insérer sur le marché du travail, augmenter les dépenses de santé allouées aux mesures de prévention.