Une délégation du Fonds monétaire international (FMI) est attendue à Kinshasa avant la fin de cette année. Est-ce pour annoncer au gouvernement l’octroi par le Fonds de la fameuse « lettre de confort » ? En tout cas, la venue « imminente » de cette mission dans la capitale congolaise est vue comme « une étape importante », préalable à la reprise de la coopération entre le FMI et la République démocratique du Congo. Si reprise il y a, le gouvernement pourra bénéficier des appuis budgétaires dont il a tant besoin en ce moment. Non seulement du Fonds pour l’équilibre de sa balance des paiements mais aussi des autres bailleurs multilatéraux comme la Banque mondiale pour le financement des projets de développement.
Les exigences du FMI
La RDC souhaite vivement la reprise de sa coopération avec le FMI, au moment où elle est en proie à des difficultés de politique monétaire. Aux dernières assemblées annuelles de la Banque mondiale et du FMI à Washington, le ministre des Finances, Henri Yav Mulang, a peint le tableau de la situation économique et politique générale du pays, chiffres à l’appui. Il nous revient que le FMI se réjouit de l’évolution positive de la situation générale. Cependant, tout programme avec le FMI est assorti des exigences. En novembre 2016, une mission du FMI est venue à Kinshasa, à l’invitation du gouvernement. Le but de la mission était de faire la revue des indicateurs du cadre macroéconomique (taux de croissance, taux d’inflation, taux de change…). À noter que la dernière visite d’une mission d’évaluation du FMI en RDC remontait à juin 2015.
La mission de l’année passée est intervenue au moment où, sur le plan international, plusieurs événements se sont succédé : baisse des prix des matières premières, effritement de la croissance au niveau mondial… Tout cela a eu un impact sur la situation macroéconomique de la RDC. Du rapport d’évaluation de cette mission dépendait en quelque sorte la décision du FMI de donner ou non à la RDC sa « lettre de confort ». Le ministre des Finances avait confié à la délégation des experts du FMI que le gouvernement espérait beaucoup de son rapport pour obtenir la fameuse lettre de confort.
Grâce donc à ce document, la RDC peut espérer bénéficier des appuis budgétaires des institutions financières multilatérales. En effet, le gouvernement a tant besoin de ces appuis budgétaires pour financer les élections et des projets de développement social. Dans un contexte de crise économique et financière tant sur le plan national qu’international, conséquence de la baisse des prix de matières premières, principalement le cuivre et le pétrole, les appuis budgétaires sont indispensables à tous points de vue. Étant donné que la RDC tire l’essentiel de sa croissance économique des ressources minières. D’où, l’exigence de la diversification de son économie. Dans un rapport de juin 2014, le FMI s’est félicité des progrès économiques accomplis par la RDC. Toutefois, il a émis des réserves sur un certain nombre de points jugés « essentiels », par exemple, la restructuration de la Banque centrale du Congo (BCC), avant d’engager les négociations pour un nouvel accord formel avec le gouvernement congolais. Comme en 2009, lorsqu’il fallait négocier le Programme économique du gouvernement (PEG 2). Le FMI a posé de nouvelles exigences, notamment l’amélioration de la gouvernance et de la transparence dans la gestion des ressources naturelles ainsi que le renforcement du contrôle des entreprises publiques du secteur minier. C’est la Générale des carrières et des mines (GECAMINES) qui était visé dans ce rapport. Le rapport que vient de publier le Centre Carter sur la GECAMINES n’est pas de nature à plaider la cause du gouvernement.
On rappelle qu’en dépit de tout, le PEG 2 avait été conclu dans la douleur en décembre 2009. Et c’est surtout dans son volet sur le secteur minier que le PEG 2 a échoué. Le FMI en a été frustré et c’est pourquoi la conclusion d’un nouveau programme de trois ans a été suspendue à l’assainissement du secteur minier. On espère que le récent rapport du Centre Carter n’empêchera pas le gouvernement à conclure un accord avec le FMI. En décidant de reprendre la coopération avec le FMI, est-ce que la RDC est prête à mettre fin à tous les écueils ?
Le gouvernement a en particulier notablement amélioré sa gestion des finances publiques et maîtrisé la dépense publique en liant sa politique fiscale à l’objectif de l’élimination du financement (net) du déficit budgétaire par la Banque centrale. Celle-ci a également apporté des améliorations à ses instruments monétaires, renforcé ses capacités institutionnelles et administratives et reconstitué ses réserves internationales. En dépit de ces progrès, la maîtrise de l’inflation à un niveau faible et stable continue de poser des difficultés au gouvernement.
Les taux d’inflation sont demeurés extrêmement volatiles et supérieurs à ceux des principaux partenaires commerciaux de la RDC. En effet, plusieurs facteurs ont semblé entraver l’efficacité de la politique monétaire de la BCC. C’est notamment le cas de la forte dollarisation du système bancaire congolais et l’absence d’indépendance de la BCC, due en partie à sa faible indépendance et à sa mauvaise situation financière (patrimoine financier négatif).
L’évolution de la situation économique et monétaire actuelle dans le pays montre que la Banque centrale n’est guère en mesure de maîtriser l’inflation, en dépit d’une réactivité rapide aux chocs inflationnistes. Selon le point de vue de la plupart des analystes économiques, elle n’a pas plus d’un tour de manche pour renforcer l’efficacité de sa politique monétaire. Or c’est justement le renforcement du cadre actuel de politique monétaire qui paraît être la meilleure des voies à suivre, compte tenu du fait que le pays est vulnérable à de fréquents chocs sur les termes de l’échange.
Faire comme en 2001
D’aucuns pensent que le renforcement de l’efficacité de la politique monétaire passe par le réchauffement des relations entre le gouvernement et le FMI. Ils se réfèrent à la photographie de la situation économique du pays d’avant l’accession de Joseph Kabila Kabange au pouvoir, en janvier 2001. En 2000, la RDC se trouvait au fond du trou. Une inflation galopante à deux chiffres, des salaires impayés dans l’administration publique, un taux de change fixe (CDF/USD = 50 FC), une dette extérieure consolidée asphyxiante estimée à environ 14 milliards de dollars, rupture de coopération avec la Banque mondiale et le FMI…
La première action économique forte de Joseph Kabila a été de reprendre langue avec les institutions de Bretton Woods pour opérer des réajustements nécessaires dans la gestion économique et financière de la RDC. La coopération avec la Banque mondiale et le FMI s’est matérialisée à travers les programmes PIR (Programme intérimaire renforcé), PMURR (Programme multisectoriel d’urgence et de reconstruction), DSCRP I et II (Document stratégique de croissance et de réduction de la pauvreté).