En dépit du potentiel énergétique énorme, la République démocratique du Congo présente un paradoxe criant entre les ressources énergétiques naturelles et le très faible taux d’accès de la population à l’électricité, avec de grands écarts entre la campagne et le milieu urbain.
En 2015, le déficit énergétique était estimé à 858 MW pour les seules agglomérations des réseaux ouest, sud et est, sans compter les autres villes et provinces non encore desservies par les réseaux national, notamment consécutivement à la demande croissante des miniers.
Pour passer de 9 % de desserte actuel à 32 % en 2030, il faudra mobiliser 32,5 milliards de dollars dès à présent, ce qui est un ambitieux objectif et un grand challenge.
La capacité énergétique installée de la RDC est d’environ 2 500 MW dont 2 463 MW en hydroélectricité : 1 751 MW à Inga I et II et 75 MW à Zongo I ; 460 MW des centrales hydroélectriques publiques du Katanga.
Le taux de disponibilité de la puissance installée est de 56 %. L’offre à l’horizon 2020 est projetée à 2 600 MW (réhabilitation des centrales publiques d’Inga, de Zongo et du Katanga, en plus de la construction des centrales hydroélectriques de Kakobola, Grand Katende et de Zongo II, ainsi que de la centrale à gaz de Muanda et à charbon de Luena). Par contre, la demande globale à l’horizon 2020 est évaluée à 4 000 MW et à l’horizon 2030 à 6.000 MW.
Les causes principales du déficit sont l’immobilisation d’une bonne partie des machines du parc de production : 8 sur 19 à l’Ouest (Kongo-Central) et 7 sur 17 au Sud (Katanga) ; la réduction du productible des centrales hydroélectriques du Katanga et d’Inga suite à l’insuffisance des apports d’eau dans le fleuve Congo sur lequel sont érigées les plus 4 plus grandes centrales du pays : Inga I (351 MW), Inga II (1724 MW), Nzilo (108 MW) et Nseke (230 MW) ; l’immobilisation des machines et des compensateurs synchrones en cours de réhabilitation ; la limitation du transit de puissance électrique sur la liaison Inga-Kolwezi pour panne de convertisseur et d’isolateurs ainsi que pendant de renforcement de sa capacité de transit en cours ; l’augmentation de la demande suite à la renaissance de l’industrie minière et à la reprise économique, en général, sans nouvelles infrastructures de production d’électricité ; et l’absence d’intégration du volet électricité dans le programme d’investissement des opérateurs miniers.
Contraintes majeures
La situation est essentiellement due à l’nsuffisance de capitaux (gros investissements) ; la dégradation de l’environnement macroéconomique ; l’inadaptation du cadre légal régissant le secteur de l’électricité à l’évolution du contexte économique ; la mauvaise gouvernance des sociétés d’électricité existantes ; aux tarifs administrés et non rémunérateurs ; à l’absence d’études bancables pour les projets identifiés.
Une étude identifie une centaine de sites où il serait possible d’ériger un barrage hydroélectrique. Ceci permettrait de bâtir ainsi des petites centrales dans les provinces, respectueuses de l’environnement, et d’assurer une distribution plus équitable de l’électricité à travers le pays. L’alimentation en énergie à l’échelle du pays ne répond pas aux besoins des entreprises du secteur minier, ni ne permet la diversification de son économie.
Le projet de construction du barrage Inga III serait une partie de la solution pour combler ce déficit. Ce barrage est le prolongement des deux centrales Inga 1 et Inga II à l’Ouest de la République démocratique du Congo (225 km de Kinshasa). Inga I et II fonctionnent bien en-dessous de leur capacité et sont en pleine phase de réhabilitation.
La Banque mondiale a annoncé qu’elle suspendait son financement de 73, millions de dollars pour des études relatives à Inga III tout en affirmant être disposée à aider la RDC à fournir une énergie abordable et fiable à sa population. Des dissensions sur l’orientation stratégique à donner au projet seraient à l’origine du différend entre le gouvernement et la Banque mondiale. D’après certaines sources, le « peu de transparence » dans le processus mettant en place la structure censée pilotée le projet, l’Agence pour le développement et la promotion d’Inga III (ADEPI) directement rattachée à la présidence de la République, voir le peu de volonté des autorités d’évaluer les impacts environnementaux et sociaux avant le début des travaux, serait à la base de ce différend.
Impact social et environnemental
Le retrait de la Banque mondiale lors la phase de faisabilité constitue un nouvel obstacle dans la réalisation de cet ambitieux projet. Toutefois, le financement des études d’impact social et environnemental est prévu dans le cadre de l’appui que la Banque africaine de développement (BAD) octroie à la RDC pour la construction d’Inga III (35 millions de dollars). La solution adoptée par les autorités congolaises consiste à demander au consortium gagnant le marché concessionnaire Inga III de préfinancer ces études. Les deux consortia encore en concurrence, l’un chinois (China Three Gorges Corporation et SinoHydro) et l’autre espagnol (ACS et Eurofinsa) doivent se mettre ensemble, selon le contrat qui a été signé en décembre 2016 pour un lancement des travaux en 2017.
La RDC est sous la pression de l’accord qui la lie légalement à l’Afrique du Sud qui achèterait 2 500 MW des 4 800 MW que devrait produire Inga III à partir de 2021. Ce contrat permettra d’assurer une bonne partie de la rentabilité de l’investissement estimé à 12 milliards de dollars, un montant qui restera encore à mobiliser une fois le consortium sélectionné. Si ce projet venait à être réalisé, le site d’Inga, composé de Inga I, II et III, auquel s’ajoutera plus tard une 4è phase baptisée « Le Grand Inga », pourrait fournir au final jusqu’à 40 000 MW, soit l’équivalent de 24 réacteurs nucléaires de troisième génération. Par ailleurs, un accord a été signé entre la RDC et un consortium chinois permettant le lancement des travaux du barrage de Busenga située dans le sud-est de la RDC (240 MW d’un coût estimé à 660 millions de dollars selon Bloomberg). Ce barrage devrait combler une partie du déficit en énergie que subissent les entreprises du secteur minier du sud-est de la RDC. Cependant l’électricité qui devrait en sortir sera prioritairement affectée aux besoins énergétiques de la Sicomines (Consortium chinois).