Les syndicats du secteur privé ont réitéré le jeudi 29 mars un appel commun à la grève dans l’ensemble du secteur à partir du 3 avril.
Ce mouvement prévu de longue date vise à revendiquer l’application du nouveau salaire minimum interprofessionnel (Smig). Tous les salariés de la République démocratique du Congo, qui travaillent dans le privé (ceux du secteur public pourraient leur emboîter le pas), sont appelés à faire grève, ont indiqué à la presse des responsables syndicaux. Le mouvement, aboutissement d’un travail de négociation « depuis un an », devrait toucher notamment tout le pays, ont-ils précisé.
Les syndicats, qui ont déposé un préavis de grève illimité, protestent contre la frilosité du gouvernement à l’application du nouveau Smig. Jusque-là, le 1ER Ministre, Bruno Tshibala Nzenzhe, n’a pas encore signé le décret qui reconnaît le nouveau Smig décidé lors de la dernière session du Conseil national du travail (CNT). Objectif de la grève donc: l’application immédiate du nouveau Smig. Les dirigeants syndicaux se disent « assez confiants » sur la mobilisation.
Début 2017, les syndicats ont appelé le gouvernement à une « convocation en urgence » d’une session (extraordinaire) du CNT. Dans leur cahier des revendications, les syndicats proposaient, entre autres, l’augmentation du Smig net à 15 dollars par jour ; l’annulation de la réforme de l’administration publique en cours et le rétablissement des allocations supprimées sans motif (pour les syndicats des services publics). Mais le gouvernement a fait la sourde, jusqu’au moment où la menace d’une grève générale et radicale s’est précisée.
Selon un protocole d’accord conclu le 6 avril, une session du CNT devait être convoquée le 27 avril 2017. Le CNT étant le « mécanisme légal tripartite de concertation et de dialogue permanent entre le gouvernement, le patronat et les syndicats pour prévenir les conflits sociaux ». Selon les syndicalistes, « ce cadre est absent ». Reportée sine die, le ministère de l’Emploi, du Travail et de la Prévoyance sociale a reprogrammé la convocation de cette session à septembre. Les syndicats rappellent que « le salaire a avant tout un caractère alimentaire ». Avant, un salarié au Smig gagnait (officiellement) 3 dollars par jour, soit 78 dollars par mois. Les syndicats soutiennent que le réajustement du Smig aura pour effet de relancer le pouvoir d’achat des travailleurs et des fonctionnaires en berne depuis des lustres.
Entre le fond et la forme, il y a écart
La revendication des syndicats d’augmenter le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) à 15 dollars par jour n’a pas abouti. Car le gouvernement s’est montré réticent et le patronat frileux. À l’issue des discussions lors de la 33è session du CNT (tenue à l’Institut national de préparation professionnelle ou INPP), présidée par le ministre d’État et ministre de l’Emploi, du Travail et de la Prévoyance sociale, Lambert Matuku Memas, le Smig a été réajusté à 5 dollars, applicable à partir de janvier 2018. Précision : le nouveau Smig sera appliqué en 4 paliers tous les 6 mois, en raison de 25 % par palier, notamment dans le secteur agro-industriel et pastoral. Il est conditionné par la prise des mesures d’allègement.
Par ailleurs, le CNT a décidé de la mise en place des commissions tripartites, chargées d’examiner et statuer sur le taux journalier des allocations familiales par enfant, la quotité saisissable par l’employeur de la contrevaleur du logement et d’annuité ; de faire le lobbying auprès du gouvernement pour la réduction des impôts professionnels sur les revenus (IPR) ; et d’étudier les mécanismes de fonctionnement du nouveau cadre permanent du dialogue social dont les conclusions seront soumises aux travaux du prochain CNT. L’ordonnance-loi sur le Smig devra incorporer ces indicateurs.
Lambert Matuku a promis que le gouvernement mettra tout en œuvre pour faciliter l’accès aux mesures d’accompagnement en vue d’une « applicabilité efficace et efficiente du Smig ». D’après lui, tous les Congolais portent un intérêt sur l’amélioration des conditions de travail en général et surtout sur le pouvoir d’achat de la masse laborieuse, en particulier. Les syndicats attendent de voir. De leur côté, les patrons rechignent. Ils estiment que le nouveau Smig est comme une corde au cou dans le contexte économique actuel.