Le FPI va créer des incubateurs et des centres d’excellence pour les femmes et les jeunes

C’est un pas vers la bonne direction, a confié une participante à l’issue de l’atelier que le FPI a organisé à Kinshasa (12-13 avril) sur la promotion de l’entrepreneuriat féminin et celui des jeunes. Pour le DG du Fonds, ces assises arrivent à point nommé pour appuyer les initiatives du gouvernement et du secteur privé.

 

Le Fonds de promotion de l’industrie (FPI) a défini une nouvelle approche de son intervention afin d’« assurer une meilleure réalisation des projets à caractère industriel en RDC et de promouvoir la classe moyenne ». Cette nouvelle politique s’appuie sur 5 piliers : une stratégie d’identification des opportunités d’investissements privés, le développement et le financement des chaînes de valeur, la construction des incubateurs et des centres d’excellence, l’appui à l’entrepreneuriat féminin et la participation au financement des infrastructures structurantes en accompagnement des initiatives du secteur privé.

Selon le directeur général du FPI, Patrice Kitebi Kibol, la mise en place de la stratégie d’identification des opportunités d’investissements privés répond à un souci du management actuel de cet établissement public : financer dans chaque territoire dans les 26 provinces au moins un projet en fonction de ses potentialités. La stratégie en question consiste à identifier des projets et des promoteurs, préparer des études de faisabilité, organiser la conférence des investisseurs et/ou mobiliser les ressources financières extérieures pour accompagner la réalisation des projets du secteur privé et enfin mettre en place des centres d’appui à la mécanisation agricole.

D’après le DG du FPI, pour le moment, quelques opportunités d’investissements privés ont été identifiés, et pour lesquelles les études de faisabilité sont en cours de finalisation dans l’ex-province du Katanga. Ces études portent sur la construction des centrales hydroélectriques dans les provinces du Haut-Lomami et du Tanganyika, et des aires de développement à Kamina, ainsi que sur l’implantation d’une unité de transformation industrielle de produits de la pêche… C’est en raison de l’impact limité des financements accordés jusqu’ici que le management actuel déploie aujourd’hui l’approche basée sur les chaînes de valeur. Laquelle est une option levée par le président de la République, Joseph Kabila Kabange, mais aussi par des organisations régionales comme la SADC et le COMESA.

À propos de la construction des incubateurs et du premier centre d’excellence, les études de faisabilité pour la mise en place (d’ici la fin de 2020) des incubateurs des start-up, à Kinshasa et à Goma, pour mieux accompagner les jeunes ayant des idées de projets dans l’agrobusiness, secteur prioritaire pour le développement du pays, ont été menées par des firmes internationales. Le centre d’excellence de Kinshasa, quant à lui, est en fait un incubateur spécialisé dans la pisciculture. Ces deux projets ont fait l’objet des présentations lors de la seconde journée de l’atelier des deux jours (12-13 avril) destiné aux femmes entrepreneures et aux jeunes entrepreneurs à Pullman Hôtel de Kinshasa. 

Propositions innovantes

Après avoir validé en interne les principaux axes de la nouvelle politique d’intervention du FPI, Patrice Kitebi a dit que la convocation de ces assises s’est imposée au FPI. C’est pourquoi, le management a estimé « nécessaire » d’enrichir la réflexion menée en interne avec « les savoirs et les expériences accumulés par les uns et les autres ». Et c’est la raison pour laquelle le FPI attendait de cet atelier une « masse critique » de réflexions innovantes sur le financement des start-ups, qui inclut aussi la création des incubateurs de PME et l’appui aux associations de femmes. Question d’affiner la stratégie. Donc, de cet atelier, le FPI attendait des propositions innovantes pour relever le défi de la transformation socioéconomique de notre société. 

Dans ce combat, le FPI s’engage à augmenter le volume de son appui financier en faveur des initiatives des femmes et à mobiliser des ressources additionnelles pour les aider à développer leurs affaires. Pour le DG Kitebi, en ce moment où la RDC fait face aux « enjeux de la relance économique dans un contexte sociopolitique difficile », cet atelier vient à point nommé pour « appuyer les initiatives du secteur privé et du gouvernement dans la dynamisation du potentiel entrepreneurial féminin et de la jeunesse ». D’après lui, ce potentiel demeure « insuffisamment exploité », alors que nous devrions nous y appuyer davantage pour « gagner la bataille de la lutte contre la pauvreté ». 

En effet, a déclaré le DG du FPI, le développement économique du pays reste entravé par « la faiblesse des performances du secteur productif » bloqué par des facteurs de divers ordres. Patrice Kitebi a brossé un tableau pas très reluisant de l’économie nationale qui est caractérisée depuis longtemps par des « déséquilibres et des goulots d’étranglement ». Ces derniers, a-t-il souligné, « pérennisent sa fragilité, empêchent un décollage franc de l’activité économique et expliquent le niveau extrêmement bas des indicateurs de développement humain. » Selon des statistiques dignes de foi, la pauvreté globale affecte plus de 71 % de la population totale de la RDC, et un peu plus de 50 % des ménages n’arrivent pas à subvenir à leurs besoins alimentaires.

Le constat du terrain

Par ailleurs, a-t-il poursuivi, « la précarité extrême a poussé nombre de nos concitoyens à développer des stratégies de survie », ce qui explique que plus de la moitié de la population est constituée des petits entrepreneurs. Ce sont souvent des femmes, qui, pour essayer de survivre, gèrent des petites activités génératrices de revenus, en plus de s’occuper de leur foyer et de leurs enfants. La réalité du terrain est que ces « petits entrepreneurs » sont généralement exclus du système bancaire classique, ce qui les empêche d’acheter suffisamment de marchandises ou d’outils pour développer leurs activités de façon rentable, et ne leur permet pas également d’épargner suffisamment.  

Le DG du FPI constate que dans les durs moments que le pays a traversés, ces dernières années, « les femmes ont su démontrer leurs capacités entrepreneuriales, aidant à préserver la cohésion familiale et sociale ». Loin de baisser les bras, à Kinshasa comme en provinces, « meurtries par des conflits armés », elles ont su relever le défi en « retroussant les manches » et en se mettant résolument à la tâche pour travailler. « Elles ont courageusement poursuivi leurs activités commerciales, en ville comme en campagne, certaines créant même aujourd’hui des unités de production industrielles en vue de satisfaire aux besoins des populations », a souligné Patrice Kitebi.

Qui a également reconnu en la jeunesse congolaise « une force positive, montrant une créativité incommensurable qui s’observe à travers les nombreuses initiatives de production de biens et de services en faveur de la population ». Reste que « les structures d’encadrement, d’appui et de formation en faveur des jeunes entrepreneurs potentiels demeurent assez limitées pour les aider à acquérir les qualités managériales et le capital d’amorçage nécessaires à la création et au développement de leurs affaires », a-t-il déploré. Selon la Banque mondiale, les jeunes représentent 60 % des chômeurs en Afrique et 85 % des petites entreprises (PE) souvent créées par des jeunes, ne survivent pas à leur deuxième année d’activité.

Comme l’a dit le DG du FPI, en RDC « le spectacle désolant des jeunes qui traînent à longueur de journées dans les coins de rue, faute de travail, devient de plus en plus inacceptable, tant il donne la mesure du potentiel qui est ainsi gâché du fait de l’insuffisance des mécanismes adaptés pour les aider à se prendre en charge et à se rendre utiles à la société ». Dans l’Est du pays en proie à des conflits, plusieurs jeunes désœuvrés, des enfants parfois, ont succombé aux « sirènes de l’argent facile proposé par les groupes armés pour les enrôler aisément dans leurs sinistres agendas ».

Rien à faire, dans le secteur informel où tant de jeunes s’investissent, il y a d’innombrables potentialités relevant de la petite industrie, de l’artisanat de prestation de services, du transport, du micro-commerce ou encore de la récupération. Tout cela, a insisté Patrice Kitebi, témoigne d’une « inventivité et d’un savoir-faire sans pareil ». De même, dans les universités et instituts techniques fourmillent souvent des idées de projets novateurs que le FPI voit à travers certaines demandes de subvention qu’il reçoit. « Toutes ces réalités attestent bien de l’existence d’une base entrepreneuriale dont la structuration et l’encadrement peuvent contribuer à créer des emplois stables et permettre la transition de la micro-entreprise informelle à la PME industrielle.