Selon la Direction générale des recettes administratives, judiciaires, domaniales et des participations (DGRAD), la taxe relative à l’autorisation d’implantation des unités éoliennes a rapporté, en juin 2017, quelque 1 946 558 francs alors même que le ministère de l’Énergie et des Ressources hydrauliques, comme les années précédentes, n’y avait pas prévu des prévisions budgétaires. Pareil pour 2018.
Potentiel et technologie
Il sied, en effet, de rappeler que l’instauration de la taxe sur l’implantation des unités éoliennes fait polémique depuis 5 ans. Pour d’aucuns, le gouvernement a établi un impôt direct sur l’utilisation du vent libre comme source d’énergie et aurait, par conséquent, remis en cause le droit naturel. Fin décembre 2017, le secrétaire permanent adjoint de la Commission nationale de l’énergie (CNE), André Kabwe Bibomba, avait indiqué que la RDC disposait d’une possibilité de recourir aux énergies renouvelables, dans un partenariat public-privé, afin de résorber son déficit en énergie électrique.
Mais toutes ces formes d’énergie sont jusque-là non encore maîtrisées, suite notamment au manque d’intérêt de la société congolaise et à la faiblesse du potentiel éolien en RDC. Dans un rapport sur les énergies renouvelables, justement, le Comité de pilotage de la réforme des entreprises publiques (COPIREP) a soutenu que la RDC ne peut pas développer une unité de transformation de l’énergie éolienne du fait que la plupart des régions du pays se situent en-dessous de la vitesse de démarrage des éoliennes rapides qui est de 5m/seconde.
Expérimentation à Inongo
Pourtant, grâce au concours technique de la firme italienne Zloty, la ville d’Inongo, dans le Maï-Ndombe, sert de site pilote national de l’électrification par énergie éolienne. Des données anémométriques ont été concluantes et le projet est en cours d’exécution depuis quelques mois. Selon des ingénieurs italiens à l’origine du projet, l’éolienne peut produire de l’énergie pour la vitesse du vent comprise entre 5 m/s et 25 m/s, voire au-delà. Le parc éolien sera, en effet, composé des turbines éoliennes qui vont transformer l’énergie cinétique du vent en électricité.
Techniquement, le rotor qui est constitué des lames, est connecté à un concentrateur et transmet le mouvement directement au générateur électrique, situé entre le rotor et la nacelle. Le projet s’étendra, en effet, sur une zone de collines loin des zones habitées. Il disposera également des conduits souterrains pour relier les différentes stations et la connexion réseau à haute tension-bas pour les services publics de la ville. Même l’éclairage public, composé de poteaux d’éclairage et susceptibles de soutenir des lampes au sodium à pression, sera assuré, rassure les ingénieurs italiens. Des expérimentations de l’énergie éolienne ont également été tentées avec succès par des scientifiques à Muanda sur le littoral, dans la province du Kongo-Central, et à Goma et Rutshuru, dans le Nord-Kivu.
Dans le cadre de la sécurité alimentaire et de l’exportation des produits vivriers, l’expert en énergie électrique et en techniques rurales, Patrick Lomanga, préconise d’ailleurs que les étendues de terres puissent être utilisées pour l’agriculture et l’élevage modernes qui font appel à l’électricité. Par exemple, souligne-t-il, les savanes entre Kinshasa et Bandundu/ville, celles du district du Kwango au départ de Kenge jusqu’à Kasongo-Lunda, voire au-delà, ou encore celles du Katanga, ainsi que les collines du Kivu doivent bénéficier de la filière éolienne. Qui permet de produire en abondance une énergie propre sans émissions des polluants, comme le CO2, associée aux sources fossiles. « Cette énergie propre est en train de gagner du terrain. L’éolienne permet des micros réalisations qui contribuent à améliorer la santé et la qualité des vies des populations, grâce notamment à un meilleur accès à l’eau potable », fait-il remarquer. En Europe, selon une évaluation de l’Union européenne (UE) qui date du 14 février 2018, près de 15,7 GW de nouvelles capacités éoliennes ont été installées en 2017, soit 20 % de plus qu’en 2016. Selon WindEurope, association européenne représentant la filière, environ 80 % de ces nouvelles capacités sont concentrées à terre mais les installations en mer en 2017 ont doublé en puissance par rapport à 2016.
Tendances mondiales
En matière de puissance installée, l’Allemagne est encore le pays où l’éolien s’est le plus développé en 2017, avec 6,6 GW de nouvelles capacités (portant la puissance du parc éolien allemand à 56,1 GW à fin 2017), devant le Royaume-Uni (4,3 GW de nouvelles capacités ; 18,9 GW à fin 2017) et la France (1,7 GW ; 13,8 GW à fin 2017). Ces puissances doivent être rapportées aux facteurs de charge (variant d’une énergie à une autre et d’une installation à une autre) afin de connaître le volume d’électricité produit in fine.
Le parc éolien de l’UE, dont la puissance cumulée a dépassé 169 GW à fin 2017, a produit 336 TWh en 2017, soit l’équivalent de « 11,6 % de la demande électrique moyenne de l’UE », selon WinEurope. Au Danemark, la production éolienne de 2017 équivaudrait même à 44 % de la demande électrique nationale (cette production n’intervenant toutefois pas nécessairement aux heures de consommation). Cette statistique représente le total de la puissance éolienne cumulée dans le monde de 1995 à 2017, en MW. Durant cette période, la puissance éolienne mondiale a été multipliée par 100, de moins de 5 000 MW en 1995, à plus de 500 000 MW de puissance estimée en 2017.
N’en déplaise à Donald Trump qui ne croit pas aux énergies renouvelables et raille régulièrement les « moulins à vent » qu’il qualifie de « désastre environnemental et esthétique », le pays de l’Oncle Sam constitue toujours le deuxième grand marché de l’éolien dans le monde et accumule d’immenses projets visant à capter au maximum l’énergie du vent. Le vent, c’est 5,5 % de l’électricité américaine. Les États-Unis représentent ainsi 17,2 % de la capacité mondiale d’énergie éolienne.