Même s’il ne commercialise plus le modèle incriminé, le sud-coréen Samsung, devra payer 533 millions de dollars à l’américain Apple pour avoir « copié » son iPhone et 5 millions autres pour l’usage de certaines fonctions de cet appareil. C’est le dénouement du procès qui les opposait devant la justice américaine. Celle-ci semble avoir donné raison à Apple qui avait argué tout au long de ce procès que le design de ses smartphones était essentiel.
Comme on peut le constater, la justice américaine a imposé une amende jugée finalement médiane, puisque Apple réclamait un peu plus d’un milliard de dollars quand Samsung était disposé à dédommager son concurrent à hauteur de 28 millions.
La décision de la justice américaine était très attendue car elle pourrait constituer un cas de jurisprudence en considérant qu’un téléphone intelligent est considéré comme « un objet de design », estiment des spécialistes.
« Nous ne pensons pas que ce procès en ait apporté la preuve », a réagi pour sa part l’avocat de Samsung, John Quinn, après le verdict. Il a précisé au juge que le groupe sud-coréen ferait une requête pour contester la décision du jury.
Contester, ligne de défense
Les deux colosses, qui détiennent actuellement à eux deux environ 35 % du marché mondial, s’affrontent sur cette question de violation de brevets depuis sept ans. En 2011, un premier procès avait déjà donné raison à Apple, condamnant alors Samsung à payer 400 millions de dollars. Mais la société sud-coréenne avait contesté ce verdict. Leur querelle était alors remontée jusqu’à la Cour suprême des États-Unis qui a annulé en 2016 la sanction de 400 millions de dollars, renvoyant le dossier dans le système judiciaire ordinaire. Dans ce nouveau procès, le jury était appelé à déterminer si les éléments de design copiés par Samsung justifiaient le versement de la totalité des bénéfices engrangés avec le modèle de smartphone litigieux ou seulement d’une partie de cette somme car il ne s’agissait que de composants. « Samsung ne dit pas qu’il ne doit pas payer. Il dit juste qu’il n’a pas à verser tous les profits tirés du téléphone », a souligné John Quinn, au dernier jour du procès à San José (Californie, Ouest), en pleine Silicon Valley.Trois brevets d’Apple étaient concernés, portant notamment sur la face rectangulaire avec des bords arrondis du smartphone et sur les icônes colorées rangées sur un écran noir. Les jurés ont estimé que ces icônes colorées représentaient le téléphone lui-même.
Également en jeu dans ce choc des titans version « tech », la fonction qui permet de tapoter sur l’écran pour zoomer dans une image. « Nous envisagerons toutes les options pour obtenir une décision qui ne compromette pas la créativité et la concurrence loyale pour toutes les entreprises et les consommateurs », a réagi Samsung dans une déclaration écrite à l’AFP. « Au centre de cette affaire, c’est le design, et l’application de ce design aux smartphones », a déclaré Joseph Mueller, avocat d’Apple. Quand une entreprise copie le design d’un concurrent, « les dés sont pipés, et ce n’est tout simplement pas juste », a-t-il insisté. Pour la marque à la pomme, qui tire aujourd’hui plus de la majorité de ses revenus de l’iPhone, le smartphone était un projet à « quitte ou double » et, en termes de protection par un brevet, son design est aussi important que l’appareil lui-même. Apple n’a pas souhaité commenté immédiatement cette décision de justice. Cependant, pour un autre avocat d’Apple, Bill Lee, c’est comme si un autre constructeur automobile avait copié le look de la célèbre coccinelle, l’emblématique voiture aux formes arrondies de Volkswagen, pour mettre un modèle concurrent sur le marché.
Depuis le début de l’affaire, la question de la valeur des brevets relatifs au design a créé un clan pro-Samsung, composé de grands noms du secteur technologique (Google, Facebook, Dell, Hewlett-Packard), tandis qu’Apple a rallié à sa cause le monde de la création et du design, certains citant des précédents comme la forme de la bouteille de Coca-Cola. Pour le secteur technologique, cette décision en faveur d’Apple pourrait entraîner de nombreux autres contentieux.