Selon des sources concordantes, les pays membres de l’Organisation des producteurs et exportateurs de pétrole (OPEP) ont pompé 31,87 millions de barils par jour en mai, soit une augmentation de 35 400 barils par jour par rapport à avril. Selon des sources indirectes rapportées par l’OPEP dans son rapport mensuel, ce chiffre cache de fortes disparités. La production a en effet décru au Nigeria, en Libye et au Venezuela, ces deux derniers pays continuant de souffrir de troubles politiques. Elle a en revanche progressé en Arabie saoudite (+85 500 barils par jour), en Algérie et en Irak. La production iranienne a pour sa part légèrement progressé, signe qu’elle n’est pas affectée pour l’instant par l’annonce du retour des sanctions américaines.
Le sommet de Vienne attendu
L’OPEP et ses partenaires hors cartel – dont la Russie – sont liés par un accord de limitation de leur production entré en vigueur début 2017, ayant pour but de soutenir les cours. Les pays concernés doivent discuter de l’avenir de leur accord le 22 juin à Vienne. La Russie a pour sa part maintenu inchangée sa production d’hydrocarbures liquides (pétrole brut et gaz naturel liquéfié) en mai par rapport à avril et mars, selon le rapport. L’agence russe Interfax, citant une source ayant connaissance de ces données, a affirmé que la Russie avait modéré ses efforts et dépassé son quota de production sur la première semaine de juin. « Des producteurs membres ou non de l’OPEP n’ont pas respecté les objectifs fixés », avait déploré l’Irak dans la foulée.
Les prix du pétrole montaient légèrement la semaine dernière en cours d’échanges européens dans un marché prudent à l’approche de la réunion de l’OPEP et de ses partenaires. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août a valu 76,76 dollars sur l’Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 30 cents par rapport à la clôture de lundi 11 juin. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de « light sweet crude » (WTI) pour le contrat de juillet prenait 20 cents à 66,30 dollars. « La réunion de l’OPEP aura lieu dans plus d’une semaine, mais les paris sur la décision qui sera prise dicte la direction des prix », a résumé Tamas Varga, analyste chez PVM.
Depuis début 2017, l’OPEP et dix autres producteurs, dont la Russie, limitent leurs extractions, dans le but de compenser une production abondante des États-Unis et garder le marché à l’équilibre. Mais alors que l’offre mondiale pourrait être réduite par les problèmes de production du Venezuela et les sanctions américaines contre l’Iran, l’Arabie saoudite et la Russie ont dit vouloir mettre sur la table une hausse des seuils de production. « Les marchés se préparent à une réunion où les participants ont l’air d’être fondamentalement opposés », a commenté Benjamin Lu, analyste chez Phillip Futures.
L’Irak et l’Iran, notamment, n’ont pas énormément de marge de manœuvre pour augmenter leurs productions, et préfèreraient voir l’effort de l’OPEP et de ses partenaires continuer pour maintenir les prix à un niveau élevé.
Les marchés prendront connaissance en cours de séance du rapport mensuel de l’OPEP, qui indiquera justement à quels niveaux se situent les productions de ses membres et quelles sont les prévisions du cartel sur la demande mondiale à quelques jours de la réunion.