Accroissement des recettes en dépit de la fermeture du parc de Virunga

L’informatisation et la révision à la baisse du FPT de 30 à 15 dollars ont boosté le secteur touristique congolais alors même que le parc de Virunga est fermé, voilà six mois.  

Le Fonds de promotion du tourisme (FPT) est une redevance perçue à travers les titres de voyage des vols internationaux et conformément aux normes de l’Association internationale des transporteurs aériens (IATA). Sa révision à la baisse visait, selon Franck Mwe di Malila Apenela, le ministre du Tourisme, à « renforcer l’accessibilité du pays au projet d’implémentation d’un système de visa électronique ». 

Des pourparlers sont, en effet, en cours pour qu’à moyen terme un package touristique incluant l’hébergement, le billet d’avion et la mobilité intra et inter-sites touristiques soit proposé aux touristes. Le ministère du Tourisme a notamment levé l’option de procéder à la taxation de tous les billets électroniques (entrées et sorties) émis et vendus. 

Pour la période 2018-2020, la politique du gouvernement dans le secteur du tourisme vise à renforcer des capacités institutionnelles à travers l’amélioration de la gouvernance administrative et technique ; promouvoir et développer le tourisme, et construire des infrastructures d’accueil. Elle vise aussi à réhabiliter et aménager des sites touristiques, actualiser le plan directeur national pour le développement du tourisme en RDC (y compris la cartographie touristique du pays), mais également la promulgation d’une loi-cadre régissant le secteur, l’amélioration des statistiques du secteur et le lancement d’un compte satellite du tourisme pour mieux suivre les progrès et adapter les politiques sectoriels. 

Virunga en mode veille

Cependant, le parc de Virunga demeure et restera pour longtemps la principale attraction du tourisme congolais. Hélas, les activités touristiques dans le parc sont suspendues depuis le mois de janvier pour des raisons de sécurité. 

Le ministre du Tourisme relativise l’impact financier de la fermeture du parc de Virunga. La suspension momentanée des activités en attendant l’amélioration de la situation sécuritaire dans cette partie du pays, n’aura pas de conséquences sur la RDC, a soutenu Franck Mwe-di Malila Apenela, tout en soulignant que la RDC est « fréquentable ». 

Outre le parc des Virunga, le pays dispose d’autres destinations qui retiennent l’attention des touristes, notamment les sites des Bonobo et lac de Ma vallée à Kinshasa, les parcs de Garamba, Upemba, Kahuzi-Biega, Kudelungu, Maiko, Mangroves, de la Lomami (en cours de création) et de Salonga ainsi que les domaines et réserves gérés par l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN), couvrant 10,47 % du territoire national. 

Éternel Virunga

Pour l’exercice 2018, le ministère du Tourisme escompte réaliser au moins 83.3 milliards de francs. Et selon l’ONG WWF, le parc des Virunga aura rapporté entre 1925 et 2012, quelque 49 millions de dollars. Ce parc pourrait atteindre des revenus de plus d’un milliard de dollars par an, estime WWF. Et 45 000 emplois pourraient être créés dans le secteur de tourisme, de la pêche mais aussi au niveau du potentiel hydraulique important du site. Selon la revue américaine Forbes, la RDC pourra prendre la troisième place touristique du monde à la prochaine décennie. Curieusement, l’Institut congolais de la conservation de la nature (ICCN), qui s’était opposé au projet de l’État d’exploiter le pétrole dans le parc du Virunga, n’est d’aucune utilité pour les finances publiques. Alors qu’il ne verse rien au budget de l’État, l’ICCN a quand même eu droit à 500 millions de francs au minimum pour l’exercice 2017.  

L‘ICCN compte 2 953 agents dont l’enveloppe salariale supportée par le Trésor public pour 2018 se chiffre à 2 888 521 644 FC. L’institut dispose encore au minimum de 100 millions de francs pour ses interventions économiques, sociales et culturelles. Et les partenaires extérieurs financent à hauteur de 1 169 114 471 FC la réhabilitation du réseau routier à travers des parcs nationaux. Déjà en 2017, l’ICCN et d’autres structures créées au gré des financements par des partenaires extérieurs se seraient partagés un don de l’Union européenne de plus de 216 milliards de francs. L’État n’aura aucun rond à quelque titre que ce soit. 

Office national du Tourisme  

L’essentiel des recettes que la RDC tire de ses parcs, a-t-on appris, viennent du Rwanda où se sont réfugiées les familles des gorilles fuyant les combats entre les forces loyalistes, les FARDC, et la foultitude de groupes armés se réclamant d’obédience Maï-Maï. « Nous avons eu un arrangement de façon à ce que les revenus que génère cette famille grâce au tourisme soit partagé à parts égales entre la RDC et le Rwanda », a déclaré Augustin Kanyunyi, directeur intérimaire du Programme international de conservation des gorilles. Chaque touriste paie 500 dollars pour visiter une famille des gorilles, selon la même source et cela tous les jours. 

Comme il est de coutume, le montant global de la somme rétrocédée n’a jamais été révélé. Selon un recensement effectué en 2010 conjointement par la RDC, l’Ouganda et le Rwanda dans le massif des Virunga, la population des gorilles y serait de 480 individus (contre 380 lors du précédent recensement en 2003). À ce groupe, s’ajoutent environ 300 gorilles des montagnes de la forêt de Bwindi. Si Kigali soutient verser à la RDC 50 % des recettes qu’il perçoit lors de la visite des gorilles congolais par des touristes, dans le budget de l’Etat, cet argent ne figure nulle part. Comme en 2015 et 2016, l’Office national du tourisme (ONT) n’a rien versé en 2017 au Trésor public. 

Toutefois, le secrétaire général au Tourisme, Ali Kapaya Baruani, s’est félicité, mi-juin, que les recettes de son secteur aient connu une évolution exponentielle au cours du mois d’avril, en comparaison à avril 2017. Cette augmentation a été ressentie depuis le lancement de la numérisation des agences de voyage à travers la ville de Kinshasa et au niveau de la rétrocession et de la prime moyenne de 150 000 FC par agent, soit dix fois plus qu’avant la télé-déclaration.

E-Tourisme

La numérisation, a dit Ali Kapaya, est un vaste projet d’informatisation des procédures pour l’exercice des métiers liés au secteur du tourisme. Il a souligné que ce processus a pour objectif final de faire migrer le secteur du tourisme de l’usage manuel vers l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication tant dans le processus d’octroi des autorisations que dans le paiement des droits, taxes et redevance.

Dans le même cadre, le secrétaire général au Tourisme a soutenu que la télé déclaration des redevances sur les billets d’avions, opérée au cours du mois d’avril, a permis aux partenaires du réseau international de transport aérien de palper le bienfondé de la numérisation suite à la dématérialisation de la procédure qui leur exigeait beaucoup d’efforts et de moyens pour une simple déclaration. 

« Pour y parvenir, dans un secteur touristique où l’informel occupe une place de choix, le ministre du Tourisme, Mwe di Malila Apenela, a estimé avec son administration de débuter par un secteur qui fonctionne essentiellement avec l’outil informatique, d’où le choix du secteur de voyage », a dit Ali Kapaya Baruani. Il a souligné que les démarches sont en cours pour que d’autres branches, notamment l’hôtellerie, la restauration et les sites touristiques soient aussi prises en charge par la numérisation.