L’industrie pétrolière relève du domaine des industries extractives et donc une industrie lourde aussi bien dans son investissement que dans sa mise en activité. Elle se subdivise schématiquement en amont (exploration-prospection, développement et production) et en aval (raffinage et distribution).
L’exploration et la production ou encore l’extraction du pétrole ont généralement une durée de 15-20 ans. Cette étape est normalement suivie de la phase de développement (3 à 4 ans) qui nécessite des investissements très importants. Quant à la phase d’aval, elle dure normalement 25-35 ans.
L’exploitation dans le bassin côtier
Jusque-là, c’est sur le bassin côtier que le pétrole de la République démocratique du Congo est produit. La compagnie pétrolière Perenco Rep Sarl opère à Muanda (siège d’exploitation) dans le Kongo-Central où elle est présente depuis les années 2000. Mais l’exploitation du pétrole à Muanda remonte à une quarantaine d’années. Perenco s’est dotée d’un rig Nuada, une plateforme de forage en eau jusqu’à 10 km (110 m de haut, 40 m de largeur et 800 m de longueur, capacité d’accueil : 100 personnes). Acquis à plus de 70 millions de dollars, cette installation va booster la production de cette compagnie de quelque 5 000 barils/jour et, in fine, apporter quelque 2 millions de barils supplémentaires en 2018.
Le directeur général de Perenco Rep Sarl, Adrien Broche, souligne que le rig Nuada est appelé à accroître la production offshore à travers un nouveau plan d’action.
Dans ce cadre, le rig Nuada va corriger 11 puits qui existent depuis plus de 40 ans. Il va également réaliser des 9 nouveaux forages déviés à partir de ces puits pour dénicher les meilleures zones de production dans les réservoirs considérés comme difficiles.
Dans la campagne en cours, Perenco a déjà foré 24 puits en onshore (dans l’espace terrestre par opposition à offshore), qui produisent autour de 200 barils/jour. Les acquisitions sismiques actuelles datent d’au moins 30 ans et leur retraitement en cours permettra de relancer la production onshore. Une nouvelle campagne de forage à terre démarre en avril et concerne environ 20 nouveaux puits. Bref, la compagnie pétrolière affiche une vision prospective. Preuve : la prochaine campagne offshore 2019-2020 dans laquelle Perenco a prévu l’exploration de nouveaux réservoirs.
La concession offshore (extracôtier, en haute mer, au large de la côte) est en exploitation depuis 1972. Il faut d’importants investissements pour assurer la production pendant encore de nombreuses années. Perenco doit relever le défi de la modernisation de ses équipements en vue d’optimaliser sa production. C’est dans cette perspective que la compagnie a entrepris des « travaux d’intégrité » sur les vieilles installations, notamment dans la zone de Moko East.
L’avenant n°8 de la CPP 175
Au regard des résultats des explorations sismiques, Perenco devra investir davantage pour bien s’équiper, pensent des spécialistes. Le rig Nuada vient donc s’ajouter au tanker Kalamu capable de stocker jusqu’à 1 million de barils. Adrien Broche assure que sa compagnie en est bien consciente. Le rig Nuada, par exemple, va permettre à Perenco Rep d’engranger quelque 130 millions de dollars additionnels si le baril de pétrole se maintient à 65 dollars sur le marché international. D’après lui, Perenco Rep va produire 27 000 barils/jour au lieu de 22 000 pour le moment.
Perenco exploite le pétrole en onshore depuis seulement 2000 et en offshore à partir de 2004. Après 4 ans des négociations, la compagnie a signé avec le gouvernement, en octobre 2017, l’avenant n°8 à la convention offshore 175 (exploration et exploitation), validé par une ordonnance du président de la République. La concession offshore a été donc renouvelée pour une durée de 20 ans, soit jusqu’en 2043, pour un montant de 1,5 milliard de dollars.
Le volet social de l’avenant
Perenco Rep Sarl s’est engagée à construire, à moyen terme, des infrastructures, notamment des écoles et 10 km d’asphalte. En effet, il n’y a à Muanda qu’une seule artère asphaltée en piteux état, en fait, le prolongement de la route nationale RN1. Perenco s’est aussi engagée à investir dans l’agriculture et la foresterie. Depuis une dizaine d’années, Perenco fait une donation de quelque 210 000 dollars par an aux œuvres sociales. Cette donation est jugée « insignifiante », c’est-à-dire non à la hauteur de besoins sociaux de la communauté locale par les notables politiques et sociaux de la province. Qui dénoncent que la ville de Muanda demeure sans eau potable ni électricité.
Par ailleurs, ils chargent violemment le gouvernement qui ne reverse pas la part des recettes pétrolières (10 %) à la province et à la ville. Malgré le code des hydrocarbures de 2015, la cité côtière ne bénéficie de rien de structuré. Il y a quelques années, la compagnie SOCO a consenti d’apporter sa contribution à la modernisation de Muanda à travers une donation des 600 000 dollars par an. Bref, le gouvernement espère que le nouvel investissement de Perenco va créer beaucoup d’emplois pour la population locale.