Tout dépendra de la volonté politique des autorités, de leur capacité à travailler davantage et à répondre à la forte demande sociale en matière d’emploi. Sans réponse de leur part, les risques d’explosion sociale, déjà évidents, seraient accrus. Avec plus de 48 % des personnes âgées de moins de 15 ans, la République démocratique du Congo a l’une des populations les plus jeunes au monde. La situation de cette classe d’âge reste directement liée à l’éducation. Selon des rapports des ONG, environ 31 % des enfants de 6 à 14 ans ne fréquentent pas l’école alors que les données officielles font état de plus de 90 % des enfants scolarisés au primaire. La plupart des jeunes ayant achevé leurs études sont mal ou peu préparés à la vie active et occupent des emplois précaires.
La prégnance du secteur informel
Selon l’Organisation internationale du travail (OIT), sur les quelque 73 millions d’emplois qui ont été créés entre 2008 et 2015 en Afrique, seulement 13 millions pour les 15-24 ans. Les jeunes sont en situation de sous-emploi permanent dans le secteur informel, où la productivité et la rémunération sont faibles.
En RDC, le taux d’activité des jeunes de moins de 25 ans est de 23,9 % en milieu urbain et de 40,4 % en milieu rural. Tout présage que la situation pourrait être pire dans d’ici à 2025. La croissance économique actuelle reste largement dépendante des industries extractives. Sans stratégie active d’utilisation intensive de la main-d’œuvre, la jeunesse, nombreuse et peu qualifiée, se trouve largement exclue.
À moyen terme, cela impose aux responsables économiques de prendre en compte ces jeunes qui arrivent de plus en plus nombreux, souvent sans qualifications, sur le marché de l’emploi. C’est encore loin d’être le cas. À long terme, les enfants d’aujourd’hui doivent être éduqués et qualifiés pour produire, et non seulement faire partie de la classe moyenne des consommateurs. En RDC, les problèmes se révèlent plus complexes que la seule question de chômage. Ils touchent aussi à la restauration de la paix et de la sécurité. Cela impose de renverser les tendances actuelles.
Par exemple, investir et transformer les matières premières sur place relèvent de l’urgence. La diversification de l’économie est aussi une réalité d’évidence. Ce sont des mesures politiques prioritaires pour l’économie, avec une éducation orientée vers la formation du capital humain et des mesures de bonne gouvernance.
Construire le futur
Il s’agit de configurer la jeunesse pour qu’elle puisse gagner ce défi. La construction de l’avenir dépend de l’implication réelle des partenaires techniques et financiers ou de ceux du développement, en plus du secteur privé, dans la promotion des agro-industries et de l’agriculture. Bref, il faudrait diversifier l’économie pour en assurer la résilience.
Le débat sur la diversification économique est souvent focalisé sur la réduction de la dépendance envers les industries extractives ou sur l’augmentation du contenu local et de la valeur intérieure produite par l’extraction minière. Pourtant, une autre opportunité de diversification est moins fréquemment évoquée. Il s’agit de l’encouragement des opérations minières à différentes échelles.
Dans son rapport sur la situation économique et financière du Congo (2015), la Banque mondiale a souligné la nécessité de formaliser et de développer les petites exploitations minières artisanales. D’après cette institution financière internationale, elles peuvent contribuer à la création de nombreux emplois directs et générer ainsi des revenus pour les ménages, l’État et les collectivités locales. La Banque mondiale estime à environ deux millions le nombre de personnes directement employées dans l’exploitation minière, soit le chiffre le plus élevé en Afrique subsaharienne.
La RDC se place devant le Zimbabwe qui compte 1 million de mineurs artisanaux. Des enquêtes auprès des ménages montrent que 2,5 % de la main-d’œuvre active âgée de 15 à 64 ans, soit plus de 550 000 personnes, travaillent dans le secteur minier, dont 450 000 comme activité principale. Les femmes représentent 5,5 % des mineurs et constituent environ 40 % des mineurs dans les zones d’exploitation artisanale.