LA CAPITALISATION boursière de l’entreprise a dépassé le seuil symbolique des 1 000 milliards de dollars… Apple est devenu le premier groupe privé à passer le cap de ce que les Américains, qui utilisent l’échelle courte des grands nombres, appellent un trillion de dollars. Cette barre symbolique de la capitalisation boursière a été franchie quand l’action Apple a atteint le prix de 207,05 dollars à Wall Street.
Si quelqu’un voulait racheter toutes les actions Apple, il devrait donc débourser 1 000 milliards de dollars. C’est autant que les dix plus grandes entreprises du CAC 40 cumulées en France et deux fois le PIB de la Belgique. La compagnie publique chinoise PetroChina avait brièvement franchi ce seuil des 1 000 milliards en 2007 lors de son introduction en Bourse, mais était vite redescendue. En 1999, Microsoft avait atteint 613 milliards de dollars, soit, avec l’inflation, 927 milliards de dollars d’aujourd’hui.
Au bord de la faillite en 1997
Apple a gagné cette course symbolique – il n’y a aucune récompense, c’est juste un nombre rond -, d’autres géants américains la talonnent : Amazon (877 milliards de dollars), Google (852 milliards) et Microsoft (824 milliards).
Pour Apple, il s’agit malgré tout d’une performance remarquable. En 1997, l’entreprise était au bord de la faillite et n’avait plus que trois mois de trésorerie, selon Steve Jobs.
Elle doit notamment sa survie à un investissement de Microsoft de 150 millions de dollars qui garantit la présence d’Office sur le Mac pour cinq ans. Apple lance l’iMac en 1998 puis l’iPod en 2001 et l’iPhone en 2007. Moqué par ses concurrents, son smartphone représente aujourd’hui près de deux tiers d’un chiffre d’affaires annuel qui dépasse les 200 milliards de dollars. Monstrueux. Ses débuts dans un garage californien sont loin. Mac, iPod, iPad, iPhone: le groupe né en 1976 fait désormais partie du quotidien de centaines de millions de consommateurs et la pomme croquée, symbole de la marque, a imprimé son empreinte sur la culture populaire.
Apple a pourtant eu une histoire mouvementée, semée d’échecs, de polémiques mais surtout de succès planétaires qui ont fait sa richesse. Et celle de ses actionnaires. « Bien sûr que je suis fier d’Apple, mais je n’évalue pas le monde avec des choses humaines simplistes, comme les chiffres ronds », a réagi dans son style ironique habituel Steve Wozniak, qui co-fonda Apple avec Steve Jobs, cité par le site d’informations financières Yahoo Finance.
Surtout symbolique, ce cap marque néanmoins une victoire pour le patron actuel d’Apple Tim Cook, lui qui fut accueilli avec un certain scepticisme lorsqu’il prit en 2011 les rênes de la firme de Cupertino, peu avant que Steve Jobs, connu pour son caractère plus que difficile mais considéré par beaucoup comme visionnaire, ne succombe à un cancer. À l’époque, le groupe ne valait « que » 350 milliards de dollars.
Nouveau produit innovant
Sept ans plus tard, même si beaucoup attendent le nouveau produit innovant qui succèdera à l’iPhone, même si le groupe fait face à de nombreuses critiques (impôts, conditions dans les usines de ses sous-traitants chinois, prix de ses appareils…), même si Samsung vend bien plus de smartphones que lui, c’est bien Apple qui est l’entreprise la plus chère du monde. Et peut-être l’une de celles qui fascinent le plus. Avec une base solide d’admirateurs indéfectibles, mais aussi des détracteurs qui voient en lui le symbole du capitalisme triomphant, Apple a toujours déchaîné les passions et fait régulièrement les gros titres. Une image savamment entretenue par le groupe, qui communique peu et cultive la culture du secret, pour la plus grande joie de ses fans, dont beaucoup sont encore prêts à faire la queue des heures pour mettre la main sur le dernier iPhone.
Son histoire mouvementée a aussi contribué à sa renommée. Après avoir frôlé la faillite dans les années 1990, le groupe a su se réinventer plusieurs fois. « Apple est une entreprise extraordinaire », résumait récemment Bill Gates lui-même, patron d’un autre mastodonte historique de la « tech » et éternel frère ennemi d’Apple, Microsoft.
Avec ses produits considérés par beaucoup comme novateurs, voire révolutionnaires, Apple a modifié le rapport à la technologie, en popularisant de nouvelles façons d’écouter de la musique, de pouvoir surfer sur internet à tout moment ou même… de surveiller sa ligne grâce à sa montre connectée.