GÉNÉRALEMENT, explique l’INS, il y a plus d’actifs que d’actives, ce qui se vérifie effectivement en milieu urbain mais pas en milieu rural. L’analyse par classe d’âge montre que l’écart entre les hommes et les femmes est plus marqué en milieu urbain.
Davantage sous-scolarisées, le taux d’activité féminin est de fait plus élevé dans les campagnes avec 69 %, soit trois points de plus que les hommes. Ce qui montre le rôle social prépondérant joué par les femmes qui se partagent entre deux fonctions : la prise en charge de la reproduction interne des unités familiales et une contribution importante au pouvoir d’achat des ménages à travers l’exercice d’une activité économique. Ainsi les femmes passent en moyenne 18 heures par semaine à effectuer des activités domestiques quand les hommes se contentent de moins de 7 heures par semaine, les ruraux effectuant deux heures de plus que leurs homologues urbains.
Cependant, note l’INS, les femmes actives passent plus de temps que les inactives à se consacrer aux tâches domestiques (19 heures versus 15 heures), ce qui traduit clairement le phénomène dit de la « double journée » des femmes qui travaillent.
ituation démographique
Selon les experts de l’INS, le taux d’activité est relatif aux étapes successives du cycle de vie. Ainsi, les taux d’activité croissent rapidement à mesure que les jeunes sortent du système scolaire et s’intègrent dans la vie professionnelle. Le maximum est atteint entre 30 et 49 ans, quel que soit le milieu géographique. L’écart entre le taux d’activité dans la capitale et le taux observé en zone rurale dépasse même 20 points sur cette tranche d’âge. Au niveau national, neuf personnes sur dix âgées de 30 à 49 ans sont actives.
D’après eux, l’analyse de la situation démographique met en avant la jeunesse de la population. Sur l’ensemble de la RDC, les jeunes âgés de 20 ans et moins représentent 39 % de la population en âge de travailler (10 ans et plus). Parmi eux, près du quart (23 %) est actif, la situation étant différente selon le milieu.
Ainsi, à Kinshasa le taux d’activité des moins de 20 ans est le plus faible avec 7,5 % d’actifs, il passe à 12,2 % en milieu urbain hors capitale et enfin à 29,2 % dans les campagnes. Par ailleurs, l’entrée précoce des enfants sur le marché du travail reste un « phénomène préoccupant », en particulier en zone rurale avec 12,5 % de très jeunes actifs, et les filles sont plus touchées que les garçons par ce problème, avec des taux d’activité respectifs de 14 % et de 11 %, selon l’enquête de 2004-2005. Le statut au sein du ménage constitue un autre indicateur du cycle de vie des individus. Ce sont les chefs de ménage qui enregistrent les taux d’activité les plus élevés (92,5 % au niveau national), viennent ensuite les conjoints et les autres membres du ménage et finalement les enfants qui enregistrent les taux les plus faibles (26,6 %).
Cette hiérarchie dans l’insertion sur le marché du travail a sa logique : « la survie des ménages repose avant tout sur le chef de ménage. Ensuite, lorsque cela devient nécessaire, la stratégie consiste à mobiliser le conjoint et les autres membres du ménage ». La participation des enfants est mise à contribution en dernier recours.
L’emprise des « venants »
Enfin, les taux d’activité varient sensiblement suivant l’origine migratoire des individus. Alors que sur l’ensemble de la population totale, 16 % sont des migrants, ces derniers représentent 22 % de la population en âge de travailler et près de trois actifs sur dix. Le taux d’activité des migrants (71,8 %) est systématiquement supérieur à celui des natifs (57,8 %), reflétant l’attraction que représentent les villes en matière d’emploi et donc comme motif de migration. Ainsi à Kinshasa, déjà très important chez les femmes, 20 points de pourcentage séparant le taux d’activité des natives de celui des migrantes, ce phénomène est encore plus marqué chez les hommes, avec 30 points à l’avantage des migrants. Finalement, quel que soit le milieu, les migrants sont majoritaires parmi les actifs, ce qui met en lumière leur contribution déterminante à l’économie locale.
Dans près de 95 % des cas, les inactifs sont pris en charge par leur famille. Environ 4 % peuvent compter sur des revenus de pensions (du travail, invalidité, etc.). La proportion de ceux qui assurent leur survie grâce aux revenus du capital est marginale (0,7 %).
Ce résultat met en lumière le faible développement des transferts institutionnels (pensions, etc.), le rôle majeur des solidarités et des transferts informels (inter et intra ménages), ainsi que la prédominance massive des revenus du travail dans le revenu total des ménages dans les différents pays.
L’enquête de l’INS montre qu’en milieu urbain comme en milieu rural, près de huit inactifs sur dix ont choisi ce statut de façon volontaire, qu’ils considèrent ne pas être en âge de travailler ou ne pas avoir besoin de travailler pour vivre. En revanche, pour 3 165 500 inactifs, l’absence d’activité correspond en fait à une forme de chômage déguisé, soit qu’ils se soient retirés du marché du travail parce qu’ils ne pensent pas pouvoir obtenir d’emploi compte tenu de la situation économique dégradée ou de leur qualification jugée trop faible, soit qu’ils attendent les résultats d’une démarche qui tarde à se concrétiser.
La frontière est donc floue entre ce type d’inactifs, les « travailleurs découragés », et les chômeurs qui eux sont comptabilisés dans la population active et dont ils partagent un certain nombre de traits. L’INS souligne que ce formidable volant de main-d’œuvre potentielle illustre bien l’importance de l’offre de travail in Le défi de l’administration congolaise