CE SALON a pour finalité de présenter les dernières innovations en matière agropastorale. Jusque-là, on ne sait pas encore si la République démocratique du Congo participera à cette manifestation. En tout cas, tout ce que l’on sait, est que l’État a formellement disposé d’un montant de 1 090 000 000 FC pour réhabiliter des infrastructures d’élevage et les différents abattoirs publics, des fermes des ovins, caprins et porcins, pour acquérir des vaccins, matériels d’inoculation pour la vaccination, des équipements pour le Service de la quarantaine animale (SQAV). La RDC compte également organiser des campagnes de vaccination des bovins et des ovins contre les épizooties et porter un appui au réseau national d’epidémio-surveillance des maladies animales. Malheureusement, sur terrain, à un trimestre de la fin de l’exercice 2018, le ministère de la Pêche et de l’Élevage est loin d’atteindre ces objectifs. Le décaissement du budget d’élevage déjà modique pose problème. Et pourtant, selon Papa Ndary Niang, l’expert FAO, la RDC a toutes les capacités de développer le business de l’élevage. Cela devrait rapporter non seulement des devises au pays mais aussi permettre de réduire les importations de la viande animale des pays étrangers.
S’unir autour de la RDC
Yoseph Mamon est le coordonnateur régional de la gouvernance vétérinaire pour le COMESA. Il soutient que le potentiel de la RDC en matière de production élevage et agricole permettrait de booster les activités agropastorales de tout le continent africain. « Si l’Afrique veut se développer, elle doit se réunir autour de la RDC pour que le travail de développement du secteur de l’élevage commence dans ce continent. La RDC dispose de 40 % des terres du territoire national qui se prêtent bien à l’élevage, soit environ 610 000 ha de pâturage avec une capacité d’élevage de 40 millions de têtes du gros bétail », a-t-il déclaré.
Hélas, selon Odon Alphonse Mpembele Kisadila, président honoraire de l’Association des médecins vétérinaires de la RDC, l’État devra désormais disposer d’un système de financement du secteur de l’élevage. Les importations de vivres frais encouragés par l’État à coup de centaines de milliers de dollars constituent, selon lui, un « suicide collectif » pour les éleveurs locaux. Il y a une année, à la faveur des assises sur l’élevage en RDC, la FAO avait recommandé au gouvernement un plan de 5 ans pour diversifier l’économie nationale, réduire de manière progressive la forte dépendance de l’économie aux ressources minières, promouvoir l’emploi des jeunes et garantir l’autosuffisance alimentaire en réduisant de plus en plus les coûts des denrées alimentaires.
Axes stratégiques
Ainsi, les experts tant nationaux qu’étrangers qui ont pris part au dernier atelier sur le secteur de l’élevage, ont défini trois axes stratégiques et des objectifs à atteindre pour rendre productif le secteur de l’élevage. Le premier axe consiste à améliorer le cadre institutionnel par le renforcement des capacités des acteurs et les chaînes de valeur, ainsi que la réforme du cadre législatif et réglementaire. Cet axe procède par le renforcement des capacités d’intervention des services d’élevage et l’amélioration de la gouvernance des opérateurs économiques. Il s’agit aussi de favoriser l’appui au financement et à l’investissement, de même que la gestion de l’information et le suivi-évaluation.
Le deuxième axe consiste à renforcer les capacités des acteurs sur les plans technique et managérial. Le troisième axe envisage la redynamisation des chaînes de valeurs locales et l’amélioration de la compétitivité. Les experts prévoient de mener des actions de la présentation et de l’amélioration de la santé animale, de développement des dispensaires, ainsi que les campagnes de vaccination et d’amélioration de la performance.
Pour arriver au développement de la production de l’élevage, explique l’expert du COMESA, il faut intégrer les jeunes et les femmes pour une grande productivité. Honoré Lemba Mabela, le directeur de la production et de la santé animale au ministère de la Pêche et de l’Élevage, souhaite que toutes les recommandations mises à la disposition du gouvernement ne restent pas lettre morte. À ce jour, les grandes initiatives du secteur de l’élevage sont plutôt privées.
Grelka, objectif 40 000 têtes
Certes, dans le Kongo-Central, dans les Kivu, des fermes s’alignent par endroits en série. Mais avec 35 000 têtes, fin 2015, la société Grelka réunit le plus important cheptel bovin de la RDC. Qui ressemble à un État lilliputien devant le Rwanda ou le Burundi, par exemple, dans le domaine de l’élevage. Les deux grandes fermes de Grands élevages de Katongola (GRELKA) s’étendent, l’une sur 350 000 ha près de Kamina, dans le Haut-Lomami, et l’autre couvre 100 000 ha sur le plateau des Biano dans le district de Kolwezi.
Deuxième plus gros éleveur de la province après GRELKA, la Pastorale du Haut-Lomami compte quant à elle plus de 18 000 têtes et dispose d’une concession de 212 000 ha située à environ 20 km de Kamina.
Fondée dans les années 1930, pendant la colonisation, par le baron et banquier bruxellois Henri Lambert, la société GRELKA a été rachetée en 2006 par George Forrest, qui en est l’actionnaire majoritaire (93 % du capital). Le tycoon provincial, président du Groupe Forrest International (GFI, actif depuis 1922 en Afrique centrale dans le BTP, le ciment, les services miniers et les plantations), était alors un nouveau venu dans le domaine de l’élevage.
Et il a voulu redonner à GRELKA son lustre d’antan, celui des années 1970-1980, quand les ranchs de la société approvisionnaient en viande rouge la quasi-totalité de la clientèle du Katanga et de la province voisine du Kasaï-Oriental. Grelka s’est donné pour mission de faire grossir le cheptel jusqu’à 40 000 têtes fin 2018. « C’est le maximum que nous puissions faire en élevage extensif avec la superficie dont nous disposons », explique un responsable de la société.