LE CHIMPANZÉ ou le Bonobo est l’espèce la plus proche de l’homme, partageant plus de 98 % de son patrimoine génétique. On le trouve uniquement en République démocratique du Congo sur la rive du célèbre fleuve Congo. Cependant, l’espèce est déclarée par des instances internationales « menacée d’extinction ». Seulement une vingtaine de milliers d’individus vivent encore dans leur milieu naturel. Le bonobo est particulièrement connu pour son caractère pacifique et sa façon unique de saluer ses congénères, ce qui en fait un attrait touristique naturel.
C’est pour préserver cette espèce en voie d’extinction que le Site Malebo a été aménagé au sud-ouest de la RDC, plus précisément dans le territoire de Bolobo dans la province de Maï-Ndombe, à moins de 400 km de la capitale Kinshasa. Les bonobos habitent dans la forêt communautaire des villages de Nkala et Mpelu. Le site est localisé dans un habitat unique, fait d’une mosaïque de forêt et savane, faisant de cet endroit un lieu idéal pour observer les bonobos dans leur milieu naturel.
Chasse interdite
Grâce aux croyances coutumières, faisant des bonobos des ancêtres directs des villageois de la région, la chasse et la consommation des bonobos sont interdites traditionnellement. Ils sont toutefois menacés par la destruction de leur habitat et les maladies émergentes qui peuvent être transmises par les humains vivant et travaillant à leur proximité.
C’est dans ce cadre que le Projet intégré de conservation des bonobos de l’Ouest (PICBOU) de Wild World Found (WWF), projet en soutien à l’ONG locale Mbou-Montour (MMT) initiatrice du projet, a été implémenté dans la région depuis 2006. Et depuis, explique-t-on, 3 groupes de bonobos ont été habitués dans le but d’en apprendre davantage sur leur socio-écologie et élaborer ainsi les stratégies de conservation efficaces et adaptées.
En parallèle, un projet écotouristique communautaire a été développé pour apporter des revenus à la communauté villageoise de façon à soutenir économiquement l’initiative communautaire de protection du patrimoine naturel. L’option la plus rapide et la plus adaptée pour des séjours de courte durée est de prendre un vol direct depuis l’aéroport de Ndolo à Kinshasa, indiquent les promoteurs. Le vol dure environ une heure et offre des vues imprenables sur le fleuve Congo ainsi que sur la mosaïque forêt-savane et les villages y parsemés, ajoutent-ils.
Mais pour apprécier davantage le fleuve Congo et ses vues spectaculaires, MMT met à la disposition des visiteurs un bateau de 14 places + toilette. L’hébergement sur place est garanti à travers 5 bungalows + toilette et douche privées, ainsi qu’à travers des maisonnettes dans le camp de base de WWF en bas duquel coule la rivière Bambou. On peut aussi loger à la ferme de l’ONG MMT à côté du village de Nkala, ce qui offre une ambiance assurant une expérience unique et authentique.
Le respect des pouvoirs coutumiers est extrêmement important lors de la visite des bonobos dans le plateau de Bateke. Présenter les civilités aux chefs de terre et leur demander la permission d’entrer en forêt ainsi que leur bénédiction constituent une étape indispensable pour accéder à la forêt et rencontrer les bonobos qu’ils protègent.
Le meilleur moment pour observer les bonobos, c’est à leur réveil. Avant le lever du jour, les pisteurs guident les visiteurs vers le site où les bonobos ont passé la nuit dans leurs nids. Les pisteurs suivent les bonobos chaque jour afin de collecter des données sur leur comportement, sur leur socio-écologie et leur état sanitaire. La marche dure des heures sur les pistes sillonnant la forêt dense avant de rencontrer les bonobos et de les voir se réveiller, jouer et s’alimenter avant de se déplacer vers un autre site d’alimentation ou de repos.
«Ne touche pas à mon éléphant»
En plus de l’observation des bonobos, la région a beaucoup d’autres choses à offrir, notamment l’observation des autres animaux tels que des petits singes habitués par MMT, des oiseaux, des buffles et des éléphants. Le pachyderme est particulièrement protégé parce que considéré comme « jardinier et architecte de la forêt ». Les animaux jardiniers et architectes de la forêt sont essentiels pour la reproduction et l’alimentation humaine. Parmi les plus emblématiques, il y a les pangolins, les abeilles, les éléphants, etc. Mais le Site Malebo fait un ancrage sur l’éléphant car c’est l’architecte de la forêt équatoriale. Il ouvre des clairières et entretient les sentiers pour d’autres animaux. Une forêt sans éléphants est un endroit désolé, disent les membres de ce site. Ces géants menacés dispersent sur de grandes distances les graines de nombreux arbres de la forêt équatoriale. Ce sont des jardiniers de la forêt à grande échelle. Le déclin des populations d’éléphants en Afrique a de graves conséquences pour l’écosystème forestier.
Dans la forêt tropicale d’Afrique, plus de 40 espèces d’arbres seraient menacées si leurs graines n’étaient plus dispersées par les éléphants. Une réduction du nombre de pachydermes en-deçà de leurs effectifs naturels risque d’altérer également la végétation des zones de savane. Sans les éléphants, la savane se muerait en un paysage de brousse et quantité d’espèces se retrouveraient privées de leur habitat naturel.
De même les abeilles, si elles n’ont ni ailes ni jambes, il est leur sera difficile d’apporter les graines qui ont besoin de place pour s’enraciner. Les abeilles emportent des graines de pollen sur leurs pattes et les poils de leur abdomen puis au fur et à mesure de leur butinage, elles redéposent ces graines sur le pistil d’une d’autre fleur de la même espèce. Les abeilles sont essentielles pour préserver la biodiversité, mais les pesticides utilisés dans l’agriculture intensive et le réchauffement climatique constituent une menace pour elles. Les revenus générés par la visite des bonobos et les frais de conservation sont entièrement reversés aux communautés locales. Par exemple, pour contribuer à la construction des écoles ou hôpitaux mais aussi pour supporter l’agriculture durable. En effet, en donnant une valeur économique aux bonobos vivants et au besoin de préserver leur habitat, on incite les communautés locales à s’impliquer davantage dans les mesures de conservation.