VILLE réputée « hospitalière », Kolwezi veut dire en langue lunda « Venez vivre dans notre village ». Située dans l’un des plus riches bassins miniers du Grand Katanga, la ville doit son existence à l’exploitation du cuivre et du cobalt par l’Union Minière du Haut-Katanga (UMHK). Nationalisée plus tard, l’UMHK devint Générale des Carrières et des Mines (GECAMINES). La ville doit aussi son existence au chemin de fer de la Société Nationale des Chemins de fer du Congo (SNCC), axe Lubumbashi-Dilolo-Lobito.
Kolwezi qui a acquis son statut de ville par l’ordonnance n°71/177 du 21 juillet 1971, s’étend sur 213 km² et se subdivise en deux communes : Dilala (154 km²) à l’ouest et Manika (59 km²) à l’est. La ville est construite dans une région de moyens plateaux (Manika), à 341 km au nord-ouest de Lubumbashi, le chef-lieu de la province du Haut-Katanga, à 426 km de Dilolo, à la frontière angolaise.
« Ici, c’est notre Mont Fleury »
À l’entrée de la ville, nous avons été impressionnés par les nouvelles constructions dans le périmètre ambiant de l’aéroport (national) de Kolwezi. Il y a 5 ans, cet endroit était encore une brousse, et Moon Palace ou Kampi Ya Boma n’existaient pas. Seule l’université de Kolwezi construite par la Fondation de l’homme d’affaires israélien Dan Getler lui donnait un air de modernité. « Ici, c’est notre quartier Mont Fleury. Revenez dans deux ou trois ans, vous verrez », nous confie ce taximan, avec un sourire au coin.
Nous sommes descendus vers le rond-point en hommage aux miniers. Nous nous sommes laissés happer par la foule débordante qui, grouillante d’activité, donne au lieu le bourdonnement d’une riche. Ici, lorsqu’on interroge les gens, tous tiennent à peu près un même langage : faire de Kolwezi, certainement, l’une des meilleures destinations en République démocratique du Congo.
Les autorités provinciales, elles aussi, ont un seul message dans la bouche : « Le Lualaba deviendra davantage un hub pour les investisseurs si le climat politique se stabilise et si les exploitations minières reprennent leurs cycles normaux. » Richard Muyej Mangez Mans, le gouverneur de la province, en parle avec les mots qu’il faut pour le responsable politique qu’il est. Pour lui, rien ne correspond mieux que les mines, l’agriculture et le tourisme à la vocation internationale de cette province. « Le Lualaba veut bondir sur le secteur minier et ainsi diversifier son économie. Au Lualaba, nous nous attelons à l’encadrement des partenaires miniers à travers des joint-ventures et/ou le partenariat public-privé. Nous multiplions aussi des initiatives pour rentabiliser l’exploitation minière artisanale », déclare-t-il.
La priorité dans la petite exploitation, dit-il, reste la découverture des Zones d’exploitation – au Lualaba, on compte plus de 40 Zones d’exploitation artisanale (ZEA). Pour cela, l’exécutif provincial reste ouvert au partenariat. Un message qui s’inscrit dans la nouvelle vision politique sur l’avenir des mines dans le pays.
Plus rien ne sera comme avant
S’adressant aux participants à la 3è conférence minière de la RDC, Joseph Kabila Kabange, le président de la République, a rappelé que « l’exploitation rationnelle de nos ressources minières a pour vocation de jouer un rôle important dans le développement de notre pays ». Et à juste titre, le secteur minier est considéré comme porteur de croissance de notre économie.
Sa préoccupation, a-t-il déclaré, a toujours été, cependant, de voir « cette croissance se refléter sur l’amélioration du vécu quotidien de notre population dans son ensemble, partant tout naturellement de celle située dans les zones productrices de minerais ». Pour Joseph Kabila, « seule la synergie des apports entre l’État, l’investisseur, la main-d’œuvre et la communauté locale peut fournir une réponse adéquate à cette problématique ».
La nouvelle vision minière de la RDC est donc fondée sur la responsabilité sociétale des entreprises. Elle devient désormais une exigence, sinon un impératif pour le développement durable, et non plus d’œuvre philanthropique ou de charité.
L’exécutif provincial n’a pas attendu le discours présidentiel à la 3è conférence minière de la RDC pour tenter de résoudre la problématique, pleine et entière, de « la pauvreté humaine et physique couvrant largement les visages de la population et des localités environnant les sites d’exploitation minière ». Il s’agit du paradoxe entre d’importantes ressources naturelles dont regorgent le sous-sol et le sol, d’une part, et la précarité manifeste dans la cité, d’autre part.
Bref, le visiteur qui fait la route Lubumbashi-Kolwezi est frappé par les visages de désolation observés dans les villages le long de la route traversés par les convois de produits miniers de Kolwezi à Kasumbalesa en passant par Likasi et Lubumbashi… L’impératif pour l’exécutif provincial est donc de construire, réhabiliter et moderniser les infrastructures pour qu’elles reflètent « l’image prestigieuse » de la province du Lualaba, mais aussi définir et appliquer les stratégies efficaces pour susciter l’élan de développement de manière à améliorer progressivement les conditions de vie des populations.
L’ambition affichée est de s’affranchir de la dépendance aux cours des métaux fixés sur les places boursières à travers le monde. Pour cela, le Lualaba se tourne progressivement vers de nouvelles vocations en prenant appui sur le traditionnel secteur minier en vue de diversifier les opportunités de développement. Il s’agit principalement de l’agriculture et du tourisme. Dans tous les cas, la province présente un espace en friches, qui offrent d’immenses opportunités d’investissement dans divers secteurs.
Les atouts du Lualaba
La géographie de la région est favorable au tourisme. Le climat de cette région est caractérisé par l’alternance de deux saisons bien marquée. Les températures moyennes annuelles varient de 22°C à 10°C. Le réseau hydrographique est dominé par le Lualaba, nom local du fleuve Congo qui s’étend en arc de cercle sur plus de 15 km autour de Kolwezi. Les autres rivières (Kalemba ou « Poto Poto », l’affluent gauche de la Luilu, la Musonoïe, le ruisseau Kabulungu, affluent droit de la Luilu, la Kakifuluwé, la kolwezi, la Dilala) appartiennent à un même réseau hydrographique qui converge vers le Lualaba.
Le sous-sol de Kolwezi est riche en minerais, principalement le cuivre et ses dérivés, le cobalt, l’or, l’uranium, le radium, le manganèse, la cassitérite, le calcaire, etc. La ville est connectée à l’Asie via le port de Dar es Salam par la route Solwezi- Kolwezi, et à l’Europe et l’Amérique par le port de Lobito par la RN39, axe Kolwezi-Dilolo. En matière d’énergie, Kolwezi est alimenté par trois lignes électriques haute tension (barrages Inga, Nseke et Nzilo).
Aux côtés de l’exploitation minière artisanale et industrielle, sont nés plusieurs types d’activités, à la fois formelle et informelle, à cela s’ajoute plusieurs sous-traitances qui accompagnent le processus de production minière.