CE RAPPORT d’enquête dont le titre original est en anglais « The Golden Laundromat : The conflict gold trade from eastern Congo to the United States and Europe » est rédigé sur la base de plus de 100 entretiens avec des mineurs d’or, des commerçants et des groupes de la société civile au Congo, ainsi que de plusieurs documents. On retiendra utilement de l’enquête menée par The Sentry la crainte que « l’or extrait de zones de conflit dans l’Est de la République démocratique du Congo n’atteigne les marchés internationaux, y compris les chaînes d’approvisionnement des principales entreprises américaines et des produits que les consommateurs utilisent quotidiennement ».
Les documents examinés et les entretiens menés par The Sentry font craindre que le réseau d’entreprises contrôlé par le magnat belge Alain Goetz ait raffiné l’or de guerre illégalement introduit en contrebande depuis l’Est du Congo à la raffinerie africaine de l’or (AGR) en Ouganda, avant de l’exporter via plusieurs sociétés aux États-Unis et en Europe, y compris (potentiellement) Amazon, General Electric (GE) et Sony.
Selon des documents examinés par The Sentry, AGR a exporté environ 377 millions de dollars d’or en 2017 vers une filiale apparentée de la raffinerie d’or belge Tony Goetz NV, basée à Dubaï. Selon de nombreuses sources interrogées par The Sentry, AGR est à la recherche de l’or du conflit au Congo. Cependant, AGR le nie et affirme être résolu à s’abstenir de toute action contribuant au financement du conflit.
Source de revenus
Selon l’ONU, l’or des conflits est la plus grande source de revenus pour les acteurs armés du conflit dans l’Est du Congo, et 300 à 600 millions de dollars sont sortis clandestinement du Congo chaque année. Cet or pourrait se retrouver dans les chaînes d’approvisionnement des grandes sociétés occidentales. Amazon, Sony, GE et 280 autres sociétés américaines cotées en Bourse ont répertorié la raffinerie belge comme une entité pouvant figurer dans leur chaîne d’approvisionnement en 2018, malgré le fait qu’elle ait échoué lors d’un audit international majeur sur les minerais de conflit en 2017.
Le rapport de The Sentry exhorte les gouvernements et les entreprises à prendre des mesures concernant les réseaux d’entreprises qui facilitent le commerce de l’or par le conflit et le font entrer dans l’économie mondiale. Celles-ci incluent, entre autres : des sanctions ciblées, des mesures de lutte contre le blanchiment d’argent…
Les États-Unis, le Conseil de sécurité, les États-Unis et l’Union européenne devraient enquêter et, le cas échéant, sanctionner les sociétés de raffinage et de négoce d’or ainsi que les personnes qui possèdent ou contrôlent les entités décrites dans le présent rapport.
Le département du Trésor américain et les unités de renseignement financier (CRF) d’Europe et d’Afrique de l’Est devraient lutter contre le blanchiment d’argent associé à de l’or de conflit. Le Trésor américain devrait prendre des mesures en vertu de l’USA Patriot Act, notamment un avis et une mesure qui s’appuient sur le rapport de 2015 du Groupe d’action financière sur l’or.
Les banques devraient utiliser des drapeaux rouges AML. Les banques et les autres sociétés achetant de l’or devraient exercer une diligence raisonnable accrue afin d’évaluer les risques pour les sociétés de raffinage et de négoce d’or et leurs propriétaires véritables identifiés dans le présent rapport, afin de s’assurer qu’ils ne contribuent pas par inadvertance au blanchiment du produit de l’or en conflit.
Selon Brad Brooks-Rubin, le directeur général de The Sentry, « ces actions devraient cibler spécifiquement le commerce illicite de l’or. Les banques, les entreprises et les gouvernements devraient également prendre des mesures clés pour soutenir le commerce de l’or responsable et sans conflit en provenance du Congo et de la région des Grands Lacs ».