PLUSIEURS études le prouvent : 90 % des risques d’accidents vasculaires cardiaques (AVC) dépendent des dix facteurs de risque modifiables, dont l’hypertension artérielle, le tabagisme, l’obésité, le manque d’activité physique, l’alimentation défavorable à la santé, un taux de cholestérol trop élevé, des stress, les dépressions, les troubles du rythme cardiaque, le diabète et la consommation d’alcool excessive, soit plus de 14 verres par semaine chez les femmes et 21 chez les hommes.
Quelque 6,2 millions de personnes meurent d’AVC chaque année, soit 6 personnes toutes les 60 secondes. Et 85 % des AVC sont dits « ischémiques » (la circulation sanguine vers ou dans le cerveau est interrompue par un vaisseau sanguin bouché) et 15 % sont « hémorragiques » (la rupture d’un vaisseau sanguin qui provoque une hémorragie dans le cerveau).
Bonne nouvelle
Les premiers signes de cette maladie sont les plus souvent la paralysie, les difficultés à parler, la perte de la vision d’un œil, les troubles de l’équilibre de la marche, la céphalée atroce inhabituelle, la déformation de la bouche, la faiblesse ou l’engourdissement d’une partie ou de la moitié du corps. La bonne nouvelle est qu’il existe à ce jour une meilleure approche thérapeutique pour le traitement possible de l’AVC. Il s’agit de procéder dans les 4h30 qui suivent les premiers symptômes, par la thrombolyse, pour désagréger le caillot sanguin afin d’éviter un handicap. La majorité des accidents vasculaires cérébraux est causée par l’obstruction d’une artère cérébrale.
Le principe de la thrombolyse consiste à administrer précocement un agent induisant la lyse de l’embole afin de rétablir la perfusion cérébrale et de diminuer les séquelles à long terme. L’activateur tissulaire recombinant du plasminogène (rt-PA) est actuellement approuvé pour une utilisation dans les trois heures suivant le début de la symptomatologie de patients hautement sélectionnés.
Selon une étude américaine d’un groupe de médecins, vingt-six essais randomisés comparatifs (n = 7152 patients) évaluant l’efficacité de la thrombolyse (urokinase, streptokinase, rt-PA, pro-urokinase recombinante, desmoteplase), dont quatre considérant une administration intra-artérielle, ont été inclus. La thrombolyse, le plus souvent administrée jusqu’à six heures après un AVC ischémique diminue la proportion des patients décédés ou dépendants à 3-6 mois (21 essais : OR 0,8, IC 95%, 0,7-0,9) ; augmente le risque d’hémorragie intracrânienne symptomatique à 7-10 jours (26 essais : OR 3,5, IC 95%, 2,8-4,3) ainsi que le risque de décès à 3-6 mois post-AVC (26 essais : OR 1,3, IC 95%, 1,1-1,5).
La thrombolyse intraveineuse est plus efficace si elle est administrée dans les trois heures qui suivent l’AVC puisqu’elle réduit le risque de décès ou de dépendance (OR 0,7, IC 95%, 0,5-0,96) sans avoir d’effet négatif sur le décès considéré isolément (OR 1,1, IC 95%, 0,9-1,5). Selon les médecins, l’utilisation d’un traitement antithrombotique après la thrombolyse augmente possiblement le risque de décès (un essai).
Les patients étaient majoritairement âgés de moins de 80 ans, présentaient peu de comorbidités, et étaient pris en charge dans des centres d’expertise. Les essais étaient hétérogènes en termes de temps jusqu’à la thrombolyse (3 heures, 6 heures, 9 heures, voire > 24 heures ; 19 des 26 essais considéraient < 6 heures), de doses de thrombolytique, de traitement antithrombotique concomitant et de sévérité de l’AVC. La majorité des essais testait le rt-PA en intraveineux.
Conclusions des auteurs
Globalement, la thérapie par thrombolyse réduit la proportion des patients décédés ou dépendants. Ce bénéfice général est démontré en dépit d’une augmentation du nombre de décès (à 7-10 jours et à la fin du suivi), et d’une augmentation des hémorragies intracrâniennes symptomatiques (à 7-10 jours).
Cette cinquième mise à jour de la revue systématique évaluant l’efficacité de la thrombolyse dans l’AVC démontre que l’administration d’agents thrombolytiques jusqu’à 6 heures après l’AVC est bénéfique pour le patient, avec un effet particulièrement prononcé pour les thrombolyses qui débutent dans les « heures qui suivent le début des symptômes.
Ce dernier point est encore mis en évidence dans une très récente et nouvelle méta-analyse (Lancet 2010; 375:1695-703). La sécurité et l’efficacité de ce traitement ont été confirmées dans une étude ayant suivi plus de 6 000 patients européens.
« L’AVC doit être considéré comme une urgence absolue, et le patient doit être adressé au plus vite au centre le plus proche capable de réaliser une thrombolyse. Ce dernier déterminera si les critères d’administration de la thrombolyse sont remplis », laisse entendre Michel Kayembe, médecin au Centre pénitentiaire et de rééducation de Makala .
Il faut noter que les recommandations de la pratique clinique, suisses et internationales, fixent la limite du début de la thrombolyse à 4,5 heures. En outre, chez des patients choisis, une thrombolyse intra-artérielle peut aussi être offerte entre zéro et six heures après le début de la symptomatologie.