DE TOUTES les agences gouvernementales du monde, la plus prestigieuse est sans doute la NASA. Il faut dire que la National Aeronautics and Space Administration, qui s’occupe du programme spatial civil des États-Unis, a un beau palmarès. Première sonde à voyager au-delà de la ceinture d’astéroïdes, premier engin spatial réutilisable, et bien sûr premier homme sur la Lune ne sont qu’une infime partie de ses succès. Le soft-power américain a fait le reste et des films comme « Apollo 13 », « L’Étoffe des Héros » ou plus récemment « First Man » ont achevé d’inscrire la NASA dans nos inconscients collectifs.
La légende qui l’entoure pourrait faire penser que cette administration spatiale est composée uniquement du personnel ultra-qualifié et infaillible. Il faut au moins ça pour conduire des missions qui impliquent de la très haute technologie et des calculs extrêmement compliqués. De même, on pourrait penser qu’elle prend les précautions nécessaires pour conserver tout ce qui redescend de l’espace.
Un audit embarrassant
Pourtant un « Audit des propriétés historiques de la NASA » conduit par l’inspecteur général de cette administration (qui veille au bon fonctionnement interne) vient de tirer des conclusions plutôt embarrassantes pour l’agence. Il semblerait que, comme dans la plupart des autres boîtes, il y ait des petits soucis de gestion.
Le rapport rendu par l’inspecteur général explique que depuis sa création en 1958, la NASA a produit de nombreux éléments appelés « Heritage assets », des équipements trop vieux pour pouvoir encore servir mais qui ont un potentiel intérêt « historique, culturel, éducatif ou esthétique ». Et, plus important encore, qui ne sont pas « remplaçables et représentent donc une perte importante pour la NASA et le pays » dans le cas où ils disparaîtraient.
Or la NASA a longtemps été très mauvaise dans la conservation de ses biens historiques. En 2014, un historien aperçoit dans le jardin de l’un de ses voisins un véhicule qui ressemble beaucoup à un vieux prototype de module lunaire. Il prévient la NASA, qui à son tour contacte le voisin qui affirme qu’il est prêt à rendre le module. Seulement, après quatre mois sans nouvelles de l’agence, il décide de le vendre à un ferrailleur. Le module a finalement fini aux enchères.
Anecdotes sur Apollo 11
Ce cas n’est pas isolé. Des registres mal tenus ont contribué à perdre un sac rempli de poussière lunaire récupéré par la mission Apollo 11, la première à avoir conduit des humains sur la Lune. En 2003, le FBI saisit le sac dans le cadre d’une enquête criminelle. En 2015, il est vendu 995 dollars à une vente aux enchères gouvernementale. Envoyé à la NASA pour le faire authentifier, l’agence confirme qu’il provient bien d’Apollo 11 et décide de le garder, mais un tribunal estime que la vente était légitime. Son propriétaire le récupère puis le revend pour 1,8 million de dollars.
Une histoire rapportée dans l’audit est encore plus stupide. Trois manettes de commande d’Apollo 11 étaient entreposées dans un coffre-fort. Un employé de la NASA s’approchant de la retraite demande à son supérieur ce qu’il doit en faire. Ce dernier lui répond qu’il n’a qu’à les jeter à la poubelle. L’employé préfère les rapporter chez lui. Si bien qu’aujourd’hui ce sont des manettes factices qui sont exposées au musée de l’espace…