LE 14 NOVEMBRE, devant la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale française, le député Frédéric Barbier a mis les pieds dans le plat. Lors de la présentation du projet de contrats d’objectifs et de moyens de l’Agence française de développement (AFD) pour la période 2017-2019, cet élu de la majorité a formulé deux critiques : non seulement, le document remis est trop court, estime-t-il, mais il est surtout présenté trop tard : « Son examen s’apparente plus à un enregistrement formel qu’à une véritable occasion de se prononcer sur le fond du projet », a-t-il regretté.
Meilleur pilotage
Une critique à peine voilée de l’AFD et de son fonctionnement. En creux, certains députés reprochent à l’agence son manque de transparence. Aina Kuric, députée la République en marche : « Ce que j’attends de l’AFD, c’est qu’on ait un véritable suivi sur tous les investissements, les prêts, les dons qui sont faits pour qu’on puisse, nous derrière, évaluer et mieux contrôler, c’est aussi notre rôle, les différentes actions pour savoir si oui ou non il y a des ajustements à faire. Aujourd’hui, c’est difficile à faire. »
Au-delà du fonctionnement de l’AFD, plusieurs députés de la majorité appellent à un meilleur pilotage politique de l’aide au développement, à l’image d’Hubert Julien-Laferrière : « Aujourd’hui, on est dans une situation qui est trop complexe.
Il y a un manque de lisibilité parce qu’on a une mission d’aide au développement qui est partagée entre d’autres programmes, l’un sous l’autorité du Quai d’Orsay (le ministère des Affaires étrangères, NDLR), l’autre sur l’autorité de Bercy. Et cela n’est pas très bon.
Moi, je pense qu’il faudrait que l’ensemble des aides publiques au développement soient sous l’autorité du Quai d’Orsay ». Ce sujet devrait faire l’objet d’un débat à l’Assemblée en début d’année prochaine lors de l’examen du projet de loi d’orientation et de programmation.
« Après une longue période de baisse » de l’aide publique au développement française (APD), « le budget 2019 comptera un milliard d’euros en autorisations d’engagements supplémentaires », avait souligné Emmanuel Macron, le président français, confirmant une annonce faite en février dernier. « Redonnons à notre politique d’aide au développement une ambition nouvelle », a-t-il souhaité, dans un discours annuel sur sa politique étrangère devant les ambassadeurs de France. En effet, c’est moins bien que Londres et Berlin pour le moment.
Dès le début de son mandat, en mai 2017, Emmanuel Macron s’était engagé à doper l’aide française au développement, tombée à 0,38 % du revenu national brut (RNB) en 2016, pour la faire passer à 0,55 % à la fin de son quinquennat, en 2022. Ce niveau reste toutefois en-deçà de l’objectif international de 0,7 % atteint par le Royaume-Uni et l’Allemagne.
Le président français avait appelé à faire de cette aide « une véritable politique d’investissement solidaire » et promis « une nouvelle dimension partenariale (…) pour mieux associer la société civile, la jeunesse, les entreprises, les diasporas ».
Emmanuel Macron avait également annoncé « une nouvelle loi d’orientation et de programmation pour entériner notre trajectoire d’aide », une « politique ambitieuse d’évaluation pour suivre les résultats de cette aide » et « des réorganisations profondes » autour de l’Agence française de développement (AFD).
Ces mesures sont au cœur d’un rapport sur l’aide au développement remis à Edouard Philippe, le 1ER Ministre français, par le député Hervé Berville, dont Emmanuel Macron a salué le travail. Les organisations non gouvernementales se sont dans l’ensemble félicitées de ces annonces.