L’INSTRUCTION n°37 qui a été récemment publiée, date du 3 janvier et ne pourra être d’application stricte après une période transitoire de 6 mois. La Banque centrale du Congo (BCC) motive cette mesure en évoquant « la nécessité de promouvoir les services bancaires offerts par les établissements de crédit et les institutions de microfinance à leur clientèle » et par « la nécessité de contribuer à l’amélioration du taux d’inclusion financière de la RDC ».
Alors, les services bancaires qui sont concernés par la gratuité vont de l’ouverture, du fonctionnement et du suivi de compte à la banque à distance en passant par les moyens et les opérations de paiement. Concrètement, à partir du 3 juin, les clients des banques commerciales et des institutions de microfinance ne débourseront aucun franc pour l’ouverture de compte, le dépôt d’espèces dans la banque du client quel que soit le guichet, le retrait d’espèces dans la banque du client quel que soit le guichet et la monnaie, la domiciliation du salaire, le changement d’éléments constitutifs du dossier, la mise en place d’une autorisation de prélèvement ou de virement permanent, l’établissement et l’envoi de deux premiers relevés mensuels et imprimés de compte du client, la clôture de compte.
De même, concernant les moyens et les opérations de paiement, les établissements de crédit et les institutions de microfinance ne pourront plus exiger des frais quant au retrait au guichet automatique de la banque du client ou à un point of service (agent bancaire), pour la consultation du solde et l’édition de deux premiers relevés mensuels du solde au guichet automatique de la banque du client, le virement de compte à compte dans la même banque, le paiement par carte bancaire en monnaie nationale. À propos de la banque à distance, les services suivants sont rendus gratuits : l’avis de débit et de crédit par voie électronique, la consultation du solde et de l’historique du compte à travers un guichet automatique de la banque du client.
Plan d’éducation financière
Pour promouvoir l’inclusion financière, le gouvernement, en partenariat avec la GIZ (Coopération technique allemande), a élaboré un Plan national d’éducation financière (PNEF). Les défis de l’épargne en République démocratique du Congo sont liés au pouvoir d’achat des citoyens. En 2018, la BCC a organisé la 8è édition de la Journée Internationale de l’Épargne (JIE) dans les villes de Kinshasa, Bukavu, Kindu, Kisangani, Kananga Lubumbashi et Mbandaka du 30 au 31 octobre, autour du thème « Épargner en RDC pour mon avenir, oui c’est possible ».
La célébration de la JIE est l’une des actions du PNEF. À ce titre, elle participe de l’amélioration de l’inclusion financière en RDC. Dans cette campagne, la Banque centrale met en avant la femme, les jeunes et les PME/PMI, du fait du rôle socio-économique qu’ils jouent dans la société. Selon le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), environ 4 % des jeunes en RDC ont un compte en banque.
Une enquête menée par le PNEF l’année dernière révèle que seuls 21 % des Congolais épargnent régulièrement, 38 % des salariés sont à court d’argent avant la fin du mois, 69 % ne payent pas leurs dettes et 17 % empruntent et investissent dans des projets des porteurs. Mais le taux de bancarisation reste encore faible en RDC. Pour y remédier, le PNEF estime qu’il faut promouvoir l’éducation financière.
La mission du PNEF est de doter le pays d’« une feuille de route précise et claire, des actions à mener de manière à fournir à la population des connaissances et à apporter la confiance nécessaire à gérer de façon optimale les finances ». Selon Deogratias Mutombo Mwana Nyembo, le Gouv’ de la BCC, la campagne d’éducation financière a pour objectif d’inculquer à la population le bien-fondé de l’épargne en tant qu’« outil majeur pour stimuler la croissance, le développement économique et pour améliorer la situation matérielle des familles ». On estime à 5 millions de comptes ouverts. Le volume de l’épargne collectée a plus que doublé en 8 ans.
Pour encourager l’épargne, la BCC a pris une mesure encourageante de politique monétaire, celle de supprimer le coefficient de la réserve obligatoire pour les dépôts à terme en franc congolais. Elle s’est engagée aussi à participer à l’élaboration d’une stratégie nationale d’éducation financière visant la conscientisation aux bienfaits individuels et collectifs de l’épargne.
Cette stratégie s’articule autour des quatre piliers : la protection des consommateurs de services financiers, la politique d’éducation financière, la sécurisation des établissements de crédit et le développement harmonieux des infrastructures.
Pour la BCC, cette stratégie contribue à l’amélioration du cadre de politique monétaire, de la stabilité financière et de la confiance de la population en les institutions financières. En outre, elle contribue aussi à l’amélioration de l’accès aux services financiers de qualité et adaptés aux besoins de la population.
Les efforts sont fournis pour que la culture de l’épargne soit inculquée chez les citoyens. En effet, épargner permet non seulement à l’épargnant de réaliser ses projets, de mettre son argent à l’abri du danger car gardé dans une institution financière fiable, mais aussi l’épargne contribue au développement du pays. Malgré ces efforts, la BCC constate que beaucoup de citoyens demeurent encore ignorants des bienfaits de l’épargne, et ne recourent pas systématiquement aux institutions financières pour déposer leur épargne lorsque celle-ci peut être constituée.