COMME en 2016 et 2017, l’Office national du café (ONC) n’a rien versé au Trésor public en 2018. Il ne compte rien donner non plus pour l’exercice 2019. Entretemps, les recommandations du Forum de Kinshasa sur le café et le cacao peinent à connaître un début d’exécution. Il est, par ailleurs, difficile, à ce jour, de répertorier les producteurs, les acheteurs et les exportateurs de café et de cacao congolais. Les allègements fiscaux attendus dans le secteur se heurtent aux services de l’État que sont l’ONC, la Direction générale des douanes et accises (DGDA), etc.
Pis, la stratégie du gouvernement pour la relance du secteur se fait encore attendre. Par conséquent, avis d’experts, la République démocratique du Congo a perdu sa position sur le marché en ce qui concerne la production du café et du cacao, et dépend actuellement de grands producteurs, tel que la Côte d’Ivoire.
Et l’on se laisserait volontiers faire croire que le gouvernement de Kigali a fait siennes les recommandations du forum sur le café qui s’est tenu à Kinshasa.
Au Rwanda, les expéditions de café ont, en effet, généré plus de 69 millions de dollars en 2018, soit environ 5 millions de dollars de plus qu’un an plus tôt. S’exprimant en marge de la 17è Conférence-Exposition des cafés fins d’Afrique (AFCCE) qui s’est tenue à Kigali du 12 au 15 février 2019, Bill Kayonga, le directeur exécutif du Conseil rwandais du développement des exportations agricoles (NAEB), attribue cette hausse en valeur aux efforts réalisés par le gouvernement pour améliorer la qualité de la fève. Il s’agit notamment, a-t-il dit, de l’augmentation du nombre de stations de lavage de café de 50 à 300 durant ces 10 dernières années. Les principales destinations du café rwandais sont la Suisse, les États-Unis, le Royaume-Uni et la Belgique. La filière occupe environ 400 000 producteurs et génère 24 % des exportations agricoles totales.
Cadre national incitatif
En RDC, par contre, le gouvernement balbutie encore dans sa stratégie. Il entend créer un cadre national incitatif de la filière café-cacao pour le développement du tissu agro-industriel susceptible de booster l’éclosion économique de la RDC, selon le ministère du Commerce extérieur.
Une note de ce ministère, datée de fin février 2019, souligne que « le gouvernement, à travers le ministère du Commerce extérieur, a pris cette option dans l’objectif de diversifier l’économie nationale en bâtissant une économie basée sur le cacao et le café du fait que ces cultures représentent d’importantes ressources d’emplois, un vecteur de création et de distribution de richesses pour le pays ». À cet effet, le gouvernement fait remarquer que certaines contraintes liées à la production, à la transformation et à la commercialisation pèsent sur la réalisation de cette option et méritent d’être résolues. En ce qui concerne la production, le gouvernement a noté la faiblesse des mécanismes de financements, l’encadrement des producteurs, la régénération de variétés, la lutte contre les maladies et l’amélioration de la production.
Les contraintes liées à la transformation, souligne la source, constituent un des défis majeurs pour tous les pays producteurs de café-cacao, d’autant plus que 6 % des revenus mondiaux de ces cultures sont captés par les pays producteurs, contre 70 % par les transformateurs. Cependant, la RDC ambitionne s’insérer dans l’économie mondiale du café et du cacao, affirmant que celle-ci affiche en priorité la question de la transformation, avec in fine une intégration réussie dans les chaînes de valeur mondiales de ces deux produits.
Le gouvernement relève également la nécessité pour le pays de prendre une part active dans le mécanisme de fixation des prix desdits produits, afin de suppléer à la faiblesse des négociations des producteurs et leur garantir des revenus incitatifs. L’édification d’une chaîne logistique efficiente qui permet de connecter la RDC aux marchés internationaux est aussi citée parmi les contraintes pour une économie cacaoyère et caféière dynamique, conclut la source. S’agissant des exportations, la RDC entend développer les stratégies adéquates afin d’assurer la connexion à ce marché aux côtés des acteurs traditionnels. La matérialisation de la diversification de l’économie a déjà démarré avec la disponibilisation de plus 100 000 ha supplémentaires dans le Haut-Uélé.
L’objectif étant de faire de ce secteur l’un des piliers de l’économie nationale. Il sied cependant de noter que les prix du café arabica et le cacao sont demeurés sur une tendance baissière depuis fin janvier jusqu’au 28 février 2019 et se marchandent respectivement à 1,42 dollars et 1,16 dollars. Le café robusta est resté stable sur le marché international et se négocie autour de 1,5 dollars le kg.