J’aimerais, aujourd’hui, faire part de mes inquiétudes après la réforme du baccalauréat qui prendra effet à la rentrée 2019. Cette réforme envisage, entre autres, le choix des spécialités en section générale et technologique à partir de la classe de première. Les élèves pourront, s’ils le souhaitent, ne plus suivre d’enseignements en mathématiques et en sciences. Cette mesure est similaire à celle qui est déjà mise en place au Royaume-Uni (excepté l’Ecosse) pour le General Certificate of Education Advanced level (GCE A-Level), équivalent britannique du baccalauréat, où les élèves peuvent ne plus suivre d’enseignements en mathématiques et en sciences, et même en langue et littérature anglaise.
J’ai été enseignante-chercheuse pendant huit ans au Royaume-Uni (Bournemouth University, 2009-2017). J’ai, par conséquent, pu suivre l’évolution des bacheliers admis à l’université. De par mon expérience, le manque d’éducation scientifique et mathématique nuisait à leur réussite universitaire, même dans les sciences humaines et sociales. Les étudiants britanniques n’ayant pas étudié les mathématiques et les sciences au lycée (6th Form ou College) avaient un taux d’échec plus élevé et de moins bons résultats globaux que les étudiants ayant suivi ces spécialités pour obtenir le GCE A-Level.
Par ailleurs, selon les études supérieures envisagées, les universités britanniques requièrent certaines spécialités du GCE A-Level pour l’admission des bacheliers. A quelques exceptions près, les mathématiques et au moins une science sont majoritairement requises au moment de l’admission, ce qui renforce l’importance de ces compétences pour le monde du travail et la réussite des études dans l’enseignement supérieur.
Dans notre société, quel que soit le métier, il est nécessaire d’avoir des compétences en mathématiques et en sciences. Par exemple, des compétences en calcul (y compris les statistiques et les probabilités) sont nécessaires pour gérer un prêt bancaire, comprendre ses impôts ou l’augmentation des taxes, et même certaines informations que diffusent les médias.
Des compétences scientifiques, notamment sur la biologie humaine, la méthode scientifique et la théorie de l’évolution, permettent par exemple de mieux comprendre les soins dispensés en cas de maladie et de développer l’esprit critique afin de mieux lutter contre la désinformation et le réchauffement climatique et d’enrayer la vague antivaccination.
Je ne saurais trop conseiller de reprendre cette réforme pour inclure les mathématiques et au moins une science au choix dans les enseignements du tronc commun jusqu’en classe de terminale.
Dr Karina Gerdau est également traductrice scientifique Membre associé, UMR 7044, «Archéologie et Histoire Ancienne: Méditerranée – Europe» (Archimède), Université de Strasbourg Visiting fellow, Bournemouth University, Centre for Archaeology and Anthropology, Royaume-Uni. Elle précise que ses opinions sont les siennes et ne représentent en aucun cas celles des institutions auxquelles elle est rattachée.
Karina Gerdau docteure en anthropologie biologique (Université de Bordeaux 1), chercheuse indépendante en archéoanthropologie