LA CRÉATIVITÉ dans le domaine du digital, une réglementation encore plus lourde (instructions du régulateur offrant peu de marges de manœuvre) pour les acteurs financiers (notamment les banques commerciales les institutions de microfinance et les messageries financières), son marché bancaire hyper-concentré avec des réseaux bancaires offrant les mêmes produits aux clients, son taux de bancarisation parmi les plus faibles, la République démocratique du Congo a encore du chemin à parcourir. Et ce chemin, les acteurs devront le parcourir en mutualisant leurs efforts.
En 2005, on comptait 7 à 9 banques actives dans un pays de près de 65 millions d’habitants. Total bilan : -250 millions de dollars. Rien du tout par rapport à certaines banques, comme Paribas qui pèse environ 2 mille milliards d’euros aujourd’hui, presque l’équivalent du produit intérieur brut (PIB) de la France. De 9 banques, on est passé à 21 établissements bancaires en 2012, et aujourd’hui, il n’en reste que 15 banques, et probablement demain, a annoncé Yves Cuypers, le président sortant de l’Association congolaise des banques (ACB), une d’elles va quitter le giron pour se muer en institution de microfinance. « Il y a là un problème de gestion et de gouvernance », laisse entendre le directeur de la Banque Commerciale Du Congo (BCDC).
Montée en puissance
L’année 2014 a été une année exceptionnelle pour la Fintech. Selon StrategyEye, il y a eu 2,8 milliards de dollars d’investis dans le monde, grâce à des investissements de capital de risque. D’après des experts, quel que soit les montants, les sommes investies dans les entreprises de Fintech vont atteindre des niveaux de plus en plus importantes, au fur et à mesure de la croissance de cette activité. Depuis près de 10 ans maintenant, on voit apparaître de jeunes pousses cherchant à changer la face du monde. Progressivement, elles deviennent grandes, au point de bouleverser profondément la finance et les banques traditionnelles (commerciales).
Saisir les opportunités
Innovation incrémentale (valeur ajoutée), innovation d’usage, à coup de nouvelle technologie et d’expérience utilisateurs, les startups ont bouleversé l’ordre établi. C’est ainsi que la finance a été lentement mais sûrement transformée au point d’obliger les acteurs historiques à s’adapter ou à disparaître. Ici et là, on est encore à s’interroger sur l’impact concret que les Fintech ont sur la finance et sur la banque. Y a-t-il de réelles innovations ou est-il encore trop tôt pour le dire?
L’année 2008 est cruciale avec la sortie du premier iPhone et la grande crise financière (depuis celle de 1929), celle des subprimes qui a vu tomber la légendaire banque Lehman Brothers… C’est dans ce contexte que les initiatives fintech ont vu le jour. Entre 2011 et 2013, on a assisté à un phénomène à peine croyable : de toutes petites structures ont réalisé des levées de fonds de plusieurs milliards, leur permettant ainsi de prendre l’envol qu’on leur connaît aujourd’hui. Plus de 100 milliards de dollars ont été investis dans les Fintech.
Attaquant une niche nouvelle, voyant une opportunité, là où les acteurs traditionnels n’en voyaient pas, petit à petit les idées se concrétisent. Et la révolution a bel et bien eu lieu ! Les spécialistes soulignent que les Fintech continueront à transformer la finance en réinventant chaque jour de nouveaux modèles, de nouvelles possibilités et de nouvelles expériences utilisateurs. Aujourd’hui, un ordinateur et une connexion internet suffisent certes à créer une startup… Mais les investisseurs mettent de l’argent avant tout sur une équipe, sur des individus. Plus l’équipe sera qualitative, complémentaire, ayant une grande capacité d’exécution plus elle sera suivie. La technologie est bien évidemment un des facteurs clés du succès des Fintech. En effet, c’est bien grâce à l’apparition de nouvelles technologies que la révolution a pu se faire.
Dans le domaine du numérique, la RDC a pris du retard. Par exemple, les différents acteurs de mobile money ne sont toujours intégrés. Les compensations entre comptes peuvent prendre jusqu’à une semaine. Un des plus gros défis est d’arriver à mettre en place un modèle de négoce qui permette à des jeunes qui disposent de très peu de moyens (-100 dollars ) de devenir indépendants. Le coût de la ressource internet peut être un frein pour l’accès à la connectivité et pour l’innovation en général. De même, le faible accès à l’énergie électrique peut constituer un goulot d’étranglement quant à au développement de ce secteur.