SELON les Nations Unies, la faible volonté des pays d’Afrique à mettre en place des politiques efficaces de gestion intégrée des ressources en eau menace non seulement le développement économique de la région, mais également l’atteinte du sixième Objectif de développement durable (ODD) : l’accès universel et équitable à une eau potable et abordable pour tous d’ici 2030. L’accès à une eau potable et abordable demeure encore un défi en Afrique. 66 % des pays du continent enregistrent encore une couverture des services de base en eau potable moins de 75 %, avec d’ailleurs de grandes disparités entre les pays. En Erythrée par exemple, la proportion de la population ayant accès à de l’eau potable de base avoisine les 19 % tandis qu’elle atteint les 100 % à Maurice.
L’inégalité demeure également importante entre les zones rurales, très peuplées en Afrique, et urbaines. Hormis l’Afrique du Nord, les Nations Unies, dans leur « Africa sustainable development report 2018 », estiment que 82 % de la population urbaine avaient au moins accès à des services d’eau potable de base, contre 43 % de la population rurale.
L’organisation internationale estime que le taux de personne ayant accès à l’eau potable de base et sécurisée n’est passé que de 17,9 % à 23,7 % en Afrique subsaharienne depuis 2000, alors qu’il a grimpé de 45,9 % à 80,8 % en Afrique du Nord.En clair, près de 700 millions de personnes peinent toujours à accéder à une eau traitée à usage alimentaire en Afrique subsaharienne. La plus grosse proportion mondiale. En cause, selon les Nations Unies, la faible volonté des gouvernements dans la gestion des ressources en eau, qui se traduit par une insuffisance des infrastructures de traitement et d’acheminement de l’eau et la détérioration des sources d’eau, due à une mauvaise gestion des ressources. Pourtant, en 20 ans, l’Afrique subsaharienne est la région du monde qui a attiré le plus gros volume d’investissement destiné à l’eau.
Les Nation Unies estiment que l’Afrique, à l’exception de l’Afrique du Nord, est l’un des principaux bénéficiaires de l’aide publique au développement pour l’approvisionnement en eau et l’assainissement depuis 2000. Bien que les décaissements au titre de l’APD aient augmenté dans toutes les régions (sauf en Asie de l’Est), les décaissements en Afrique, à l’exclusion de l’Afrique du Nord, ont plus que doublé.
Au niveau continental, la Facilité africaine de l’eau (AWF) et l’Initiative d’approvisionnement en eau et d’assainissement en milieu rural (RWSS), hébergés et gérés par la Banque africaine de développement (BAD), ont mobilisé des milliards d’euros pour l’eau. « L’AWF a mobilisé plus de 1,4 milliard d’euros d’institutions financières bilatérales et multilatérales, de fondations et de gouvernements africains pour financer le développement de projets relatifs aux ressources en eau et à l’assainissement en Afrique. Depuis sa création en 2003, le RWSSI Trust Fund a mobilisé d’importantes ressources financières supplémentaires pour l’approvisionnement en eau et l’assainissement en milieu rural auprès des institutions multilatérales et bilatérales, des communautés locales, des organisations non gouvernementales (ONG) et des gouvernements africains », révèlent les Nations Unies.
À cela s’ajoutent des initiatives et engagements continentaux pour accroître la disponibilité et la gestion durable de l’eau tels que la Déclaration de N’gor sur la gestion durable de l’eau et de l’assainissement ; la Déclaration ministérielle de Dakar de 2014 sur la sécurité de l’approvisionnement en eau et de l’assainissement ; et la Déclaration de N’gor de 2015 sur l’assainissement et l’hygiène, le plan d’action de Kigali; le Programme d’action prioritaire pour la gestion des ressources en eau en Afrique; le Programme pour l’accès universel à l’approvisionnement en eau et à l’assainissement en Afrique (Initiative 2M4M); le Programme des villages africains propres; le Programme panafricain d’assainissement productif… Autant d’instruments qui n’ont pas véritablement changé la situation des populations d’Afrique subsaharienne.