À NEW YORK, le baril américain de WTI pour le mois de juin cédait 42 cents à 63,49 dollars. La fédération professionnelle de l’American Petroleum Institute (API), qui a publié ses chiffres sur les stocks américains le mardi soir 30 avril, à la veille des données officielles, a fait état d’un bond des réserves de brut de 6,81 millions de barils. Pour la semaine achevée le 26 avril, les analystes tablent sur une hausse de 1,75 million de barils des stocks de brut, sur une baisse de 950 000 barils des stocks d’essence et sur une baisse de 750 000 barils des stocks d’autres produits distillés (fioul de chauffage et gazole), selon la médiane d’un consensus compilé par Bloomberg.
La hausse nettement plus élevée qu’attendue des stocks selon l’API « a pesé sur le marché, qui a vu les gains de la veille s’effacer », ont commenté les analystes de ING. Par ailleurs, la situation au Venezuela reste tendue. « Un changement de régime pourrait augmenter la production vénézuélienne sur le long terme, mais à court et moyen termes, les perturbations pourraient s’accentuer », ont souligné les analystes de ING.
Les analystes sont partagés sur la position de l’Arabie saoudite, premier exportateur mondial, qui a promis de compenser la baisse des exportations iraniennes en raison du durcissement des sanctions américaines mais reste floue sur l’ampleur et le calendrier d’une éventuelle hausse de production du royaume. Khaled al-Faleh, le ministre saoudien de l’Énergie, a ainsi affirmé mardi 30 avril qu’il souhaitait que l’accord de limitation de la production soit renouvelé fin juin, lors d’une réunion de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et de leurs partenaires à Vienne.
Il a cependant ajouté que la hausse de la production saoudienne avant cette réunion se ferait dans les limites fixées par l’OPEP en décembre 2018. « Il nous semble que le ministre ne veut pas voir de bond dans les prix du brut » car cela pèserait sur la demande mondiale, a commenté Giovanni Staunovo, analyste chez UBS.
Le brut iranien
Les importations en Asie de pétrole brut iranien ont atteint en mars leur niveau le plus élevé en huit mois, les acheteurs se pressant pour charger des cargos avant la fin des exemptions aux sanctions américaines contre la République islamique, montrent des données obtenues par Reuters. La Chine, l’Inde, le Japon et la Corée du Sud ont importé un total cumulé de 1,58 million de barils par jour de pétrole iranien en mars, un chiffre en hausse de 36 % par rapport à février et qui est le plus élevé depuis juillet 2018.
Sur l’ensemble du premier trimestre, les volumes marquent toutefois une baisse de 31 %. Les États-Unis ont réimposé des sanctions contre les importations de pétrole iranien en novembre dernier mais en accordant des exemptions à huit pays, principalement en Asie. L’administration Trump a décidé la semaine achevée le 26 avril de mettre fin à ces dispenses au 1er mai, en se disant confiante dans la capacité de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis à prévenir tout déséquilibre sur le marché pétrolier mondial.
Le pétrole progresse sans retrouver ses niveaux de la semaine achevée le 26 avril. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin valait 72,68 dollars sur l’Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 64 cents par rapport à la clôture de lundi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de « light sweet crude » (WTI) pour la même échéance gagnait 63 cents à 64,13 dollars. « Le pétrole tente de reprendre son élan après avoir chuté en fin de semaine dernière », a expliqué Carlo Alberto De Casa, analyste pour ActivTrades, tout en soulignant que « l’espace pour de nouvelles fortes progressions se réduit ». Les cours ont nettement souffert après que Donald Trump a affirmé avoir obtenu de membres de l’OPEP qu’ils augmentent leur production, afin de compenser la baisse de l’offre provoquée par la fin des exemptions américaines sur le pétrole iranien. Ce n’est pas la première fois que le président américain tente de peser sur les prix de l’or noir. De nombreux observateurs du marché estiment ainsi qu’il avait contribué à la décision de l’OPEP de commencer à produire plus mi-2018, en amont des sanctions américaines contre l’Iran.
Mais les exemptions accordées en novembre par Washington avaient pris les investisseurs par surprise et provoqué une chute des cours conduisant l’OPEP, en réaction, à durcir son accord fin 2018. Néanmoins, ont expliqué les analystes de Commerzbank, « ce n’est pas l’OPEP mais la production américaine de pétrole de schiste – du fait de ses capacités de production inutilisées et de ses possibilités d’augmenter sa production – qui sera le facteur clé pour dicter les prix à long terme, du côté de l’offre ».