FIDELITY International, est l’un des plus grands actionnaires d’Acacia Mining, dont Barrick veut racheter les actions. Fidelity International détient 3,2 % du capital-actions d’Acacia, et en serait le sixième actionnaire selon les données de Refinitiv. D’après les analystes, si Barrick tentait un achat forcé, il faudrait que 4 % des actionnaires d’Acacia Mining s’y opposent pour l’empêcher et 18 % pour arrêter la cotation en bourse en cas d’offre formelle.
La proposition évalue Acacia à 787 millions de dollars, soit une décote de près de 11 % par rapport au cours de ses actions en bourse. Elle représente également une diminution de 42 % par rapport à l’évaluation des actifs d’Acacia effectuée par Barrick dans son rapport annuel 2018. « Nous n’accepterons certainement pas l’offre. À ce prix-là, c’est facile de ne pas l’accepter […] Je pense que cela se reflète extrêmement mal sur Barrick. La capacité d’opérer équitablement et économiquement en Afrique est importante pour l’entreprise. Cela montre un réel manque de jugement », a déclaré Alexander Wright, l’un des dirigeants de la société. Pour rappel, le gouvernement tanzanien a décidé de retirer à Acacia Mining la gestion des mines d’or dans le pays. Et de ne négocier désormais qu’avec la compagnie mère, Barrick, pour résoudre le différend de deux ans qui entrave les opérations. « Nous ne travaillerons plus avec Acacia. En aucun cas, Acacia ne peut prendre part aux accords ni jouer un rôle dans l’exploitation ou la gestion des filiales minières de Barrick en Tanzanie. La balle est maintenant dans le camp de Barrick », a déclaré Hassan Abbasi, un porte-parole du gouvernement tanzanien à Bloomberg.
Régler le différend
Barrick a proposé de racheter les actions qu’elle ne détient pas dans l’actionnariat d’Acacia Mining, dans le cadre de ses efforts pour régler le litige avec l’État tanzanien. En réponse à la proposition, Acacia a conseillé à ses actionnaires minoritaires de ne prendre aucune mesure jusqu’à ce qu’elle obtienne plus d’informations sur la position du gouvernement. « L’accord initial que nous avons conclu avec Barrick en octobre 2017 est celui qui guide les négociations. Barrick et Acacia doivent régler leurs différends afin que nous puissions aller de l’avant et résoudre le différend.», a souligné Abbasi.
En 2017, John Pombe Magufuli, le président tanzanien, et John Thornton, le président exécutif de Barrick, avaient convenu provisoirement qu’Acacia verserait 300 millions de dollars au gouvernement tanzanien pour régler les réclamations fiscales et partagerait les revenus futurs des opérations avec le pays. À l’époque, Acacia Mining avait critiqué cette décision et reproché à Barrick l’aggravation de ses relations avec la Tanzanie après que Thornton eut repris les négociations.
Pays à haut risque
En Tanzanie, les différends entre l’État et Acacia Mining ne sont pas près de se résoudre. En effet, des divergences notables se dessinent entre la compagnie minière et son actionnaire principal, Barrick, depuis que ce dernier a proposé de racheter tout son capital-actions. Certains actionnaires minoritaires ont jugé l’offre de Barrick assez « faible » et l’accusent de vouloir tirer profit de la situation. Selon Mark Bristow, le CEO de Barrick, le montant de l’offre reflète le risque auquel fait face le groupe en augmentant son exposition en Tanzanie.
« Nous avons bien examiné les actifs et l’accord avec le gouvernement tanzanien qui doit encore être finalisé, comporte des risques. La Tanzanie est considérée comme une juridiction à haut risque et Acacia n’a pas fonctionné comme une entreprise qui devrait le faire, sinon nous ne nous en mêlerions pas », a déclaré à Reuters Mark Bristow, réaffirmant que la prise de contrôle proposée est une « tentative de médiation pour régler une situation qui est devenue extrêmement émotive et qui retarde l’industrie minière en Tanzanie ».
Dans un communiqué Acacia Mining a invité ses actionnaires minoritaires à attendre de nouveaux développements sur la position du gouvernement tanzanien avant de prendre une quelconque décision. La compagnie a indiqué qu’elle continue d’être écartée des discussions entre la Tanzanie et son actionnaire principal Barrick. Acacia Mining est la plus grande société opérant sur l’or en Tanzanie.
Depuis deux ans, Barrick échoue dans son rôle d’intermédiaire pour régler les différends entre Acacia et le gouvernement tanzanien. L’État tanzanien refuse de conclure directement un accord avec Acacia, qu’il a accusé d’avoir sous-déclaré sa production et ses recettes d’exportation, devant ainsi à la Tanzanie, des milliards de dollars. Acacia a été contraint de réduire ses opérations pour réduire ses pertes après l’embargo du gouvernement sur les exportations de minerais bruts.
Barrick qui est la deuxième plus grande société aurifère au monde et qui détient actuellement 63,9 % de participation dans Acacia Mining, et le gouvernement tanzanien sont parvenus à une proposition d’accord sur les conditions commerciales pour résoudre les différends concernant les activités de la filiale Acacia Mining. Selon le cadre proposé, qui est conforme à une entente annoncée en octobre 2017, une société d’exploitation locale sera créée pour gérer les activités d’Acacia en Tanzanie.
Les revenus desdites activités seront partagés à parts égales, et le gouvernement aura droit à des redevances, des impôts et un intérêt gratuit de 16 % dans les opérations. En outre, un paiement de 300 millions de dollars sera versé à l’État en règlement du litige fiscal.