LA BANQUE africaine de développement (BAD) a récemment organisé en collaboration avec le Fonds pour l’adaptation, le Fonds vert pour le climat et l’Institut national sud-africain de la biodiversité (SANBI), la première réunion africaine sur l’accès direct au financement pour le climat. Un cadre de gouvernance et une feuille de route ont été mis en place pour renforcer les capacités de ces entités à accéder, recevoir et utiliser les financements alloués par le Fonds pour l’adaptation et le Fonds vert pour le climat entre autres.
Quelque 30 entités accréditées en matière de finance climat ont pris part à cette rencontre pour élaborer une stratégie et un plan d’actions qui permettront d’accélérer et d’améliorer l’accès de l’Afrique à la finance verte. Un cadre de gouvernance et une feuille de route ont été mis en place pour renforcer les capacités de ces entités à accéder, recevoir et utiliser les financements alloués notamment par le Fonds pour l’adaptation et le Fonds vert pour le climat. « Cette initiative promet de donner aux entités un accès direct, des possibilités de travailler en étroite collaboration et d’établir des mécanismes robustes pour partager les enseignements tirés de la mise en œuvre des projets », a affirmé Mandy Barnett, la directrice du SANBI.
Entente cordiale
Une entente a été signée le 5 avril à Brazzaville, entre la Commission climat du Bassin du Congo, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD/Maroc) et le cabinet Ernst & Young pour formaliser l’opérationnalisation d’un outil de développement durable : le Fonds bleu pour le Bassin du Congo. Le bassin fluvial du fleuve Congo est le deuxième plus grand au monde après celui de l’Amazone.
Il s’étend sur dix pays d’Afrique centrale et abrite une forêt tropicale d’une superficie de 3.7 millions de km², à la biodiversité remarquable. Représentant 30 % de la surface totale de forêt tropicale de la planète, elle est un des régulateurs du système climatique mondial, elle est le foyer de 10 000 espèces de plantes dont 30 % endémiques, 400 espèces de mammifères dont certaines en voie d’extinction ou encore 1000 espèces d’oiseaux. Enfin, plus de 93 millions de personnes y trouvent les ressources nécessaires pour y vivre.
Cette réserve biologique unique attire la convoitise des exploitants forestiers et des producteurs d’huile de palme depuis 2000, entraînant une déforestation et par conséquent l’érosion de la biodiversité et un risque pesant sur le réchauffement climatique et le bien-être des populations qui dépendent de ses ressources.
Cette menace est accentuée par des politiques de préservation et des systèmes de surveillance de la forêt faisant défaut et par une pression démographique et économique importante.
Concilier économie et climat
Pour protéger cette région d’une agriculture forestière intensive et mal maîtrisée, le projet du Fonds Bleu a été créé sur l’initiative de l’État congolais le 16 novembre 2016 en marge de la COP22 à Marrakech. Il a pour objectif de concilier l’émergence économique et la lutte contre les changements climatiques en Afrique centrale, en développant une nouvelle branche de l’économie basée sur la gestion des ressources aquatiques. Ainsi la pression sur les ressources forestières serait allégée.
En préambule de l’entente signée le 5 avril 2019 à Brazzaville, Arlette Soudan-Nonault, la ministre du Tourisme et de l’Environnement de la République du Congo et coordonnatrice de la Commission du climat du Bassin du Congo, a présidé un atelier d’accélération du processus d’opérationnalisation de cet outil financier, qui devrait être subventionné à hauteur de 65 milliards de francs CFA par année par les pays signataires, des donateurs et des bailleurs de fonds.
À cette occasion, elle a indiqué : « Le Fonds Bleu est un outil stratégique pour la diversification de l’économie actuelle des États membres du Bassin du Congo, ainsi que pour la création d’emplois et l’amélioration des conditions de vie des populations desdits États membres des deux Communautés économiques régionales. » Après des années de relative inertie, cette entente semble marquer la mise en action de ce projet qui ambitionne d’utiliser l’eau pour sauver la forêt.