LIANG HUA, le président en exercice de HUawei, admet. La firme de Shenzhen, au Sud de la Chine, a été mise à l’index par l’administration Trump, qui soupçonne le groupe chinois d’espionnage potentiel au profit de Pékin. Huawei fait toutefois l’objet d’un sursis jusqu’à la mi-août avant qu’il ne soit interdit aux entreprises américaines de lui vendre leurs équipements. Il y a un an, Huawei affichait son ambition de détrôner le sud-coréen Samsung pour occuper le premier rang mondial du marché des smartphones dès 2019. Mais selon un classement publié en mai dernier par le cabinet IDC, Huawei est resté au premier trimestre au deuxième rang mondial, devant l’américain Apple mais toujours bien derrière Samsung.
Le géant des télécoms a écoulé quelque 118 millions de smartphones entre janvier et juin, un bond d’environ 24 % sur un an mais marquant un ralentissement par rapport à 2018. Au premier semestre, son chiffre d’affaires s’affiche pour l’instant en nette hausse de 23 % à 401,3 milliards de yuans (plus de 53 milliards de dollars). « Notre vitesse de développement a été très rapide avant que nous soyons mis sur la liste noire des États-Unis », a reconnu Liang Hua. « Objectivement, nous sommes confrontés à de nombreuses difficultés », a-t-il ajouté. Déjà en juin, Ren Zhengfei, l’ancien ingénieur de l’armée qui a fondé Huawei dans les années 1980, avait annoncé un recul de 40 % de ses ventes de smartphones à l’international.
« Vents contraires »
À la suite des sanctions américaines, Huawei a fait l’objet en Chine d’appels patriotiques à acheter ses téléphones au détriment des marques étrangères. Résultat, la marque a vendu au premier semestre 37,3 millions de smartphones dans le pays où il occupe désormais de loin la première place, avec 38 % de part de marché, contre 6 % pour le premier concurrent étranger, Apple, selon le cabinet Canalys. « Ces bons résultats ne cachent pas le fait qu’il y a de plus en plus de vents contraires », a souligné à l’AFP Kenny Liew, analyste technologique chez Fitch Solutions.
« Les sanctions n’ont été mises en œuvre qu’à la fin mai et il faudra probablement un certain temps avant qu’elles ne se répercutent sur les résultats », a-t-il estimé. Côté équipements de télécommunications, Huawei est considéré comme le leader mondial de la technologie 5G, la future génération ultrarapide de l’internet mobile. Mais l’entreprise s’est retrouvée au centre de la guerre commerciale que se livrent Pékin et Washington, sur fond de rivalité technologique. Elle s’est soldée par l’imposition réciproque des droits de douane punitifs portant sur plus de 360 milliards de dollars d’échanges annuels.
Depuis plusieurs mois, les États-Unis pressent leurs alliés de se passer de Huawei dans leurs infrastructures de communication pour des raisons de sécurité. Huawei a indiqué avoir signé 50 contrats commerciaux pour la 5G avec principalement des clients européens et qu’il poursuivra, voire augmentera, ses investissements dans la nouvelle génération de réseau sans fil. Le groupe s’est dit prêt il y a deux semaines à investir 2,7 milliards d’euros d’ici 2021 en Italie et à créer 1 000 emplois.
Cette annonce est intervenue au moment où Huawei serait sur le point de supprimer des centaines de postes aux États-Unis, dont l’administration Trump lui interdit le marché. Le centre de recherche et de développement du groupe, pour lequel travaillent quelque 850 personnes aux États-Unis, semble être visé, a rapporté au début du mois le Wall Street Journal.
Les négociations commerciales Chine-États-Unis devaient reprendre mardi 30 juillet à Shanghai pour le premier face-à-face entre délégations des deux pays depuis près de trois mois.