L’annonce de la tenue d’une telle rencontre a été faite par Freddy Mpinda, un des membres du cadre de concertation qui travaillent sur le draft du plan stratégique national du numérique à la présidence de la République, lors de la conférence organisée par Congo Business Network autour du thème « Écosystème numérique : Quelles doivent être les priorités pour faire émerger la tech congolaise ? », le 26 juillet à Kinshasa.
À l’ère de la digitalisation
On retiendra utilement de cette conférence que les priorités pour le moment sont notamment l’amélioration du taux d’accès à l’électricité, la baisse des coûts des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), la réforme du système éducatif pour y intégrer l’usage de services internet dès le bas âge, la promotion des startups du numérique, l’exonération des NTIC à l’importation.
Jusqu’où va nous amener le numérique s’agissant de l’avenir, particulièrement des entreprises ? C’est ça la vraie problématique du moment, explique Léonard Tongbele, un spécialiste du numérique. Dans certains pays, fait-il remarquer, on se met déjà l’ère du numérique ou de la digitalisation. Des plateformes sont montées pour fournir aux très petites entreprises (TPE) et aux petites et moyennes entreprises (PME) des outils pour bien négocier le virage de la transformation numérique, via une marque qui fédère tous les acteurs du pays, un réseau d’accompagnement, des outils de simulation et une nouvelle offre de prêts numériques proposés par les banques.
Aujourd’hui, nous dit-il, même un petit commerce ne peut plus passer à côté du numérique. « De plus en plus, des acteurs recourent au marketing en ligne et aux réseaux sociaux. On se crée un site internet, on s’assure une page sur Facebook, sur Instagram… De quoi créer une communauté autour de son commerce de proximité, recruter de nouveaux clients et fidéliser les habitués, ce qui permet de gonfler son chiffre d’affaires et même de faire le buzz lorsque les photos de son nouveau produit font le tour d’Instagram », explique-t-il. Les témoignages sont légion sur les « bienfaits » de la digitalisation. La numérisation permet de gagner en souplesse et en confort de travail, estime Léonard Tongbele.
C’est non sans raison que la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA) anticipe sur la problématique de la digitalisation. Elle prépare en effet une conférence sur l’industrialisation à l’ère du digital. Cette conférence réunira les ministres africains des Finances, du Plan et du Développement à Addis-Abeba, du 18 au 24 mars 2020. Le but est de préparer l’avenir de l’Afrique.
Il s’agira pour la CEA d’affirmer la volonté du continent africain de s’industrialiser et de créer des emplois pour des millions de personnes, en particulier les jeunes.
Les défis de la 4è Révolution
Bien que la quatrième Révolution industrielle présente des défis pour les pays africains, font remarquer les experts de la CEA, elle offre par ailleurs une opportunité, celle de renforcer la compétitivité et de faire un bond industriel, à ne pas manquer. Par exemple, pour réduire la pauvreté et rattraper d’autres pays, les décideurs politiques africains et les entreprises du continent doivent s’adapter et innover dans le cadre du nouveau climat du numérique. Il est montré actuellement que l’économie numérique transforme les chaînes de valeur, le développement des compétences, la production et le commerce au niveau mondial.
Même si l’on considère que la quatrième Révolution industrielle n’est peut-être pas encore proche pour l’Afrique, on admet néanmoins que ces changements auront des conséquences majeures sur les efforts de compétitivité et d’industrialisation en Afrique. C’est la raison pour laquelle les ministres africains discuteront à Addis-Abeba des moyens à mettre en place pour que les chefs d’État et de gouvernement puissent se positionner, afin d’évaluer efficacement les opportunités et les défis de l’économie numérique, permettre à leurs pays de s’industrialiser et de prospérer à l’ère du numérique.
La CEA note que les progrès dans la technologie numérique offrent aux pays africains des outils nécessaires pour sauter des étapes dans les industries traditionnelles, telles que le secteur manufacturier, mais également dans d’autres secteurs et activités essentiels au développement industriel, tels que la logistique, l’agriculture, les communications, les services, la croissance verte et les villes intelligentes.
Les experts de la CEA sont formels : sans investissements ni renforcement des capacités dans ces nouvelles technologies, de nombreux pays africains risquent toutefois d’accuser davantage de retard en matière de frontière technologique. C’est clair que la CEA recommande aux pays africains de se doter de nouvelles politiques à même de les aider à pour faire face aux défis de la quatrième Révolution industrielle. C’est clair aussi que les stratégies de développement industriel nationales et continentales devront s’adapter à la nouvelle réalité du numérique pour que les pays africains puissent innover et refaire leur retard dans le numérique, de manière à ce que ça soit compatible avec le principe de ne laisser personne pour compte.
La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) offre aux gouvernements africains une plate-forme dont l’objectif est d’établir des arrangements institutionnels de coopération sur l’économie numérique, ainsi que des dispositions pour soutenir les capacités et l’industrialisation numériques et connecter les entreprises africaines. Dans ce contexte, la CEA, en partenariat avec la Commission de l’Union africaine, encourage la mise en place d’une norme technique africaine commune pour les plates-formes d’identification numérique afin que les avantages de l’économie numérique soient accessibles dans différents pays et régions d’Afrique.