UN MOMENT d’émotion vrai, le samedi 17 août, quand Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, le président de la République démocratique du Congo, a pris la parole du haut de la tribune de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) qui tenait sa 39è session en Tanzanie, autour du thème « Un environnement commercial propice au développement industriel inclusif et durable à l’accroissement du commerce intracommunautaire et à la création d’emplois ».
D’emblée, le chef de l’État congolais a déclaré que c’est pour lui un honneur d’être à Dar Es Salam à ce 39è sommet de l’organisation sous-régionale. Et il s’est acquitté de l’agréable devoir de présenter d’abord sa gratitude au « Gouvernement et au peuple frère de la République Unie de Tanzanie » pour « l’accueil combien chaleureux et fraternel » réservé à lui-même et à la délégation qui l’a accompagné sur « cette terre de Mwalimu Julius Nyerere, ce beau pays qui va de Tanganyika à Zanzibar, Jamhuri ya Muungano wa Tanzania ».
Il a aussi félicité John Pombe Magufuli, le président tanzanien, élu président en exercice de la SADC. Mais également Dr Hage G. Geingob, le président de la République de Namibie et président sortant de la SADC, pour avoir fait avancer le programme d’industrialisation de la région : « Ce programme a mis l’accent sur le développement des infrastructures, l’autonomie des jeunes, la promotion des droits de la femme et le développement durable, objectifs qui me tiennent également à cœur. » Il n’a pas oublié non plus Lawrence Tax Stergomena, la secrétaire exécutive de la SADC, pour « sa remarquable contribution au développement économique régional et la mise en œuvre du Plan Stratégique Indicatif de Développement Régional ».
On reconnaît les amis…
Dans le même élan de reconnaissance, Félix Antoine Tshisekedi a vivement remercié tous les pays membres de la SADC pour « leur accompagnement manifeste durant les moments les plus critiques, ce qui a permis d’éviter l’implosion de la République Démocratique du Congo et favoriser l’alternance pacifique, démocratique et historique, vécu récemment après les élections de décembre 2018 ». Un adage français ne dit-il pas qu’on reconnaît les bons amis dans les moments de malheur ?
Devant ses pairs de la SADC, le président de la République a pris « l’engagement solennel de n’épargner aucun effort », pour que la RDC, son pays, avec leur accompagnement « recouvre rapidement dans sa partie est, la paix et la stabilité pour lui permettre de contribuer efficacement au processus d’intégration sous-régionale ». Et de les informer que la partie est du pays est en ce moment « en proie à une insécurité persistante causée par les groupes armés d’origine interne et externe ». Le plus redoutable de ces mouvements armés, a-t-il déclaré, est celui des ADF-MTN dont le modus operandi consiste à « commettre des actes terroristes, conformes à leur appartenance à DAESH ».
Ce qui, a-t-il dit, constitue « une menace tant pour la République Démocratique du Congo que pour la Sous-région ». C’est pourquoi, il a annoncé à ses pairs « un vaste programme pour le rétablissement de l’autorité de l’État visant à mettre un terme à l’insécurité qui sévit encore dans sa partie est, et favorisant la réconciliation de tous les fils et filles » de son pays. Et d’ajouter : « Ceci aura comme conséquence l’instauration d’un État de droit et l’amélioration du climat des affaires. »
Actionner la Charte
Dans cette perspective et à cette occasion, Félix Antoine Tshisekedi a sollicité, en vertu de la Charte de la SADC, la solidarité envers la RDC et son peuple, « pour qu’à l’issue de cette session, nous puissions, à l’instar de la Brigade Spéciale qui opère sous le commandement de la MONUSCO et qui avait mis en déroute le Mouvement M23, prendre la ferme résolution de renforcer les Forces Armées de la République Démocratique du Congo, d’en finir définitivement avec tous ces mouvements qui sèment la mort et la désolation au sein de nos populations ». Aussi, le président de la République a-t-il proposé de « créer à l’image de la coalition mondiale contre le terrorisme une coalition régionale pour éradiquer ce fléau ».
Au-delà de ces préoccupations sécuritaires, la RDC est également confrontée à la maladie à virus Ebola qui sévit dans la même région. Compte tenu de la gravité de cette situation, a souligné Félix Antoine Tshisekedi, il avait mis en place au mois de mai dernier une cellule technique qui travaille sous sa supervision, composée d’experts de renommée internationale, parmi lesquels le Dr Muyembe, qui a identifié le virus d’Ebola et dont les travaux de recherche ont conduit à la découverte du MAB114, une molécule thérapeutique pour le traitement contre la maladie.
« Pour votre information, ses travaux seront récompensés le 30 août prochain par le gouvernement japonais. Cette stratégie de riposte nous a permis de mettre à l’abri la ville de Goma et de poursuivre l’éradication dans les autres parties qui seraient affectées, tels les deux cas détectés avant hier à Bukavu », a encore déclaré le chef de l’État. Et de poursuivre : « En même temps, le Rwanda pays voisin, l’Organisation Mondiale de la Santé et la République Démocratique du Congo se sont accordés pour adopter des mesures communes préventives permettant de renforcer la riposte. C’est ici l’occasion, pour moi, de saluer l’élan de solidarité qui s’est manifesté de la part de nos partenaires bi et multilatéraux pour leur accompagnement et leur soutien. Je puis, enfin, vous rassurer que je ne ménagerai aucun effort pour relever ce défi. »
Abordant le thème proprement dit du 39è sommet de la SADC, à savoir « Un environnement commercial propice au développement industriel inclusif et durable à l’accroissement du commerce intracommunautaire et à la création d’emplois », Félix Antoine Tshisekedi a eu ces propos : « Laissez-moi vous dire que ce thème me conforte d’autant plus que mon pays, la République Démocratique du Congo, qui partage ses frontières avec neuf autres pays, possède des atouts innombrables. Qu’il s’agisse de sa population, sa superficie, son écosystème, son sol et son sous-sol, son potentiel hydro-électrique et minier, la République Démocratique du Congo demeure un maillon important dans le développement de notre sous-région. »
Faire l’intégration, une réalité
Pour tout cela, il s’engage donc à « poursuivre l’intégration régionale et la politique de proximité avec tous les pays de la SADC ». Dans ce contexte, il va s’employer à « faire de l’intégration nationale une réalité par la mise en place d’infrastructures adéquates ayant pour vocation de s’interconnecter aux vastes programmes de la Sous-région ». D’où son vœu le plus ardent de « voir très rapidement toutes les populations de notre Sous-région circuler librement de l’océan Indien à l’océan Atlantique, de Dar Es Salaam à Lobito, de Mombassa à
Banana, d’Aru à Durban ».
Rien à faire, Félix Antoine Tshisekedi a rappelé à ses pairs de la SADC que « le développement des ressources énergétiques, notamment l’électricité, est un atout majeur pour l’industrialisation de nos pays ». À cet égard, a-t-il fait remarquer, la République Démocratique du Congo offre de nombreuses opportunités pour la SADC. « Bien exploité, le potentiel de la République Démocratique du Congo pourrait satisfaire aux besoins de l’ensemble de la Sous-région, et au-delà, de l’Afrique toute entière. Le développement durable, c’est aussi l’agriculture. Point n’est besoin de rappeler qu’en cette matière, mon pays dispose aussi d’énormes capacités. Voilà ce que mon pays est disposé à apporter pour l’accomplissement de l’ambitieux programme que nous nous sommes fixé pour notre Sous-région », a insisté le président de la République.
En conclusion, Félix Antoine Tshiskedi a dit avoir « la ferme conviction que les assises du présent Sommet aboutiront à des propositions concrètes, afin de créer un environnement commercial et sécurisé, propice au développement industriel inclusif et durable dans notre espace SADC ».