LE RAPPORT des fins de missions des experts du Fonds monétaire international (FMI) en République démocratique du Congo a été passé au peigne fin par le conseil d’administration du Fonds qui a aussitôt donné son point de vue la semaine dernière. Avec la polémique au pays sur la gestion peu orthodoxe des finances publiques, on craignait que ce point de vue soit en défaveur du pays. En effet, les recommandations dudit conseil sont déterminantes dans la perspective de prochaines négociations, fin septembre, en vue de la conclusion d’un nouveau programme avec le FMI, fin 2019 ou début 2020.
Plus de crainte que de mal, le conseil d’administration du FMI a achevé ses consultations, au titre de l’article IV des statuts du Fonds, avec la RDC, a-t-on appris la semaine dernière. Parmi les recommandations, on retiendra utilement l’appel des administrateurs aux autorités congolaises de tout faire pour mettre en place des mesures de lutte contre la corruption, mais aussi cet autre appel à améliorer la gouvernance du pays pour renforcer l’efficacité des dépenses publiques et les perspectives de croissance.
Transparence
Par ailleurs, pour renforcer la transparence et la responsabilisation dans la gestion des ressources naturelles, le conseil d’administration du FMI recommande la mise en adjudication publique des actifs miniers, la publication de tous les contrats miniers, la divulgation de la propriété réelle des contractants, la publication des états financiers certifiés des entreprises publiques… Au vu des recommandations du conseil d’administration du FMI, des observateurs pensent que le FMI se montre « indulgent » envers la RDC. En clair, le FMI demande aux nouvelles autorités congolaises de profiter de l’alternance politique pour mettre en place des réformes de fond afin d’assainir les finances publiques, lutter contre la pauvreté généralisée et la corruption ainsi que de promouvoir une croissance inclusive. La revue de cette année, au titre de l’article IV des statuts du FMI, est la première sur la RDC depuis 2015. On se rappellera que Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, le nouveau chef de l’État, a exprimé à Christine Lagarde, alors directrice générale du Fonds, son intention de renouer avec le FMI. Cet entretien au siège du Fonds à Washington a permis aux experts du FMI de reprendre leurs missions dans le pays.
Dans son discours d’investiture, mardi 3 septembre, Sylvestre Ilunga Ilunkamba, le 1ER Ministre a bien indiqué qu’il comptait sur les partenaires extérieurs de la RDC, notamment le FMI. Qui note dans sa revue annuelle que la RDC aurait besoin de l’appui des bailleurs de fonds internationaux pour renforcer ses capacités, pourvu que le pays engage des réformes de fond.
Tout porte à croire que les prochaines discussions autour d’un éventuel programme d’assistance seront serrées. On sait que ce type de programme est toujours assorti des conditionnalités qu’il faudra négocier. D’ici là, le FMI recommande également la limitation des exemptions de taxes, la simplification du régime fiscal et surtout le reversement des revenus miniers dans les comptes du Trésor public. Ou encore plus d’orthodoxie budgétaire, réduction du recours aux procédures d’urgence, assainissement de la gestion des finances publiques.
D’aucuns ne doutent pas que la coopération va être renouée entre le FMI et la RDC. Cependant, le plus important c’est le contenu qu’on va donner à ce partenariat pour travailler à l’amélioration de la situation économique et la situation sociale de la population. Sur le registre de la croissance, le FMI pense que la RDC devrait terminer cette année avec une croissance en baisse : 4,3 %, contre 5,8 % en 2018. C’est l’impact de la volatilité des cours des principaux produits d’exportation qui en serait la cause, au regard des perspectives de production. C’est pourquoi le Fonds précise que les revenus miniers seront moins importants que l’an dernier. Il s’inquiète aussi de l’accumulation de « dettes intérieures » et de la non-publication d’audits financiers de certaines entreprises publiques. L’institution de Bretton Woods insiste donc sur l’importance de la lutte contre la corruption et l’amélioration de la gouvernance.