LA VISION d’Equity Group Holding Plc (EGH) est de « bâtir la première institution financière d’Afrique subsaharienne », en fournissant des produits et services innovants à ses clients, notamment par l’utilisation efficace de la technologie. Actuellement, EGH compte parmi les groupes bancaires les plus solides de la région, avec des plans d’expansion qu’on qualifie d’« extrêmement intéressants et attractifs ». Des observateurs s’interrogent encore sur l’offre d’achat d’Equity Bank sur la Banque Commerciale Du Congo (BCDC). Que gagnerait-elle en rachetant BCDC, alors que les indicateurs financiers de sa filiale en République démocratique du Congo sont en expansion ?
Dans le classement de Business et Finances des meilleures entreprises en 2018, le « Prix de la bonne gouvernance dans un contexte dégradé » a été décerné à la Banque Commerciale Du Congo par le jury de BEF Awards. Par cette récompense, les jurés ont voulu encourager les dirigeants de cette banque pour leurs efforts de résilience et de bonne gouvernance. En effet, compte tenu de la conjoncture économique difficile de 2015 à 2018, ils ont réussi à maintenir l’ensemble des indicateurs de la banque toujours positifs.
Marque de fabrique
Pour le jury de BEF Awards, la bonne gouvernance de la BCDC reflète la culture de l’excellence prônée justement par les dirigeants de cette banque. C’est cette culture qui caractérise la gestion et le management de la banque. C’est la marque de fabrique de la BCDC, explique Pascal Kinduelo Lumbu, le président du conseil d’administration. En effet, le jury a pris en compte le fait que la BCDC possède un atout majeur, rarissime dans notre pays : la compétence, la conscience professionnelle et la rigueur comme principe de bonne gouvernance. Et cela depuis des décennies.
Le 16 novembre 2018, à Kempiski Fleuve Congo Hôtel, Yves Cuypers, le directeur général de la BCDC, avait présenté les états financiers de l’exercice 2017. À l’instar de l’année précédente, l’exercice 2017 s’est déroulé dans un contexte réglementaire instable et dans un environnement économique dégradé. « Le redressement économique amorcé l’été dernier et confirmé à la fin de l’année dernière a permis de respecter l’ensemble des ratios de la banque, qu’il s’agisse de la couverture des risques, de la préservation de la liquidité, de la conservation des fonds propres et d’obtenir un résultat net positif », avait déclaré Yves Cuypers. Et d’ajouter : « Il est désormais impératif que le front réglementaire se stabilise et que la banque opère sa révolution numérique indispensable dans un contexte de mondialisation accrue. »
On retiendra utilement que c’est avec quatre paramètres directement liés à l’environnement réglementaire et économique interne que la BCDC a abordé l’exercice 2017. Le rapport annuel qui lui est dédié s’articule autour de trois principaux volets. D’abord, un descriptif de l’environnement économique et monétaire de l’année 2017. Puis, la présentation des principaux indicateurs du bilan et de la performance de la BCDC. À ce propos, le DG de la banque avait confirmé que celle-ci a atteint tous ses objectifs. Enfin, la relation avec les banques internationales. Un thème très sensible auquel le secteur bancaire congolais porte la plus grande attention : la compliance.
C’est-à-dire tout ce qui a trait à la gouvernance des établissements de crédit et aux politiques dites de « conformité ». L’importance de cet aspect dans l’activité de la BCDC en 2017 s’est traduite par une mission de l’Association Congolaise des Banques (ACB) qui s’est rendue en juin 2017 au département d’État américain afin d’expliquer aux Américains ce qu’est la banque, ce qu’elle fait et comment elle travaille. « Une occasion privilégiée de rassurer ce grand partenaire mais également de confirmer qu’en matière de réglementation et de conformité, nous n’avons pas eu d’autre choix, sous peine de sanctions directes, que de nous conformer à l’ensemble des règles édictées par toutes les instances de contrôle internationales », a-t-il dit.
C’est l’ensemble de ces mesures prudentielles et de bonne gestion qui a permis à la BCDC d’être conforme à son objectif initial et de gérer à la fois sereinement l’ensemble de ses risques. Elle est ainsi passée au niveau de ses provisions d’un budget de 6 millions de dollars à 9 millions provisionnés en 2017. Cette mesure prudentielle et conservatrice ne l’a cependant pas empêchée de dégager un résultat net de 8,3 millions de dollars.
Objectifs atteints
Dans ce contexte à la fois tendu et incertain, la BCDC a atteint tous ses objectifs. Le premier a consisté à couvrir l’ensemble des risques, qu’il s’agisse des crédits ou des risques opérationnels, fiscaux, juridiques et réglementaires. Le deuxième s’est focalisé sur la préservation de la liquidité de la banque, compte tenu d’une possible méfiance de certains déposants troublés par un environnement instable. Ceci n’a heureusement pas eu lieu, ce qui témoigne de la bonne perception qu’ont les clients de la BCDC, s’est félicité le directeur général de la BCDC.
Le troisième objectif visait à préserver les fonds propres prudentiels. Un enjeu fondamental car, au-delà de la couverture des risques, il est impératif, non seulement de conserver ses fonds propres mais de dégager un résultat positif, a expliqué. Enfin, le quatrième objectif a été d’obtenir un résultat positif après impôt. Il s’élève à 8,3 millions de dollars.
Aujourd’hui, il y a seize banques commerciales en activité en RDC. En 2012, on comptait vingt-deux. « Il n’est donc pas simple d’exercer notre métier », a lancé le DG de la BCDC. « Nous avons donc été prudents et nous avons eu raison car le renchérissement des mesures prudentielles risquait de perturber notre exercice. Les mesures prévues ont été reportées car toutes les banques n’auraient pu répondre immédiatement à ces nouvelles exigences quand bien même sont-elles justifiées ». Au final, l’année 2017 aura été plus que satisfaisante au regard des incertitudes évoquées. Celles-ci ne doivent évidemment pas se prolonger indéfiniment au risque de finir par reporter le retour à un cycle de croissance économique dans lequel la banque s’inscrira et, par conséquent, renforcera la solidité de ses fondamentaux et donc la confiance du marché.