CET ÉLU ne s’explique pas comment et pourquoi Jeannine Mabunda Lieko, la présidente de l’Assemblée nationale, lui a refusé la parole à la suite du grand oral de Sylvestre Ilunga Ilunkamba, le 1ER Ministre, lors de la présentation de son programme à la chambre basse. Toutefois, il dit avoir préparé « des propositions constructives » pour le chef du gouvernement.
Christophe Lutundula parle, à titre exemplatif, « des disparités salariales » inconcevables en République démocratique du Congo. Le député sur le banc de l’opposition s’intéresse singulièrement aux entreprises d’État. L’on serait tenté de croire que l’article de Business et Finances sur « Ces mandataires qui n’ont peur de rien et se paient tout » a suscité débat sur une inégalité à laquelle se complaisent les décideurs.
Pour Lutundula, le 1ER Ministre devrait imposer un seuil au-delà duquel le salaire correspondrait à un détournement de fonds. Le député Lamuka s’intéresse singulièrement aux entreprises d’État dont celles transformées en sociétés commerciales ainsi qu’aux nouveaux établissements et services publics. Ilunga Ilunkamba a été aux commandes du Comité de pilotage de la réforme des entreprises publiques (COPIREP) à sa mise en place en 2003. Cet établissement public a géré 180 millions de dollars, dont 120 millions de crédits obtenus de la Banque mondiale pour rendre « plus compétitives » les entreprises du portefeuille de l’État, considérées comme des « canards boiteux ».
Pour le secrétaire exécutif du COPIREP qu’il était, la réforme des entreprises publiques vise en fait le redressement de celles-ci en vue de les rendre « viables, performantes et capables de fournir des services de bonne qualité à la communauté ».
Audits financiers
Mais plus de 15 ans après, les entreprises transformées posent plus problème qu’elles en ont résolu.Lutundula propose alors au 1ER Ministre d’initier des audits financiers dans ces différentes entreprises afin de se prémunir de tous détournements de fonds. Ce n’est un secret pour personne, après la mise en place du gouvernement marqué par le partage des maroquins entre le Front commun pour le Congo (FCC) et la coalition Cap pour le changement (CASH), les postes des mandataires au sein des sociétés d’État ainsi que les sociétés d’économie mixte feront également l’objet d’un partage.
Des analystes redoutent, en effet, que les mandataires actuels ne se livrent à des actions de sape avant leur départ. Selon des sources recoupées, en RDC, pour un même poste, il est des mandataires qui ne touchent que 1 milliard de nos francs le mois, soit un peu plus de 6 000 dollars, et d’autres, entre 25 et 50 mille dollars. Et au sein d’une même entreprise, à l’exemple de la régie financière en charge de la parafiscalité, la DGRAD, le directeur général toucherait 41 mille dollars le mois alors que l’huissier n’atteint même pas 1 000 dollars.
La paie au sein de l’administration publique ne reflète guère la solidarité nationale, le souci de l’émergence d’une classe moyenne repris dans les discours des décideurs politiques. Le constat est des organisations de la société civile regroupées sous la coordination du Réseau gouvernance économique et démocratie (REGED) et du Comité d’orientation de la réforme des finances publiques (COREF). Dans son rapport sur la loi de finances publiques 2018, la société civile note que « les rémunérations des différentes catégories professionnelles des agents publics – politiques, administratifs, techniques, ouvriers – présentent d’énormes disparités en dépit de l’équivalence des grades des différentes catégories professionnelles. En RDC, la tension salariale est de 1 à 132. En clair, si un député national gagne 11 500 000 FC mensuels, l’huissier ne gagne qu’autour 100 000 FC. Peu importe qu’il soit porteur d’un diplôme de docteur, le salaire d’un directeur dans l’Administration publique est de près 200 000 FC, contre près de 2 millions de FC pour un professeur ordinaire.
Autre exemple : un général dans l’armée a 124 000 FC mensuels, selon le rapport de la société civile. Voilà qui traduit une disparité criante des rémunérations des différentes catégories des agents publics, un régime des castes qui ne dit pas son nom. La Société civile note que les rémunérations des agents de l’État sont ainsi inéquitables et non conformes aux dispositions constitutionnelles (article 36 de la Constitution de la RDC), légales et règlementaires (loi n°16/013 du 15/07/2016 en ses articles 46, 47 et 48) en la matière, en dépit de ce que leur enveloppe globale représente, soit 29,03 % du budget global de l’État. De même, leurs structures sont aussi non conformes aux dispositions légales sus-évoquées, les primes pour la plupart des cas dépassant largement le salaire de base. Ce qui, par ailleurs a des incidences négatives sur les pensions de retraite tant dans le cadre de l’ancien « Régime Octroyé » que de celui du nouveau « Régime Contributif » des retraites.