LA CONFÉRENCE a été organisée par le Bureau sous-régional pour l’Afrique centrale de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) et le gouvernement de la Guinée Équatoriale à Malabo. Il ressort de cette réunion que maintenant, plus de parlottes de haut niveau, plus d’atermoiements. Au contraire, « le moment est venu d’investir massivement dans les outils des transformations numériques, en tant que leviers de la diversification économique de l’Afrique centrale ou alors passer à côté de la 4è révolution industrielle et rester la sous-région la moins avancée d’Afrique ».
Les participants à cette conférence ont œuvré à l’élaboration des modèles pratiques d’une économie axée sur l’innovation et le numérique pour la sous-région. Il s’est agi de rompre radicalement avec les cycles passés de réunions successives sur les stratégies numériques qui se sont tenues pendant de nombreuses années sans le moindre résultat réel. La 35è session du Comité intergouvernemental des hauts fonctionnaires et d’experts pour l’Afrique centrale de la CEA a été placée sous le thème « Transformations numériques et diversification économique en Afrique centrale: enjeux, défis et opportunités ». César Augusto Mba Abogo, le ministre de l’Économie et de la Planification de la Guinée Équatoriale, a été direct: « Nous sommes en retard pour la 4ème révolution industrielle et nous courons le risque de devenir de simples spectateurs et consommateurs de l’économie mondiale tournée vers une économie numérique. Nous sommes confrontés à deux défis majeurs: le premier consiste à réduire la fracture numérique et le deuxième, à passer de l’Internet de consommation à l’Internet de production ».
Créer la richesse
Pour y arriver, « nous devons créer de la richesse, de la valeur ajoutée, être plus compétitifs dans le monde global, créer de nouvelles industries et encourager l’esprit d’entreprise et l’innovation », a-t-il invité. Lors de la conférence, les participants ont élaboré un « cadre pour une économie numérique 4.0 » pour l’Afrique centrale axée sur les partenariats public-privé (PPP), le commerce électronique et les innovations technologiques, soutenue par l’utilisation optimale de données massives.
Puis, ils ont formulé des recommandations pour faire progresser la sous-région sur la voie d’une économie améliorée par le numérique. À charge donc des gouvernements de « faire de l’économie numérique un pilier fondamental de la diversification économique » dans les visions et les stratégies nationales de développement, en veillant à la cohérence avec les autres politiques macroéconomiques et sectorielles. Par ailleurs, les États devraient « implémenter de manière urgente la Déclaration de Brazzaville » des ministres des TIC de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) de novembre 2016, relative à la mise en place effective d’un système d’itinérance sous-régional en étroite collaboration avec la CEEAC, la CEA, l’UIT et l’Association des régulateurs des télécommunications d’Afrique centrale dénommée « ARTAC ».
Les gouvernements devraient également « faciliter et soutenir la mise sur pied d’une base de données multisectorielle régionale » pour mesurer les efforts déployés par les pays pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) en utilisant les technologies de traitement de données volumineuses, l’intelligence artificielle et les systèmes de données alternatifs, entre autres. Ils devraient aussi « mettre en commun leurs ressources pour créer un fonds d’investissement communautaire dédié au soutien des start-ups (un programme clairement impulsé par la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC), qui est prête à héberger ledit fonds. En outre, avec l’appui technique de la CEA, les États devraient « créer de toute urgence un centre technologique numérique sous-régional », parallèlement aux recommandations formulées par les ministres des TIC de la CEEAC en mars 2019 à Brazzaville. Dans le même ordre d’idées, ils devraient solliciter l’appui de la CEA et du Bureau des technologies de l’information et de la communication des Nations Unies (OICT) en association avec des groupes de réflexion et le secteur privé pour « mettre sur pied deux laboratoires pilotes d’innovation technologique dans deux pays différents de la sous-région ».
Tout comme les pays de la sous-région devraient « lancer et soutenir des plateformes locales et nationales de test du commerce électronique » en vue de de sensibiliser les producteurs, les acheteurs et les gouvernements sur le potentiel du commerce électronique en matière de stimulation de l’économie numérique. Et « mettre en place des programmes nationaux d’identité numérique » en vue de fournir en temps utile une identité légale à tous les citoyens par le biais de systèmes d’identité numérique efficaces qui sont stratégiquement importants pour optimiser le commerce électronique, la protection sociale, l’inclusion financière, des services publics efficaces et un meilleur accès des citoyens à ces services. Enfin, les participants ont également appelé à « une accélération de la culture de l’administration électronique, à la facilitation de l’accès des PME aux marchés publics, à une organisation régulière de dialogues nationaux sur l’économie numérique avec de multiples parties prenantes, à la promotion de la technologie financière et à l’adoption du label Made in Central Africa, proposé conjointement par la Commission de la CEMAC, la CEA et le secrétariat général de la CEEAC, pour identifier avec fierté les produits de qualité provenant de la sous-région, une fois le projet mené à bien.