POUR cette année, le dernier des sept prix Nobel, à savoir le prix Nobel d’économie, a été officialisé le lundi 14 octobre. Il est allé à trois professeurs d’université : la Française Esther Duflo et deux Américains Abhijit Banerjee et Michael Kremer.
Le « Prix de la Banque de Suède en mémoire d’Alfred Nobel » récompense des travaux expérimentaux sur « l’allègement de la pauvreté globale ». Les recherches des trois lauréats ont « considérablement amélioré notre capacité à lutter contre la pauvreté globale. En deux décennies, leur approche basée sur les expérimentations a transformé l’économie du développement, qui est maintenant un champ de recherche florissant », a précisé l’Académie royale des sciences suédoise.
Michael Kremer a réalisé ces premières expérimentations au Kenya, pour chercher à améliorer les résultats scolaires. Au début des années 1990, le chercheur se demande ce qui aidera le mieux à améliorer le niveau d’éducation d’élèves en difficulté dans des pays en développement: l’accès à des livres, ou bien une cantine gratuite?
Les autres prix, ceux de médecine, physique, chimie, littérature (pour 2018 et 2019) et paix, ont été attribués la semaine dernière. La remise des prix Nobel est, quant à elle, programmée au mardi 10 décembre prochain, jour anniversaire de la mort du chimiste suédois Alfred Nobel. Vendredi 11 octobre, le prix Nobel de paix 2019 est allé sans surprise à Abiy Ahmed, le 1ER Ministre éthiopien. Récompensé pour « son initiative déterminante visant à résoudre le conflit frontalier avec l’Erythrée », après vingt ans.
Encore un Africain
Le Comité Nobel norvégien justifie son choix : « L’Éthiopie est un pays de langues et de peuples très différents. Dernièrement, de vieilles rivalités ethniques ont éclaté. Selon des observateurs internationaux, jusqu’à trois millions d’Ethiopiens pourraient être déplacés à l’intérieur de leur pays. Cela s’ajoute au million de réfugiés et de demandeurs d’asile des pays voisins. En tant que 1ER Ministre, Abiy Ahmed a cherché à promouvoir la réconciliation, la solidarité et la justice sociale. Cependant, de nombreux défis restent non résolus. Les conflits ethniques continuent de s’intensifier et nous en avons eu des exemples troublants au cours des dernières semaines et des derniers mois. Nul doute que certains penseront que le prix de cette année est décerné trop tôt ». Par ailleurs, Le Comité Nobel norvégien estime que « les efforts d’Abiy Ahmed méritent d’être reconnus et méritent d’être encouragés ». Car le 1ER Ministre éthiopien, est engagé dans plusieurs autres processus de paix. Par exemple, en septembre 2018, son gouvernement et lui ont activement contribué à la normalisation des relations diplomatiques entre l’Érythrée et Djibouti après de nombreuses années d’hostilité politique. Abiy Ahmed a aussi cherché à établir une médiation entre le Kenya et la Somalie dans le cadre de leur conflit prolongé sur les droits d’une zone marine litigieuse. Il existe maintenant un espoir de résolution de ce conflit. Au Soudan, le régime militaire et l’opposition sont retournés à la table des négociations. Le 17 août, ils ont publié un projet de nouvelle constitution visant à assurer une transition pacifique vers un régime civil dans le pays. Le 1ER Ministre éthiopien a joué un rôle clé dans le processus qui a conduit à l’accord.
Dans son annonce du prix Nobel de la paix 2019, le Comité norvégien précise : « Quand Abiy Ahmed est devenu 1ER Ministre en avril 2018, il a clairement indiqué qu’il souhaitait reprendre les pourparlers de paix avec l’Érythrée. En étroite coopération avec Isaias Afwerki, le président érythréen, Abiy Ahmed a rapidement défini les principes d’un accord de paix visant à mettre un terme à la longue impasse ‘pas de paix, pas de guerre’ entre les deux pays.
Ces principes sont énoncés dans les déclarations que le 1ER Ministre Abiy et le président Afwerki ont signées à Asmara et à Jeddah en juillet et septembre derniers. La volonté inconditionnelle d’Abiy Ahmed d’accepter la décision arbitrale d’une commission internationale des frontières en 2002 constituait une prémisse importante pour cette avancée décisive ».
Élu en mars 2018 au poste de 1ER Ministre, cet ancien militaire a suscité un immense espoir d’avancées démocratiques.
Il s’est distingué en libérant certains prisonniers politiques, en levant l’état d’urgence et en faisant davantage respecter la liberté de la presse. Le conflit entre l’Ethiopie et l’Erythrée a séparé des familles, troublé la géopolitique et a coûté la vie à plus de 80 000 personnes en deux ans (1998-2000) de violences à la frontière.