UNE copie de l’ordre de mission ou de la feuille de route collective n°003/CAB/MINIPRO/ECPEHRH/NK/2020, datée du 15 janvier 2020 est parvenue jusqu’à nous par un concours des circonstances favorable. Si Jean Ruyange Njongo, le ministre provincial du Nord-Kivu de l’Économie, du Commerce, du Portefeuille, de l’Énergie, des Hydrocarbures et des Ressources hydrauliques, demande à voir clair sur le statut juridique de Congo Maji et sa relation avec Mercy Corps, REGIDESO et E4i, c’est qu’il y a problème. Mais lequel ?
Tenez, l’année dernière, au Forum de Paris sur la paix, Mercy Corps a présenté son programme Imagine, comme le premier partenariat public-privé innovant à Goma et Bukavu afin d’améliorer l’accès à l’eau potable. « Les présentations de Mercy Corps ont porté sur le succès d’un modèle innovant qui complète le développement des infrastructures publiques d’eau par la mise en œuvre d’une solution de gouvernance au travers d’un partenariat public-privé gagnant-gagnant », peut-on lire dans la News Letter de Mercy Corps/RDC, du 6 novembre 2019.
Présent à ce forum, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, le président de la République, avait fait un détour au stand de Mercy Corps, où on lui a parlé du programme Imagine, comme un partenariat gagnant-gagnant pour 5 raisons. Un, il permet à la population d’avoir accès à l’eau potable et à faible coût. Deux, il permet à la REGIDESO d’avoir des revenus sûrs, tout en optimisant l’affectation de ses ressources humaines. Trois, il permet au gouvernement congolais, au travers de la province, d’expérimenter son nouveau rôle de maître d’ouvrage, de collecter des taxes et impôts supplémentaires en conséquence de l’exécution de ce contrat et surtout de satisfaire à l’un des besoins fondamentaux de sa population. Quatre, il permet à Congo Maji de développer des outils toujours performants et plus adaptés au contexte afin de livrer les résultats du contrat et de couvrir ses dépenses de fonctionnement (Opex). Et cinq, il permet à Mercy Corps de prouver qu’il est possible, même des conditions d’environnement plus hostiles, de relever la résilience de la population.
Les préoccupations du président
Selon ce qu’en rapporte justement la News Letter de Mercy Corps du 6 novembre 2019, le président de la République s’est préoccupé de savoir trois choses : si l’idée du programme Imagine est de faire un business social en faisant payer l’eau à la population, quel est le modèle de business qu’utilise le programme Imagine et la pérennité des activités du programme sur les entreprises congolaise.
Comme on peut donc se rendre compte, beaucoup d’interrogations subsistent, se recoupent et renvoient à une même préoccupation : la transparence. « Mercy Corps devrait soigner sa communication, surtout sa relation avec le partenaire REGIDESO et l’exécutif provincial », a fait remarquer un membre de la société civile. Qui contrôle Congo Maji, est-ce Mercy Corps ou E4i qui est censée en être une entité distincte? Que va devenir Congo Maji après la fin du programme Imagine dont elle dépend ? Quel sera le sort des responsables congolais ?
Est-ce que Mercy Corps à travers Congo Maji a-t-elle respecté toutes les clauses du contrat de collaboration avec la REGIDESO ? Est-ce que le travail dans le cadre de ce contrat a été fait et les objectifs atteints ? Pourquoi le projet n’a-t-il pas démarré à Bukavu ? Pourquoi et comment Shahana, agent Mercy Corps a-t-elle été affectée à Congo Maji pour gérer les fonds ? Est-ce que Mark James Dwyer et Papy Byamungu Saïdi, à l’origine de Congo Maji sont toujours employés de Marcy Corps ou ils n’en font plus partie ?
Pourquoi Congo Maji n’a-t-elle pas fait la déclaration fiscale pour ne pas être taxée d’office par la Direction générale des impôts (DGI) ? Est-ce que le statut juridique de la société Congo Maji et sa relation avec Mercy Corps, la REGIDESO et E4i posent-ils problème au point que le ministre provincial du Nord-Kivu en charge des Ressources hydrauliques décide d’une mission de contrôle ou d’enquête ? Pourquoi Mercy Corps et E4i n’ont-elles pas cédé la totalité des fonds promis à Congo Maji ? Qui détient en réalité E4i ?
Pourquoi la REGIDESO s’est toujours montrée méfiante depuis le début malgré la signature du contrat de collaboration ? Est-ce que dans cette affaire, Congo Maji n’aurait-elle pas servi finalement que de faire valoir pour obtenir le contrat de collaboration avec la REGIDESO, comme le laissent entendre certains milieux à Goma ? Mais au profit de quels intérêts et dans quel but ? Et bien d’autres questions encore… Nous avons contacté au téléphone Mark James Dwyer dont le nom revient souvent. Il a accepté notre demande de le rencontrer pour un complément d’enquête. Il a promis de répondre à toutes les questions que les gens se posent lors de son prochain séjour à Kinshasa. Dossier à suivre.