LA tradition a été respectée. Le 1ER Ministre a présidé le mardi 7 avril à son cabinet de travail la réunion hebdomadaire du comité de conjoncture économique du gouvernement. Outre les membres de ce comité stratégique, la rencontre de la semaine dernière a été étendue aux organisations patronales, FEC et ANEP. Autour de la table pour faire le point de la conjoncture économique dans le pays, Sylvestre Ilunga Ilunkamba, le 1ER Ministre, avait Jean Baudouin Mayo Mambeke, le vice-1ER Ministre, ministre du Budget ; Elysée Munembwe Tamukumwe, la vice-1ER Ministre, ministre du Plan ; José Sele Yalaghuli, le ministre des Finances ; Jean Lucien Bussa, le ministre du Commerce extérieur ; Willy Kitobo Samsoni, le ministre des Mines ; Deogratias Mutombo Mwana Nyembo, le gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC). Mais aussi à ses côtés, Kimona Bononge, l’administrateur délégué de la Fédération des entreprises du Congo (FEC) et le secrétaire exécutif de l’Association nationale des entreprises publiques (ANEP).
Selon Jean Baudouin Mayo Mambeke, le gouvernement s’active à réviser à la baisse le taux de croissance économique à réaliser au cours de cette année. La cause, selon lui, c’est notamment le ralentissement de la production minière durant cette période de crise sanitaire provoquée par la pandémie de coronavirus dans le monde. « Le gouvernement dans la note présentée par la vice-1ÈRE Ministre, ministre du Plan s’est mis déjà dans la perspective de l’examen du taux de croissance à réaliser au cours de cette année.
Baisse de l’activité
Le taux de croissance que nous annoncerons au moment venu, va certainement baisser parce qu’au niveau de la production minière nous en ressentons déjà le coup, même si les prix, après avoir baissé, se sont stabilisés, donnant ainsi l’espoir de s’améliorer. Espoir tout simplement parce que le Covid-19 n’est pas encore maîtrisé », a-t-il déclaré à l’issue de cette réunion.
Et de préciser : « La production manufacturière, le taux de chômage, etc., tous ces indicateurs sont très marqués par le Covid-19, notamment en Europe par exemple, où l’indice de production manufacturière a baissé de 51 % à 29 %, ce qui se ressent sur notre économie qui en prend le coup. Encore que nous-mêmes aussi faisons face au Covid-19 dans la mesure où notamment la commune de Gombe étant le centre névralgique de la capitale est confinée. Il y a des provinces comme celles du Nord-Kivu et du Sud-Kivu qui sont aussi confinées. Ça veut dire que les gens ne travaillent pas et nous en ressentons le coup. »
Toutefois, le comité de conjoncture économique du gouvernement épingle quelques « points positifs », notamment une faible décélération du rythme de formation des prix, la stabilité de la parité franc congolais-dollar sur le marché bancaire « avec quelques légères fluctuations sur le marché parallèle. Le gouvernement envisage des mesures budgétaires et monétaires pour encadrer l’économie nationale. « Nous devons insister sur une politique budgétaire rigoureuse ainsi qu’une politique monétaire que la Banque centrale mènera aussi de façon rigoureuse », a souligné Jean Baudouin Mayo.
Pour rappel, la loi de finances 2020 prévoit un taux de croissance de 4,1 %. Les ressources prévues sont arrêtées à 11 milliards de dollars. D’aucuns spéculent déjà sur un taux de croissance négatif, alors que d’autres prédisent un taux de 1 %.
Le franc en ballotage
Pendant la semaine du 30 mars au 6 avril, le franc congolais a accusé une légère dépréciation par rapport au dollar, en se changeant à CDF 1 766=USD 1, contre CDF 1 762=USD 1, la semaine du 24 au 30 mars au marché parallèle dans le centre-ville de Kinshasa. Dans les autres communes de la capitale, la parité est restée stable, soit CDF 1 740=USD 1 au cours de la même période. Selon les « changeurs de monnaie », cette légère dépréciation découle de la psychose née de la mesure de confinement de la population, qui a entraîné par conséquent la hausse des prix des produits de première nécessité.
Par ailleurs, le ministère des Finances a ouvert, le mardi 7 avril, une adjudication des bons du Trésor d’une valeur de 10 milliards de nos francs et dont l’échéance est de 3 mois. La semaine d’avant, le gouvernement a levé 6 milliards de francs sur les 25 milliards visés. Pendant le mois d’avril, le calendrier des émissions des bons du Trésor prévoit de lever 100 milliards de francs sur le marché intérieur.
Face à la situation de crise, le gouvernement envisage des mesures d’encadrement du cadre macroéconomique. Le ministère du Plan a lancé les travaux d’élaboration d’un programme d’urgence de transition économique en vue de faire face aux effets néfastes de la pandémie de Covid-19.
Le programme d’urgence de transition économique vise à « fédérer toutes les mesures tangibles et opérationnelles proposées par les acteurs étatiques et non étatiques ainsi que les résultats de l’étude empirique en cours sur l’évaluation des impacts macroéconomiques et microéconomiques du coronavirus sur l’économie congolaise afin de les capitaliser ».
Cette évaluation, assure-t-on, permettra d’identifier les canaux de transmission de ce choc sanitaire sur l’économie, en vue de renforcer le diagnostic du programme et de formuler des mesures d’urgence pour atténuer les impacts du Covi-19 sur les conditions de vie de la population. Il s’agit, pour le gouvernement, d’estimer et trouver des ressources budgétaires et financières supplémentaires, assurer la disponibilité des fonds pour les unités de prestation de services et les décaisser efficacement et d’une manière transparente et assurer la continuité des activités en cas d’absence massive du personnel.
Selon le ministère du Plan, la pandémie de coronavirus constitue un danger sur l’économie nationale. En effet, on redoute que ses effets puissent occasionner la perte de la croissance économique par la réduction des investissements et des exportations, la baisse des recettes publiques et l’expansion de la dépense. On redoute également la dépréciation du taux de change et l’accélération de l’inflation, la baisse des réserves de change et des échanges commerciaux ainsi que celle du pouvoir d’achat des ménages.
La pandémie de coronavirus est venue enfoncer les économies des pays d’Afrique dont la mobilisation des recettes est tributaire des exportations des produits miniers, agricoles et forestiers. Celles-ci sont frappées par la récession de l’économie. La RDC n’est pas épargnée de ces effets néfastes. Par ailleurs, les recettes provenant des régies financières sont et doivent être revues à la baisse du fait de la fermeture des magasins et usines existantes.
Selon un expert, le gouvernement doit recourir aux négociations avec ses différents bailleurs pour obtenir des subsides et l’annulation des intérêts sur les dettes contractées en 2019 afin de permettre à l’État de réinvestir dans d’autres projets productifs, notamment l’agriculture, l’élevage et la pisciculture.