L’ACCORD signé en 2015 affiche l’objectif de contenir le réchauffement « nettement en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels » et si possible à 1,5°C, les pays s’engageant sur des « contributions déterminées nationales » (CDN/NDC) à renouveler tous les cinq ans. Or, les CDN/NDC actuelles qui devaient être révisées lors de la COP 26 en novembre prochain à Glasgow, reportée pour cause de pandémie de Covid-19, placent la planète sur la trajectoire d’un réchauffement de 3°C à 4°C d’ici 2100, selon les experts de l’ONU.
L’étude, publiée dans « Nature Communications », évalue les coûts, tels que les dommages liés aux événements climatiques, comme les investissements (technologies bas-carbone par exemple) pour déterminer les pertes ou gains théoriques pour l’économie mondiale selon différents scénarios. Un non-respect des objectifs de l’Accord de Paris pourrait ainsi coûter entre 126 000 et 616 000 milliards de dollars, alors que l’économie mondiale pourrait voir des gains de 336 000 à 422 000 milliards en respectant les objectifs de 2°C ou 1,5°C respectivement.
Et le non-respect des CDN/NDC actuels, alors que les États-Unis de Donald Trump doivent se retirer de l’Accord de Paris cette année, pourrait de son côté entraîner des pertes allant de 150 000 à 790 000 milliards. A contrario, un équilibrage des pertes et des recettes nécessiterait des investissements entre 18 000 et 113 000 milliards de dollars, dont plus de 90 % de la part des pays du G20, selon l’étude.
Les approches des CDN/NDC
« Mettre en œuvre une stratégie pour se préserver nécessite de prendre conscience de la gravité du réchauffement climatique pour permettre des avancées dans les technologies bas-carbone », a déclaré Biying Yu, de l’Institut de technologie de Pékin, principal auteur de l’étude, relevant que les pays accordent en général la priorité aux gains à court terme sur les investissements en faveur du climat. « Sans ces investissements, les émissions (de gaz à effet de serre) ne peuvent être réduites, et les dommages climatiques auront une plus grande probabilité de se produire, entraînant d’immenses pertes économiques. Si les pays sont conscients qu’ils vont encourir ces pertes s’ils ne réduisent pas leurs émissions, seront-ils plus rationnels dans leurs choix, renforçant leur réponse au changement climatique ? », interroge le chercheur.L’objectif est d’atteindre un niveau net d’émission nulle d’ici à 2050, comme le demande le GIEC dans son rapport spécial. Antonio Guteres, le secrétaire général de l’ONU, a déclaré qu’il souhaitait en particulier savoir comment la communauté internationale comptait mettre un terme à l’augmentation des émissions en 2020 et réduire drastiquement les émissions pour atteindre un niveau net d’émission nulle d’ici à 2050. D’après lui, les beaux discours ne suffiraient pas.
Au sommet de septembre dernier, les gouvernements, les entreprises et la société civile se sont engagés à mener une action climatique audacieuse et faire preuve de beaucoup plus d’ambition. Au vu donc de l’importance de l’appel du secrétaire général de l’ONU à répondre aux changements climatiques avec des actions audacieuses et une plus grande ambition, il a été décidé de tenir la Conférence sur les changements climatiques et le développement en Afrique de 2019 plus tôt que prévu. Objectif : recueillir les positions communes et les inquiétudes africaines, ainsi que d’évaluer les engagements et les actions courageux des pays africains prises en réponse à l’appel du secrétaire général.
De plus, étant donné que tous les pays africains ont signé l’Accord de Paris et que 50 d’entre eux (en juillet 2019) l’ont ratifié et ont pris des CDN nécessitant près de 3 000 milliards de dollars de financement conditionnel et inconditionnel pour être réalisées, la 8è Conférence sur les changements climatiques et le développement en Afrique a rassemblé spécifiquement des décideurs, des jeunes et des représentants de la société civile, du secteur privé, du monde académique et des partenaires de développement. Ils ont fait le point sur l’état de la gouvernance climatique (Accord de Paris, Protocole de Kyoto, Amendement de Doha au Protocole de Kyoto et Mécanisme international de Varsovie relatif aux pertes et préjudices liés aux incidences des changements climatiques) et ses conséquences sur le développement durable en Afrique.
Il s’est agi de veiller à ce que les recommandations du sommet sur l’action climatique incluent aussi par nécessité des préconisations sur ce qui doit être fait pour assurer que le cadre mondial de gouvernance climatique concrétise les idéaux de l’Accord de Paris. Mais aussi d’évaluer le statut de la riposte face aux changements climatiques, à la fois au niveau mondial et en Afrique, et faire l’inventaire des différents engagements et actions des pays africains et des différentes parties prenantes dans la lutte contre les changements climatiques. Notamment en regroupant les engagements et les mesures clefs de lutte contre les changements climatiques des pays africains et des parties prenantes non étatiques, ainsi que les principales inquiétudes; examinant les liens entre l’Accord de Paris, le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe (2015-2030), le Programme de développement durable à l’horizon 2030, l’Agenda 2063 de l’Union africaine et le Programme d’action d’Addis-Abeba issu de la 3è Conférence internationale sur le financement du développement.
Les neuf volets
Le sommet sur l’action pour le climat visant à accroître l’ambition dans le cadre de l’Accord de Paris a été organisé autour des neuf volets interdépendants, dirigés par 19 pays, avec l’appui de différentes organisations internationales. Un : financement de l’action climatique et tarification du carbone. Comment mobiliser les sources de financement public et privé pour dynamiser la décarbonisation de tous les secteurs prioritaires et faire progresser la résilience ? Deux : transition énergétique. Comment accélérer la transition des combustibles fossiles vers les énergies renouvelables et faire des progrès significatifs dans le rendement énergétique ?
Trois : transition industrielle. Comment transformer les industries comme celles du pétrole et du gaz, de la métallurgie, du ciment, des produits chimiques et des technologies de l’information ? Quatre : solutions naturelles. Comment réduire
les émissions, améliorer les capacités d’absorption du carbone et la résilience dans et entre les domaines de la sylviculture, de l’agriculture, des océans et des systèmes alimentaires, notamment par la biodiversité, la conservation et l’exploitation des chaînes d’approvisionnement et de la technologie.
Cinq : infrastructures, villes et action locale. Comment faire progresser l’atténuation et la résilience aux niveaux urbains et locaux, en mettant l’accent sur de nouveaux engagements en faveur de bâtiments à faible émission, les transports en commun, les infrastructures urbaines et la résilience pour les personnes pauvres en zone urbaine ? Six : résilience et adaptation. Comment faire progresser les efforts mondiaux visant à atténuer et à gérer les effets et les risques des changements climatiques, en particulier dans les communautés et les nations les plus vulnérables.
Sept : atténuation. Comment générer un élan pour des CDN ambitieuses et des stratégies à long terme visant à réaliser les objectifs de l’Accord de Paris ? Le Huit : engagement des jeunes et mobilisation publique. Comment inciter les personnes dans le monde entier à agir contre les changements climatiques et veiller à ce que les jeunes soient intégrés et représentés dans tous les aspects du Sommet, y compris dans les six thèmes ? Et neuf : facteurs sociaux et politiques. Comment faire progresser les engagements dans des domaines qui touchent le bien-être des personnes, comme la réduction de la pollution atmosphérique, la création d’emplois décents, le renforcement des stratégies d’adaptation aux changements climatiques et la protection des travailleurs et des groupes vulnérables.