LE BARIL de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet a terminé la semaine
(le vendredi 15 mai) à 32,50 dol- lars à Londres, soit une hausse de 4,4 % par rapport à la clôture de la séance de jeudi 14 mai. À New York, le baril américain de WTI pour juin adesoncôtégrimpéde5,9%,à 29,43 dollars. Sur l’ensemble de la semaine, le Brent est monté de 5% et le West Texas Intermediate (WTI) a décollé de 19%. On constate que sur l’ensemble les prix du pétrole « continuent de grimper après l’an- nonce d’une hausse de la production industrielle chinoise plus forte que prévu », a expliqué Michael Hewson de CMC Markets.
Selon des statistiques officielles publiées le même vendredi, la production industrielle en Chine a connu un rebond en avril à +3,9 %, une première depuis le début de l’année et le signe d’un retour progressif à la normale dans le pre- mier pays à avoir été touché par l’épidémie de Covid-19. Pourtant, les experts interrogés par l’agence Bloomberg tablaient sur une hausse bien moindre (+1,5 %). « Après un « avril noir », théâtre d’une chute sans précédent de la demande de pétrole et d’un cours du WTI passé sous 0 dollar, la situation s’éclaircit pour les marchés du pétrole », a résumé Stephen Brennock, de PVM.
C’est en tout cas le message envoyé par ces données provenant de Chine mais aussi par le dernier rapport mensuel de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) publié le jeudi 14 mai. L’AIE s’est en effet montrée un peu moins pessimiste dans ses prévisions de baisse de la demande de pétrole pour 2020. Celle-ci est désormais estimée à -8,6 millions de barils par jour, selon son rap- port mensuel sur le pétrole, et non -9,3 millions comme l’institution le prévoyait en avril. Mercredi 13 mai, c’est l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) qui estimait que le rééquilibrage du marché pétrolier allait s’accélérer au cours des prochains trimestres. L’OPEP a encore abaissé le mercredi 13 mai sa prévision de la demande mondiale de pétrole pour cette année. Raison avancée : la crise du coronavirus qui a plongé l’écono- mie mondiale en récession. Mais l’organisation estime que l’accord « historique » de réduction de la production décidée avec d’autres producteurs commence à porter ses fruits. Pour l’année en cours, l’OPEP prévoit désormais une contraction de la demande mondiale de 9,07 millions de barils par jour (bpj), soit 9,1 % environ, contre une baisse de 6,85 millions dans son précédent rapport mensuel.
La chute de la demande de brut, as- sociée à une saturation de l’offre, a provoqué un effondrement des prix
du pétrole cette année. Le Brent, référence du marché, a touché un creux de 21 ans le 22 avril dernier, avec un baril s’échangeant à 15,98 dollars. Pour enrayer la baisse des cours, l’OPEP, la Russie et d’autres pays producteurs de premier plan sont tombés d’accord en avril pour réduire leur production de 9,7 mil- lions de barils par jour à compter du 1er mai et pour deux mois, soit près de 10 % de la demande mondiale. L’accord est jugé « historique ». Pour l’OPEP, les ajustements rapides de l’offre pour remédier au déséqui- libre aigu actuel du marché mondial du pétrole montrent déjà des signes positifs. Le rééquilibrage devrait s’accélérer au cours des prochains trimestres.
La semaine dernière, les cours du métal rouge étaient en baisse sur le marché londonien du London Metal Exchange (LME), lesté par un dollar qui s’apprécie et en dépit de données chinoises jugées encoura- geantes. La tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s’échan- geait à 5 199,00 dollars le vendredi 15 mai, contre 5 274,00 dollars la veille. Les chiffres de la production industrielle chinoise sont pourtant venus apporter le vendredi 15 mai un peu d’optimisme au marché qui les interprète comme un signe de retour progressif à la normale. La reprise de la production industrielle en Chine se traduit en demande accrue de matières premières dont
devrait bénéficier le cours du métal rouge. Mais ses ardeurs sont conte- nues par « la hausse du dollar amé- ricain », estime Anna Stablum, de Marex Spectron.
Le cuivre, comme beaucoup de matières premières, étant libellé en billet vert, une hausse de celui-ci rend le métal plus onéreux pour les acheteurs utilisant d’autres devises. Le dollar index, qui mesure la devise américaine par rapport à un panier d’autres devises, s’est apprécié de 0,48 % sur la semaine, et d’environ 1,2 % depuis le début du mois de mai. De plus, les relations tendues entre Pékin et Washington refont surface. Donald Trump, le président américain, a même menacé le jeudi 14 mai de rompre toute relation avec la Chine en raison de sa gestion du coronavirus.
L’or tient le bon filon
Le métal jaune a gagné du terrain la semaine dernière, porté par la prudence des investisseurs en ces temps de déconfinement. Sur le London Bullion Market, l’once d’or valait 1 740,75 dollars le vendredi 15 mai, à une poignée de dollars seulement de son précédent record du 14 avril, contre 1 702,70 dollars le vendredi 8 mai précédent à la clôture. « Les rares preuves d’une solide reprise post-confinement laissent moins de place dans les portefeuilles des investisseurs pour les actifs à risque et plus d’attrait pour les valeurs refuges telles que l’or », a commenté Han Tan, ana- lyste pour FXTM.
Le métal jaune a ainsi progressé après les propos de Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale américaine (Fed), qui a averti le mercredi 13 mai que la « reprise pourrait prendre un certain temps avant de s’accélérer » et que des aides supplémentaires seront pro- bablement nécessaires pour com- battre l’impact du coronavirus. Cependant, « il a abandonné une partie de ses gains du fait du renfor- cement du dollar », a précisé Naeem Aslam, analyste pour Avatrade. Jerome Powell a en effet semblé écarter la perspective de taux d’intérêt négatifs, que le marché commençait à entrevoir, ce qui a profité au billet vert. Ce répit n’a malgré tout été que de courte durée, l’or revenant le vendredi 15 mai à des niveaux plus vus depuis trois semaines.
Dur réveil du café
Les cours du café étaient en berne la semaine dernière, affectés par des perspectives moroses côté de- mande après un soutien bienvenu de la consommation des particu- liers en confinement. Sur le Liffe de Londres, la tonne de la variété robusta pour livraison en juillet valait 1 185,00 dollars le vendredi 15 mai, contre 1 186,00 dollars le jeudi précédent à la clôture. Sur l’ICE Futures US de New York, la livre d’arabica pour livraison en juillet valait 108,85 cents, contre 111,65 cents sept jours auparavant. « La demande était forte au début et pendant la phase de confinement », notent les analystes de Marex Spectron dans leur dernier rap- port mensuel. « Cela s’explique par une augmentation notable de la consommation à domicile mais aussi par la constitution de stocks ». Cette phase semble s’éloigner à mesure que les pays s’engagent dans le déconfinement de leurs popula- tions, sans que la consommation au comptoir ne prenne le relai. « De nombreux cafés risquent de ne pas rouvrir (tout de suite) », avertissent les analystes de Rabobank dans leur note hebdomadaire. « Même s’ils le font, la fréquentation sera probablement moindre car on leur demandera de limiter le nombre de leurs clients » afin de respecter les mesures de distanciation sociale, ont-ils ajouté.