Le ministre provincial de Transports du Bas-Congo, Bob Bavuidi, vient d’interdire l’accès aux ports du Bas-Congo, des camions poids lourds appartenant à cent cinquante entreprises qui exploitent la route Kinshasa-Matadi-Boma. Cette décision a été prise le lundi 3 février dernier, au cours d’une rencontre avec le maire de la ville de Matadi, les représentants de la FEC, de la Société congolaise des transports et des ports (SCTP) et de la Force ouvrière du Congo (FORC), le syndicat des chauffeurs et convoyeurs, a rapporté la radio onusienne en RDC.
Le motif est que ces entreprises piétinent sur le protocole d’accord signé en 2013 entre le gouvernement, les employeurs et les conducteurs des véhicules poids lourds. Il s’agissait dans cet accord d’une révision à la hausse des salaires et primes des camionneurs et des convoyeurs à hauteur minimum de 50.000 à 300.000 francs pour les transporteurs, soit environ 50 à 300 dollars américains, et de 22.500 à 150.000 francs congolais, soit 25 à 166 dollars américains, pour les convoyeurs. Cet accord signé par 174 entreprises de transport, n’est respecté que par 20 seulement, selon le ministre provincial de Transport.
Au même moment, les autorités provinciales du Bas-Congo ont, non seulement sommé les véhicules des entreprises non en règle de quitter les installations portuaires et de rejoindre leurs garages respectifs, mais aussi, elles leur ont également interdit de transporter les marchandises des tiers quelle que soit la destination. La décision du ministre provincial de Transport est prise conformément à une note circulaire du ministre national des Transports, Justin Kalumba Mwana Ngongo, publiée le 15 janvier dernier. S’exprimant sur la radio okapi, certains responsables des entreprises incriminées ont affirmé que cette décision aura certainement des conséquences néfastes sur la chaine des opérations de dédouanement et de transports de marchandises entre Kinshasa, Matadi et Boma.
Craintes de la Copemeco
Bien qu’ayant salué positivement la mesure du ministère provincial du transport du Bas-Congo, la Confédération des petites et moyennes entreprises du Congo (Copemeco) demande aux autorités de faire une distinction entre les entreprises du secteur de transport qui sont à la fois importateurs et transporteurs et celles qui ne font que le transport. Le président de cette organisation au Bas-Congo, Alphonse Seke, craint que la mesure mette certains patrons d’entreprises en difficulté de payer les salaires et primes tels que recommandé par le protocole d’accord signé en 2013.
«Il faut catégoriser les transporteurs parce qu’il y en a qui sont à la fois importateurs. Il y a de ces chauffeurs qui sont 30 jours au volant de leurs véhicules. Il y a une autre catégorie qui se plaignent de manquer du travail. Un patron dont le véhicule a passé un ou deux mois au garage aura du mal à respecter le protocole d’accord et à payer son chauffeur», explique-t-il devant le micro. Pour le Président de cette confédération, les 40% des importations devraient être confiés aux transporteurs locaux pour leur permettre de travailler. Cette situation, loin d’apaiser les esprits, va, à coup sur, réveiller le démon de la grève qui profile à l’horizon. D’aucuns pensent plutôt que les autorités devraient sanctionner les patrons récalcitrants que d’interdire la circulation des camions. C’est pour cette raison que le président national de la Fédération des ouvriers du transport routier (Forc), André Tshikoj, a séjourné le dimanche 27 janvier dernier à Matadi, toujours dans le cadre de l’évaluation de la situation sur le terrain, une semaine après la levée de la grève des conducteurs des véhicules poids lourds. Ils ont prévenu, au sortir de la réunion des membres, que la grève pourrait reprendre si les employeurs ne respectaient pas les engagements pris dans l’accord en question. André Tshikoj a cité particulièrement l’obligation faite aux employeurs routiers de liquider tous les arriérés des primes dues aux chauffeurs et le respect du paiement de salaires mensuels revus. Ce protocole d’accord, signé à Kinshasa par le syndicat des transporteurs, les patrons des entreprises de transport et le ministère du Travail, avait permis de mettre fin à près de deux semaines de grève des conducteurs des véhicules poids lourds. Ce mouvement avait entraîné une flambée des prix sur les marchés.