LE MÉTAL jaune est monté jusqu’à 1 906,58 dollars l’once le vendredi 24 juillet, un sommet en presque neuf ans. Sur le London Bullion Market, l’once d’or valait 1 810,42 dollars le vendredi précédent à la clôture. L’or n’a jamais eu autant la cote. Le parcours réalisé depuis le début de l’année est ainsi remarquable, l’or s’appréciant de près de 22 % depuis le 1er janvier et d’environ 30 % sur un an glissant. Bien que l’année soit loin d’être terminée, la relique barbare s’impose comme l’un des gagnants de 2020.
Le métal doré réalise l’une des meilleures performances en deux ans, toute classe d’actifs confondues, devant les indices de Wall Street, le Stoxx Europe 600 Net Return et le Nikkei, et loin, très loin devant le pétrole.
Il peut être d’ailleurs perturbant de constater que l’or surperforme le Nasdaq Composite (on parle bien de l’indice des Tech US, invulnérable et indépassable).
Cette performance est évidemment à mettre au crédit de la chute des rendements obligataires, causée par l’assouplissement démesuré des politiques monétaires des principales banques centrales du globe : Fed, BCE et BoJ. La relique barbare n’évolue qu’à quelques encablures de son sommet historique datant de 2011 à 1 921 dollars. Encore un effort d’un peu moins de 2 % pour rallier ce niveau.
Quant à l’argent, il a atteint 23,27 dollars l’once le jeudi 23 juillet, un record depuis septembre 2013. L’once d’argent valait 19,33 dollars le vendredi précédent. Ces hausses, qualifiées de « remarquables », par Fawad Razaqzada, analyste pour Think Markets, s’expliquent par l’environnement favorable aux valeurs refuges qui permettent aux investisseurs de se protéger contre les effets du crise économique amplifiée par une possible deuxième vague de Covid-19. Si le dollar a joué ce rôle ces derniers mois, l’ampleur de l’épidémie aux États-Unis semble désormais diriger les investisseurs vers d’autres actifs. Par ailleurs, l’argent a presque vu sa valeur doubler depuis son plus bas en 11 ans atteint en mars.
Selon Jeffrey Halley, analyste pour Oanda, son utilisation dans l’industrie pourrait avoir joué un rôle en permettant un rattrapage tandis que l’activité se reprend dans une partie du monde. De plus, « l’argent a toujours de sérieux problèmes de liquidité par rapport aux contrats à terme sur l’or, par exemple », ce qui peut provoquer des mouvements « extrêmes », a-t-il ajouté.
Le nickel bondit
Le nickel a fortement progressé la semaine dernière, retrouvant un plus haut en six mois, tiré par l’appel du patron de Tesla à en « extraire davantage » pour les besoins de ses véhicules électriques. Sur le London Metal Exchange (LME), la tonne de nickel pour livraison dans trois mois s’échangeait à 13 730 dollars le vendredi 24 juillet, peu après avoir touché 13 790 dollars, au plus haut depuis le 22 janvier, contre 13 220 dollars le vendredi précédent à la clôture.
Le nickel, surnommé parfois « métal du diable », « est un composant essentiel des batteries lithium-ion », a rappelé Daniel Briesemann, analyste de Commerzbank. « Je voudrais insister à nouveau et encourager toutes les sociétés minières à extraire davantage de nickel. D’accord? Où que vous soyez dans le monde, veuillez extraire plus de nickel (…) de manière efficace et bien sûr, respectueuse de l’environnement », a déclaré mercredi 22 juillet Elon Musk à l’occasion de la présentation des résultats trimestriels de la firme. « Tesla vous proposera un contrat géant pour une longue période », a-t-il ajouté.Le constructeur de véhicules électriques basé dans la Silicon Valley a gagné de l’argent pour le quatrième trimestre de suite entre mars et juin et ce malgré la pandémie de Covid-19. Il prévoit d’appuyer un peu plus sur l’accélérateur avec un projet de nouvelle « méga-usine » au Texas, près d’Austin. Les prix du café, très affaiblis depuis le début de la pandémie, sont fortement remontés la semaine dernière, aidés par une hausse de la monnaie brésilienne de l’ordre de 3,5 %. Sur le Liffe de Londres, la tonne de robusta pour livraison en septembre valait 1 364 dollars le vendredi 24 juillet, au plus haut depuis le 24 janvier, contre 1 293 dollars le vendredi précédent à la clôture. Sur l’ICE Futures US de New York, la livre d’arabica pour livraison au même mois valait 109,05 cents, au plus haut depuis le 8 mai, contre 101,05 cents sept jours auparavant. « Les acteurs du marché attribuent la flambée des prix (du café) à un réal brésilien plus fort », a commenté Carsten Fritsch, analyste de Commerzbank. Quand la monnaie du premier producteur mondial d’arabica se renforce, l’offre a tendance à se réduire, une réaction qui soutient les prix. Les exportateurs préfèrent en effet attendre une baisse de leur devise pour vendre, de façon à tirer alors davantage de recettes en réais de leur café libellé en dollars. Carsten Fritsch a également mis en avant une baisse des stocks de café sur la semaine mais a souligné que « compte tenu de la récolte record en cours au Brésil et de la baisse de la consommation en dehors du domicile en raison de la pandémie de coronavirus, il est peu probable que la diminution des stocks et la hausse des prix s’inscrivent dans le temps ».